Covid-19 - Bas-Rhin : ruée sur les tests de dépistage avant Noël, "ce n’est pas un certificat pour faire n’importe quoi"

Autorisées à effectuer des tests antigéniques pour la détection du SARS-CoV-2 depuis fin octobre, les pharmacies voient les files d’attente s’allonger à quelques jours des fêtes de Noël. Des dépistages qui ne doivent pas faire oublier les gestes barrières. 

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Pourra-t-on aller réveillonner chez mamie et papy ? Dans le contexte actuel de forte circulation du virus, la question tiraille de nombreux Français prêts à se faire tester à la hâte pour se rassurer et rassurer leurs proches. Le dépistage de masse bat son plein dans les laboratoires mais aussi dans les pharmacies, autorisées depuis le 31 octobre 2020 à réaliser des tests antigéniques nasopharyngés. Un examen gratuit, totalement pris en charge par l'Assurance maladie, dont le résultat est connu en moins d'une demi-heure. Il doit être pratiqué dans les quatre jours après l'apparition des premiers signes de la maladie. Ceux qui n'ont pas de symptômes peuvent également en bénéficier.

"C’est pratique. J’allais faire mes courses et au passage, je me suis dit qu’il fallait le faire", confie une jeune femme, ce mardi 22 décembre, sur le parking d’un hypermarché d’Illkirch-Graffenstaden. Encore peu de monde se presse devant la porte du barnum installé par la pharmacie de la galerie marchande. Pourtant ici, les trois pharmaciens volontaires pour faire tourner la structure n’ont habituellement pas le temps de souffler. "Hier, nous avons effectué 160 tests. Nous nous sommes équipés pour pouvoir tester six personnes en même temps, toute la journée non-stop", confie la responsable de l’officine. "Nous nous sommes lancés dans le dépistage pendant le confinement puisque nous avions moins de clients. On a eu le temps de se former, mais on avait pas du tout pensé qu’il y aurait autant de monde".

 

Moins de la moitié des pharmacies du Bas-rhin concernées 

 

Sur la même journée, les professionnels ont recensé 8% de cas positifs. "On est obligé de remonter les informations sur un site dédié, que ce soit positif ou négatif. Et quand on détecte la maladie, on prend les personnes à part et on les rassure. Souvent, à l’annonce du résultat, elles sont démunies. Elles ne savent pas quoi faire."

Peu de résultats positifs. Un constat partagé par une autre pharmacie d’Illkirch qui pratique les tests sur rendez-vous. Une quarantaine par jour, avec seulement deux situations de Covid-19 comptabilisées depuis le 1er décembre. "Nous avons peu de personnes symptomatiques. Ce sont surtout des gens qui veulent se réunir pour les fêtes", confie le gérant. "Toutes nos plages de rendez-vous sont prises. On a de l’attente en cas de désistement. Il n’y a pas de souplesse, les patients veulent se faire dépister cette semaine".

 

« Venir par « sécurité », ce n’est pas le but »

Alain Boetsch, président de la chambre syndicale des pharmaciens du Bas-Rhin

 

Un surcroît d’activité qui n’est pas forcément bon signe pour Alain Boetsch, président de la chambre syndicale des pharmaciens du Bas-Rhin. "Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle dans la mesure où les gens viennent pour tout et n’importe quoi. Se faire dépister bêtement parce qu’on est la veille de Noël et se dire "c’est bon, on a rien, on peut se retrouver à plusieurs, on est tranquilles", ce n’est pas l’idéal. Ma crainte c’est qu’il y ait un relâchement. Il peut y avoir des porteurs sains, asymptomatiques, que l’on ne détecte pas. La fiabilité des tests antigéniques est de 80%, ce n’est pas du 100%." Une fiabilité qui, selon les dernières études de la Société française de médecine, descendrait même à 60%.

"Ça veut dire qu'un cas sur deux ne sera pas détecté avec des tests antigéniques", insiste Lionel Barrand du Syndicat National des Jeunes Biologistes Médicaux. "On explique aux gens que ce n’est pas un certificat pour faire n’importe quoi", confirme un pharmacien de Strasbourg. Dans le département, moins de la moitié des officines contribue à désengorger les laboratoires en pratiquent des tests rapides. Elles sont environ 120 sur 273. Ci-dessous, la carte. "Il faut des conditions de surface, du personnel, une logistique importante", reprend Alain Boetsch.

 

 

"Si c'est juste une arme supplémentaire pour permettre de faire plus de tests à destination de certaines populations, pour voir s'il n'y a pas de nouvelles chaînes de contamination pourquoi pas, mais sans symptômes et sans être à risque, il ne faut pas le faire. Sinon le système explose et ça peut devenir la pire des armes si on ne l'utilise pas correctement", argumente encore Lionel Barrand qui rappelle que les gestes barrières restent un impératif en toute circonstance. 

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