La maire écologiste de Schiltigheim Danielle Dambach a annoncé ce jeudi 9 juillet, retirer sa candidature à la présidence de l'Eurométropole au profit de celle de la maire d'Holtzheim Pia Imbs, qu'elle soutient avec son homologue strasbourgeoise Jeanne Barseghian.
Qui pour diriger l'Eurométrople de Strasbourg? Au jeu des tractations, ce jeudi 9 juillet 2020, deux des trois candidates déclarées à la présidence ont annoncé leur alliance et dans le même temps, le ralliement de Jeanne Barseghian. Au cours d’une conférence de presse, c’est en effet au côté de la maire fraîchement élue de Strasbourg que Danielle Dambach, maire écologiste de Schiltigheim et Pia Imbs, maire d'Holtzheim, ont livré leur vision "collégiale" de la future gouvernance.
Un pilotage à trois têtes, qui propulserait Pia Imbs à la tête des 33 communes de l'agglomération, et qui placerait Jeanne Barseghian et Danielle Dambach sous le statut de présidentes déléguées. Cette dernière, longtemps pressentie au poste suprême, considérée comme la candidate de choix de la nouvelle édile strasbourgeoise, crée donc la surprise en retirant sa candidature au profit de son homologue d'Holtzheim, qui avait été la première à se lancer dans la bataille.
"Clairement pour moi ce n’est pas un abandon mais au contraire une force nouvelle d’être à trois, d’être unies et d’être dans la co-construction d’un socle tel que nous le voyons. Il y a une urgence climatique vitale aujourd’hui sur l’Eurométrpopole, c’est ça qu’il faut comprendre. On n’est pas dans une guerre d’égos et je ne suis pas dans la recherche d’un fauteuil, bien au contraire. Si j’ai les leviers pour agir, ce qui est le cas avec cette nouvelle configuration, alors moi ça me va", assure-t-elle.
Strasbourg, ville locomotive mais pas hégémonique
Evoquant un "esprit de cohérence au-delà des clivages habituels", Jeanne Barseghian place donc Strasbourg, ville-centre, au cœur du projet métropolitain même si l’élue avait indiqué, tout au long de sa campagne, vouloir une présidence de l'Eurométropole féminine mais non strasbourgeoise. C'est d'ailleurs l’une des raisons qui avaient fait échouer les négociations d’alliance avec la socialiste Catherine Trautmann dans l’entre-deux tours des municipales."Il ne s’agissait pas de faire sans la ville-centre. S’inscrire dans cette logique de collégialité, en permettant à toutes les communes de se sentir représentées dans cette future gouvernance, c’était un impératif. L’idée c’est d’avoir une gouvernance équilibrée où Strasbourg n’est plus hégémonique mais est bien présente", a-t-elle déclaré à l’issue de l’annonce.
A ceux qui voudraient y voir une manœuvre politique, Pia Imbs (SE), avance des "convictions autour du contenu d’une feuille de route et pas simplement un accord politique". A 59 ans, celle qui se pose comme la représentante des communes de seconde couronne est donc dans les starting-block pour succéder à Robert Hermann. "Ma candidature reflète la réalité de beaucoup de communes. Les deux-tiers ont moins de 6000 habitants au sein de l’Eurométropole. Ça me permettra, le cas échéant, de faire connaître toutes les spécificités, les besoins et les attentes que portent ces élus. Je souhaite les représenter et travailler avec eux".
Des priorités communes
Sur le fond, les élues ont également présenté une feuille de route pour le prochain mandat écrite à trois mains. Une trame, verte, soumise "à la réflexion, aux propositions et à l’approfondissement", qui fait de l’ouverture "d’une nouvelle ère pour les mobilités et les déplacements" une priorité tout comme la nécessité de relever le défi climatique tout en renforçant la proximité avec les élus et les habitants. Une trentaine de propositions, premier jet d’un dessin qu’il faudra conjuguer à 33, à condition de réussir à s’entendre. "Le fait de partir sur des orientations claires, avec cette volonté d’ouverture, c’est à mon avis la recette de la réussite pour notre métropole", avance la maire de Strasbourg.
Pour gouverner, il faudra aussi être élu et convaincre les maires électeurs. Pour l’heure, au regard de la répartition des voix vertes et socialistes au sein de l’assemblée métropolitaine, la majorité n’est pas atteinte. Le positionnement du groupe socialiste qui dispose de 9 sièges sur 99, sera probablement déterminant. Va-t-il soutenir l’alliance, s’abstenir ? Réponse le 15 juillet prochain, date de l’élection.
Catherine Graf-Eckert, l’autre candidate
A 43 ans, la maire de Lingolsheim (LR), conseillère eurométropolitaine, est l’autre candidate à la présidence de l’agglomération strasbourgeoise. Celle qui a succédé à Yves Bur, dit s'inscrire dans la continuité et revendique le soutien d’une vingtaine de maires. "Je suis la candidate d’un certain nombre de maires qui souhaitent que demain on continue à travailler en bonne intelligence à l’Eurométropole. On a fait partie d’une gouvernance partagée portée par le tandem Bur-Hermann, et on s’est rendus compte que ça fonctionnait. Se faire confiance ça a du bon", explique-t-elle.
S'imposera-t-elle face au trio qui vient de se former ? En attendant, les tractations battent leur plein.
