Les brasseries et débitants de boissons alsaciens retrouvent une activité proche de la normale à quelques jours de la réouverture des terrasses. Après six mois d’interruption, les commandes des cafés-restaurants affluent progressivement. De quoi sauver la saison.
19 mai. La date qui sonne l’heure de la délivrance pour les cafés-restaurants mais aussi pour ceux qui les approvisionnent en boissons. "Depuis deux semaines nous tournons à 100%. Les commandes de fûts tombent. Ça fait du bien au moral", sourit le maître-brasseur Christian Artzner, responsable de la brasserie Perle.
Une reprise d’activité, après plus de six mois au sec ou presque, sans faire mousser le chiffre d’affaires. "Il faut clairement que ça reparte", souffle chez Uberach, Eric Trossat. Certes, les cafés-restaurants ne représentent qu’une petite partie de l’activité de la brasserie artisanale, "mais c’est quand même 15% qui manque à la fin du mois pour boucler les comptes". Le patron des Brasseurs d’Alsace affiche une satisfaction prudente. "Pour l’instant ce sont encore de petites commandes", confie-t-il.
"Ce n’est pas encore complétement l’effervescence. Avec l’ouverture des terrasses uniquement et avec une météo peu favorable, ça va se faire doucement", confirme Edouard Haag à la tête de Meteor et de sa filiale MD Boissons, qui a perdu jusqu’à 90% de recettes en 2019.
Départ progressif constaté et même anticipé du côté de l’Alsacienne de Boissons qui a fait ses calculs. "En mai, on estime atteindre 30% du chiffre d’affaires réalisé en 2019 à la même période", indique André Bour, son directeur général, pas vraiment rassuré par les dernières annonces gouvernementales.
L'été pour sauver la saison
Lundi 10 mai 2021, le Premier ministre a en effet détaillé le calendrier et les conditions précises du déconfinement. Parmi les annonces, l’instauration d’une jauge à 50% des terrasses ne ravit pas le grossiste. "Ce n’est pas une bonne nouvelle. On s’attendait à une réouverture complète, et finalement on va reprendre assez doucement. D’autant plus qu’il n’y a seulement que 40% de nos clients qui disposent d’une terrasse et que certains préfèrent ne pas rouvrir pour le moment parce que ça ne vaut pas le coup", indique-t-il encore.
Vrai ou faux départ, en attendant, les employés reprennent leur poste, "ça fait un bien fou à tout le monde", et la perspective d’une affluence record de consommateurs rince les craintes."Jusque-là, on tournait au ralenti mais on n’a pas freiné pour autant. Nous avons investi et recruté un collaborateur pour anticiper cet été. Juillet-août seront des mois très importants. Les gens veulent retrouver leurs lieux favoris, consommer du local, de l’artisanal, d’autant plus en cette période. On entend que ça pousse", se réjouit Christian Artzner.
Perle, comme ses consœurs, s’apprête à tourner à plein régime, au rythme de 500 hectolitres par mois, "on ne pourra pas faire plus", pour arroser les assoiffés et les nostalgiques de la "vie d’avant".
"Tout l’enjeu sera de sauver la saison. On espère vraiment qu’à partir du 9 juin, quand il n’y aura plus de jauge, que les salles pourront rouvrir et que le service du soir sera facilité par un couvre-feu décalé à 23h, la saison sera lancée", reprend-t-on encore chez Meteor. L’année dernière, la brasserie avait dû se résoudre à détruire 9.000 hectolitres de bière, l’équivalent de 30.000 fûts. Cette fois, le bout du tunnel semble plus proche que jamais pour un secteur sous pression.