Depuis le 27 avril, le masque est obligatoire dans les transports et les magasins du Bade-Wurtemberg. La vie semble reprendre presque normalement. Nous avons suivi une patrouille de policiers municipaux qui contrôle le port du masque et la distanciation sociale en centre-ville de Karlsruhe.
Mercredi 6 mai, centre-ville de Karlsruhe, 313.000 habitants, 14 km à vol d'oiseau de la frontière française. Il fait beau, les magasins sont ouverts depuis le 20 avril, les gens se promènent tranquillement, des vélos passent à toute vitesse. Les trams sont peu remplis. Beaucoup de passants portent un masque, il est obligatoire depuis le 27 avril dans les magasins et les transports en commun. Je vais suivre deux policiers de la Komunal Ordnungsdienst (KOD), Betül Kabayel et Andy Müller. Ils sont chargés de faire respecter le port du masque dans les transports en commun et les magasins. Et les distances de sécurité partout, dans toute la ville.
Masque pour tous !
Les deux policiers partent à pied du commissariat et passent à leur voiture chercher leur masque. Ils n'en ont qu'un par jour par personne. "A la fin de la journée, on est content de l'enlever. C'est très désagréable de respirer là-dedans pendant les 8 heures de service", explique Betül.Ce mercredi, direction le centre-ville à la mi-journée, pour s'assurer que les habitants ne sont pas trop nombreux dans les rues piétonnes. C'est la mission principale de ces policiers allemands : éviter que trop de personnes se rassemblent au même endroit et sans respect des mesures barrière.
Pour l'instant, tout va bien. "Les gens utilisent peu le tram ou le bus. Beaucoup privilégient le vélo ou la voiture, sans doute pour limiter les contacts. Donc dans les trams, les distances sont respectées", explique Andy. Et si de plus en plus de salariés doivent se rendre au travail ? Comment garder une distance d'1,50 m entre deux passagers d'un tram ? "On verra comment ça se passe, mais puisque le masque est obligatoire dans les transports... ça devrait bien se passer."
Premier contrôle
"Le quai du tram, c'est déjà une zone de transports en commun, donc dès maintenant il faut porter un masque", explique Betül. Sur le quai, une dizaine de personnes attendent un tram. Un seul passager n'a pas de masque. Les policiers lui demande d'aller en acheter un et de quitter le quai. Pas d'amende, la pédagogie prime encore.Andy Müller est policier municipal depuis 7 ans. Betül Kabayel est arrivée en septembre dernier au commissariat, elle est apprentie. "Comme nous travaillons en binôme, toujours tous les deux, et que nous passons beaucoup de temps dans la même voiture, nous n'observons pas de mesures barrières entre nous", explique Andy Müller. "Par contre, dès que nous partons en patrouille, nous nous lavons les mains régulièrement et nous portons un masque jetable."
En voyant les policiers entrer dans le tram, une passagère réajuste son masque. La rame est tellement peu fréquentée, que même s'asseoir à distance les uns des autres, n'est pas très compliqué. Il est 13h20, un mercredi midi. Betül et Andy descendent à Europaplatz, un passage obligé pour Andy. "C'est la place la plus fréquentée. Et nous venons souvent la nuit. Il y a plusieurs bars et discothèques. Et en journée, d'habitude, on ne peut pas accéder au tram tellement le quai est bondé"
Sur ce panneau de tram, les horaires sont remplacés par un message d'information "Port du masque obligatoire dans les transports en commun. Chers usagers, le masque est obligatoire dans les transports de l'ÖPNV. Aidez-nous à stopper la propagation du coronavirus. Couvrez votre nez et votre bouche." Pour l'instant, les policiers se contentent d'avertir les usagers. Mais il n'établissent pas encore de contraventions. Pour laisser le temps aux habitants de se procurer un masque, et de prendre l'habitude.
15 euros pour un masque oublié
Mais les verbalisations vont venir progressivement. Une amende de 15 euros est à prévoir pour non-port de masque. Il est obligatoire pour tout enfant de plus de 6 ans. Des dérogations existent pour les personnes asthmatiques par exemple, qui peuvent être gênées par le port d'un masque pour respirer. Et actuellement, masque, cache-nez ou écharpe sont acceptés.Dans la rue, petit tour de la place, des yeux. Tout est "in Ordnung, ok" pour les deux policiers. Les passants ne sont pas collés les uns aux autres. "Mais de loin, c'est difficile de savoir si on a affaire à une famille, un couple ou si les gens oublient de mettre 1,5 m entre eux", soupire Andy Müller. Plus loin, dans une rue piétonne, Betül arrête un cycliste. Cette rue est interdite aux vélos. Les rappels à la loi sont les mêmes que d'habitude, "on a juste rajouté les mesures liées au coronavirus, et pour l'instant ce n'est pas une surcharge de travail", précise Andy.
Distanciation sociale
Andy Müller avoue que sa priorité en ce moment, c'est de s'assurer que les passants ne soient pas trop nombreux au même endroit. "Et s'il le faut, même sur l'Europaplatz, on dispersera tout le monde ! Il ne faudrait vraiment pas que ça arrive." Les policiers peuvent mettre une amende qui va de 100 à 1.000 euros en cas de proximité avec plus d'une personne dans l'espace public.Et si la distanciation sociale n'est pas respectée dans un salon de coiffure, un bar ou un club, le propriétaire peut recevoir une amende allant de 2.500 à 5.000 euros. Et en cas de récidive, l'amende peut aller jusqu'à 25.000 euros. Il n'y a pas eu de confinement en Allemagne, par contre la distanciation sociale est la règle numéro un, qui s'applique depuis mi-mars : deux personnes maximum dans l'espace public (hors personnes habitant le même foyer).
La rue piétonne Kaiserstrasse est pleine de monde, les gens entrent et sortent des boutiques, flanent et profitent du beau temps. "Normalement, nous avons le droit de rentrer dans chaque magasin pour vérifier que tout le monde porte un masque", explique Andy Müller. "Mais nous ne l'avons encore jamais fait. Souvent, un employé fait la sécurité à l'entrée, donc il vérifie le port du masque et qu'un nombre restreint d'acheteurs rentrent."
Une voiture de la Landespolizei (équivalent de la gendarmerie) passe dans la zone piétonne. "Ils nous aident bien en ce moment. Ils ont renforcé leur présence en centre-ville". Andy et Betül saluent leurs collègues. Et continuent leur patrouille. Ils finissent aujourd'hui à 15h. Rien de marquant pour cette journée. Ils sont satisfaits de l'attitude générale des habitants. Betül trouve par contre que certains, parce qu'ils portent un masque, se relâchent et oublient les autres mesures barrière.
Pour l'instant, il n'y a pas de date pour l'arrêt du port du masque. Le ministre des transports régional a dit que la situation allait encore durer un moment. Les hôtels et restaurants pourraient rouvrir pour la Pentecôte, c'est en tout cas ce que demande le secteur du tourisme et le ministre du tourisme.