Déconfinement : la Grande-Ile devient une zone de rencontre pour une mobilité douce au cœur de Strasbourg

La Grande-Ile s'est transformée en une zone de rencontre, ce lundi 11 mai, à Strasbourg. Pour la Ville, la marche et la pratique du vélo sont devenues des acteurs majeurs de la réussite du déconfinement, alors que les transports en commun tournent toujours au ralenti. 

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Les piétons sont désormais rois au centre-ville de Strasbourg. Un arrêté, pris par le maire Roland Ries et effectif depuis ce lundi 11 mai, acte le passage de la Grande-Ile en une zone de rencontre (voir tweet ci-dessous). Autrement dit, la vitesse est limitée à 20 km/h, contre 30 jusqu'à présent, et les piétons sont autorisés à circuler sur la chaussée sans y stationner. Ils ont la priorité sur les cyclistes, eux-mêmes prioritaires sur les voitures.
 


Cette nouvelle zone de rencontre, qui concerne huit kilomètres de rues et d'espaces publics, s'ajoute à celles déjà en place, à Strasbourg : dans la rue des Frères, sur le quai des Bateliers, dans la rue du 22-Novembre ou la Grand-Rue, par exemple (voir document ci-dessous).
 


S'adapter aux files d'attente sur le trottoir

La décision s'inscrit dans la stratégie de sortie du confinement de la Ville. Dès mi-mars, Roland Ries avait lancé des groupes de travail autour des questions prioritaires du déconfinement, l'un d'entre eux portait sur les mobilités. Et selon Jean-Baptiste Gernet, adjoint au maire en charge des mobilités alternatives qui a piloté le groupe, la zone de rencontre "a fait consensus" parmi les différents acteurs impliqués : personnalités politiques, commerçants, associations de piétons, de cyclistes et d'automobilistes. Tous sont conscients qu'en ce temps de crise sanitaire, les déplacements doivent être repensés et la distanciation physique privilégiée. 
 
"On a vu des files d’attente devant les commerces qui parfois mobilisaient de la place sur le trottoir ou débordaient sur la chaussée, explique l'adjoint. Avec le déconfinement, on s’est dit que ces phénomènes allaient s’amplifier. On avait donc besoin, au centre-ville, où il y a une densité commerciale assez forte, et par conséquent des flux de piétons importants, de trouver de l’espace supplémentaire. Ça ne s’invente pas. On ne peut pas écarter la distance entre les façades dans une ville qui est déjà construite, on peut juste redistribuer différemment l’espace public. Les piétons vont maintenant pouvoir marcher sur la chaussée quand les trottoirs sont encombrés."


Compenser la baisse d'activité de la CTS

50.000 euros vont être investis dans le projet : des marquages de signalisation au sol seront réalisés dans les jours ou semaines qui viennent et des panneaux installés. Pour la Ville, la mobilité en cette sortie progressive du confinement est un "énorme défi". D'autant que les transports en commun strasbourgeois ne pourront pas accueillir plus de 50.000 passagers par jour, avait indiqué Alain Fontanel, président de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) et premier adjoint (LREM) au maire. C'est trois fois moins qu'en temps normal.
 
"L’alternative est assez simple pour les gens, réagit Jean-Baptiste Gernet. Soit ils s’orientent vers le vélo et la marche, soit ils s’orientent vers la voiture individuelle. Et avoir une recrudescence de la voiture individuelle dans l’hyper-centre, ce n’est pas souhaitable. Ni pour les politiques de mobilités faites à Strasbourg depuis 30 ans, ni pour la qualité de l’air et de la ville en général."

Les cyclistes veulent des voies pour eux

Pour le CADR67, qui milite pour la promotion du vélo comme moyen de déplacement, le passage de la Grande-Ile en zone de rencontre est une "bonne nouvelle". Mais l'association veut que ce choix s'accompagne de mesures en faveur des cyclistes. Elle réclame des itinéraires de contournement de la Grande-Ile, rapides et sécurisés, ainsi que deux axes traversants à l'intérieur de la zone et des stationnements massifs. 
 
"On veut des itinéraires corrects, qui nous sont propres, pas avec les piétons. On peut très bien réserver une voie au vélo sur la voirie. Ça a déjà été fait ailleurs. Le but, c'est de cohabiter tous ensemble le mieux possible", confie Fabien Masson, le directeur du CADR67, qui regrette "qu'il ait fallu une épidémie pour que les collectivités et l'Etat défendent les avantages du vélo. D'un coup, l'Etat se rend compte que le vélo est une solution pour beaucoup de choses. Ça doit devenir un réflexe". Il fait référence au plan de 20 millions d'euros lancé par le gouvernement pour faciliter la pratique du vélo à la sortie du confinement. 
 
La municipalité semble en partie avoir entendu ses revendications. Elle prévoit de marquer de nouveaux itinéraires par une ligne verte, pour inciter les cyclistes qui traversent la Grande-Île à passer par les rues les moins empruntées. "On l’avait fait pendant le marché de Noël pour les rues Sainte-Barbe et Sainte-Hélène qui permettent d'éviter la Grand-Rue, détaille Jean-Baptiste Gernet. On va renouveler cet itinéraire, et il y en d’autres potentiels. Les quais nord pacifiés, eux, vont permettre aux cyclistes de contourner le centre-ville. On veut répartir les flux."

Les nouveaux aménagements sont "transitoires", spécialement adaptés à la période de déconfinement qui s'ouvre ce lundi 11 mai. Ils pourront être prolongés si les premières observations sont concluantes ou interrompus dans le cas contraire. Un bilan sera effectué en septembre prochain. Pour Fabien Masson, le directeur du CADR67, ils doivent servir de tremplin : "On voit bien que les mentalités doivent changer. Il faut penser dans la durée, aller plus loin". Il appelle les communes autour de Strasbourg à s'inscrire elles aussi dans le projet et à s'intéresser à la question des piétons et des cyclistes.
 
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