S'il y en a qui se réjouissent de la météo maussade que connaît l'Alsace cet été, ce sont bien les héliciculteurs. Julie Hoeffel est éleveuse d'escargots à Handschuheim, dans le Bas-Rhin. Une activité dans laquelle elle s'est lancée l'an dernier. Et la pluie lui a donné raison.
Rares sont celles et ceux qui se réjouissent des averses de pluie qui se succèdent depuis le début de l'été en Alsace. Julie Hoeffel en fait partie. Cette météo à ne pas mettre un chat dehors est en revanche idéale pour ses escargots.
Dans l'élevage qu'elle a créé - "la cour d'escargots" à Handschuheim (Bas-Rhin), à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Strasbourg, elle prend soin de ses 120 000 naissains. Ce terme technique désigne les jeunes gastéropodes, qu’elle fait grandir en plein-air, dans la prairie de la ferme familiale qu’elle habite. Avec un coup de pouce alimentaire pour les rendre plus solides et charnus : "je leur rajoute une ration quotidienne de farine bio spécialement adaptée à base de tourteau de soja, de blé et de différentes céréales qui leur apporte des protéines et du calcium, détaille l’éleveuse. Ainsi, ils grossissent bien et leur coquille est plus épaisse."
Julie les nourrit et les protège. Car les prédateurs sont nombreux. Les oiseaux et les rats raffolent des escargots, et les limaces leur chipent leur nourriture. Pour les mettre à l'abri, elle a des astuces. Des filets pour écarter les dangers venus du ciel et le ratissage du terrain par des canards coureurs indiens qui dévorent les limaces avant d’installer ses escargots. Quant aux rats, elle a plusieurs remèdes : "ils n’aiment pas le bruit, alors je mets de la musique. Et les chevaux des prés voisins piétinent leurs tunnels, explique-t-elle. Mais ce qui marche le mieux, ce sont les cheveux humains : quand je repère une de leur galerie, je la bouche avec des cheveux. Ils n’aiment pas l’odeur, ça les fait fuir."
La canicule et la sécheresse peuvent également représenter des dangers. Mais là encore, elle a la parade. "Les escargots ne craignent pas la canicule si on soigne correctement le couvert végétal. Ici, ils sont sur une prairie naturelle non labourée, ce qui leur fournit un endroit sécurisé qui reste bien humide et bien frais à la base. Donc la journée, ils se protègent en restant cachés dans l’herbe."
Des coulisses de l’Opéra aux enclos d’escargots
Julie Hoeffel a tout appris sur le tard. L’an dernier encore, elle était encore chef perruquière-maquilleuse à l’Opéra national du Rhin. Un métier qu’elle a exercé pendant dix-huit ans. Un burn out et la crise sanitaire l’ont incitée à quitter les coulisses pour se lancer dans l’élevage. La réponse évidente à son besoin impérieux de se mettre au vert.
"J’adore manger les escargots, sourit-elle. Et puis j’avais des petits terrains autour de ma ferme. Des prairies trop petites pour élever des vaches ou des moutons, alors j’ai choisi de petits animaux." Avant de se lancer, elle a suivi une formation à Besançon (Doubs) et s'est associé à un héliciculteur de Dachstein (Bas-Rhin) chez lequel elle a pu apprendre le métier.
Ils ne crient pas, ils ne mordent pas, ils ne piquent pas. C’est pacifiste les escargots.
Julie HoeffelHélicicultrice à Hanschuheim (67)
Une nouvelle passion qu’elle a à cœur de transmettre. Chaque jeudi de l’été, la jeune exploitante organise des visites guidées de ses parcs d’élevage, avec une chasse aux escargots et une dégustation. A terme, elle envisage de lancer un foodtruck. Avant cela, elle va d'abord devoir gérer sa première récolte, prévue pour les fêtes de fin d’année.