En Alsace, les restaurants, les terrasses et les bars vont pouvoir rouvrir à compter du mardi 2 juin, a annoncé Edouard Philippe ce 28 mai. A Strasbourg, la profession s'organise : étalement des terrasses, deux heures de stationnement offertes. Objectif : faire revenir les gens en ville.
En annonçant ce jeudi 28 mai la réouverture des restaurants, des terrasses et des bars pour le 2 juin 2020, le Premier ministre Edouard Philippe a donné une bouffée d'oxygène à toute une profession. Elle en avait bien besoin. Onze semaines sans clients mais pas sans factures : certaines enseignes ne se relèveront pas du choc.
La Ville de Strasbourg et les représentants de la profession ont élaboré ensemble les conditions d'exploitation de ces établissements et de leurs terrasses à compter du mardi 2 juin 2020. L'objectif est double : permettre aux restaurants de conserver leur nombre de places en terrasse tout en respectant les conditions sanitaires en vigueur (gestes barrières et distanciation physique), et tenir compte de la vie quotidienne des riverains et des commerces.
Des terrasses plus larges et plus étendues
"On est en mode survie" assène d’entrée de jeu Jacques Chomentowski, vice-président du syndicat des hôteliers, restaurateurs et débitants de boisson de Strasbourg. Et d’ajouter : "On peut espérer sauver les meubles mais on ne gagnera pas d’argent. Ces quatre mois d’ici à octobre sont primordiaux".
On est en mode survie
- Jacques Chomentowski, vice-président, du syndicat des hôteliers, restaurateurs et débitants de boisson de Strasbourg -
Edouard Philippe l’a rappelé, les restaurants pourront rouvrir dans tous les départements classés en vert, comme le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, dans le respect des règles sanitaires : des tables de 10 personnes maximum, une distance d’un mètre entre chaque table, port du masque obligatoire en cuisine et en salle, pour le personnel comme pour la clientèle qui se déplace.
Face à l’urgence dans laquelle se trouve la profession, le groupement des hôtelier-restaurateurs et les services de la Ville de Strasbourg ont signé une charte pour les 530 établissements qui disposent d’une terrasse. L’idée est d’assouplir le dispositif habituel en leur permettant de s’étendre en largeur afin de respecter les distances sans perdre leur nombre de tables. "On n’augmente pas la capacité d’accueil mais la surface pour pouvoir maintenir la jauge", précise Roland Ries. Tout doit pouvoir se faire de façon souple et pragmatique, en accord avec l’environnement immédiat. Ce dispositif couvre 85% des restaurants et des bars de Strasbourg.
Pour les quelques établissements qui ne possèdent pas de terrasses, une étude au cas par cas sera réalisée avec le syndicat. Les solutions alternatives, comme l’utilisation de places de stationnement ou le débord sur la chaussée, seront étudiés.
Gratuité de deux heures de stationnement
Roland Ries, le maire de Strasbourg, le martèle : « Il faut retrouver l’attractivité de la ville ». Les commerces qui ont ouverts depuis le 11 mai 2020 s’en sont déjà aperçus : les retombées économiques ne sont pas là. Tous espèrent que la réouverture des bars, terrasses et restaurants vont permettre aux alsaciens et aux touristes de retrouver le chemin du centre-ville.Pour soutenir la profession de l’hôtellerie et de la restauration, la Ville a décidé de faire un geste en deux temps. Première étape : à partir de 2 juin 2020, le stationnement en zone rouge et orange sera gratuit entre 12h et 14h. Seconde étape : au début du mois de juillet, le temps de reprogrammer les horodateurs, la Ville offrira les deux premières heures de stationnement.
Ces gratuités concernent les places sur la voirie et non celles gérées par Parcus, mais "des discussions sont en cours", précise Robert Herrmann, adjoint au maire en charge de la sécurité, du domaine public.
Qu’en pensent les restaurateurs ?
Vithushan Vithiyananthan gère avec son père deux enseignes indiennes dans l’hyper-centre : le Maharaja et le Cinnamon. En temps normal, il emploie une petite dizaine de personnes pour assurer 30 couverts à midi et entre 60 et 100 couverts le soir dans ses deux restaurants. Le confinement a été une période très morne : chute de 50% du chiffre d’affaire en mars, aucune rentrée d’argent en avril (uniquement des crédits et des factures à payer) et depuis 10 jours, grâce à la vente à emporter, il atteint difficilement 15% du chiffre qu’il faisait l’année dernière à la même époque. Voilà pour la situation.Alors ce 2 juin ? « Tout le monde est content, on a des messages de soutien mais on sait que ce sera dur pour toute la profession ». Il se réjouit de la gratuité entre midi et deux : "Je redoute de ne pas retrouver ma clientèle du midi. Avec le développement du télétravail, je vais avoir moins de gens à servir pour le déjeuner. Alors cette gratuité peut, peut-être, m’aider à mieux travailler".
Qu'on ne s'y trompe pas, ce dispositif n'a rien d'une aubaine. Ce sont les emplois qui sont en jeu. "Un emploi perdu coûte cher", rappelle Robert Herrmann. Aux Strasbourgeois et aux touristes de faire preuve de solidarité envers les restaurateurs : à table!