La députée européenne écologiste Karima Delli, a été aspergée de gaz lacrymogènes mardi 10 septembre lors d'un rassemblement quelques heures après le début des opérations d'expulsion des anti-GCO de la ZAD de Kolbsheim.
C'est le député européen José Bové qui rapporte la scène sur son compte twitter. Le député européen, figure de l'altermondialiste était aux côtés de l'écologiste Karima Delli, eurodéputée EELV lors d'un rassemblement organisé lundi soir en réaction aux opérations d'évacuation de la ZAD de Kolbsheim, dans le Bas-Rhin.
Le lundi matin, la ZAD de Kolbsheim, zone de résistance emblématique des opposants au projet autoroutier du GCO (Grand contournement ouest de Strasbourg) avait été évacuée par plus de 500 gendarmes mobiles face à un centaine de zadistes.
#GCO Karima DELLI après une agression en plein visage par des gaz poivres. Cette violence est inacceptable. pic.twitter.com/w8dteZpZOa
— José Bové (@josebove) 10 septembre 2018
Plusieurs personnes et journalistes présents sur place ont filmé la scène. les documents traduisent l'atmosphère sur place. L'ambiance semble d'abord calme, puis se tend. On entend les manifestants scander "cassez-vous" aux forces de l'ordre, mais aussi "sans violence" avant d'entendre le bruit de vaporisation des gaz et de voir les effluves de fumée.
Karima Delli et José Bové étaient venus se joindre aux opposants du Grand contournement ouest de Strasbourg pour demander un moratoire concernant la future autoroute et constater l'évolution de la situation dans la ZAD.
Cher @FdeRugy voilà l'occasion de faire tes premiers pas de ministre de l'écologie : fais cesser ce projet inutile et anti-planète qu'est le Grand Contournement Ouest de Strasbourg, tout comme l'était celui de #NotreDameDesLandes !#ZADixGCO #GCOnonMerci https://t.co/xyjkY6ewoo
— Karima Delli (@KarimaDelli) 10 septembre 2018
La présidente de la commission Transports avait alors pris la parole au milieu des opposants au GCO, intervention filmée par les manifestants.
Après un grand rassemblement dans le centre de Strasbourg, selon les faits rapportés par Rue 89 Strasbourg, un cortège de quelques 150 personnes reparties vers Kolbsheim s'apprêtait à retourner vers la ZAD, en compagnie de José Bové et de Karima Delli. "Les élus et les députés étaient devant et ont demandé aux gendarmes s'ils pouvaient rentrer sur les lieux", a raconté à l'AFP Luc Huber, maire de la commune voisine de Pfettisheim, présent lors du rassemblement. "Cela se passait bien, il y a peut-être eu un ou deux jets de branchages (...), mais nous avons immédiatement demander d'arrêter", a expliqué l'élu. Face à l'avancée du groupe, les gendarmes mobiles répliquent par une salve de gaz lacrymogènes. "Karima Delli a été plus directement touchée que les autres. Elle a été soutenue par des médecins parmi les manifestants avant d'être évacuée chez le maire de Kolbsheim", ajoute Luc Huber. "Madame Delli est restée deux heures chez moi, confirme Dany Karcher, maire de Kolbsheim. Cela allait ensuite un peu mieux, même si elle était relativement choquée".
"C'est inacceptable"
"Cette violence est inacceptable" clame José Bové en légende de la photo qu'il publie de Karima Delli, inconsciente dans ses bras. Indignation partagée par plusieurs figures de l'écologie qui apportent leur soutien à la députée européenne.L'ancienne secrétaire générale d'Europe Ecologie-Les Verts lui fait part de sa solidarité.
Soutien perso et chaleureux @karimadelli https://t.co/mUTqX6UyXF
— Cécile Duflot (@CecileDuflot) 10 septembre 2018
"Contre des mouvements pacifistes, le gouvernement choisit de répondre par la violence !" : députée européenne écologiste elle aussi, l'ancienne directrice de Greenpeace France Michèle Rivasi a également tenu à exprimer son soutien.
Un soutien total à @KarimaDelli aspergée au gaz poivres alors qu'elle manifestait contre l'évacuation de la ZAD de #CGO aux côtés des militants.
— Michèle Rivasi (@MicheleRivasi) 10 septembre 2018
Contre des mouvements pacifistes le gouvernement choisit de répondre par la violence ! C'est inacceptable! https://t.co/qBTREREkGx
Deux jours avant cette mobilisation contre l'expulsion de la ZAD de Kolbsheim, Karima Delli participait à Paris à la grande marche pour le climat. Paradoxe du calendrier que relève le député de la France Insoumise Adrien Quatennens.
Le samedi tu marches pour le climat et tout le monde te félicite. Le lundi tu te mobilises contre un projet autoroutier qui va détruire la forêt et tu te prends une giclée de gaz en pleine figure ! Salut amical à @KarimaDelli. #GCO https://t.co/UiWI6rQcne
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 10 septembre 2018
"Usage de la force strictement proportionné"
Au lendemain des faits, la préfecture du Bas-Rhin donne sa version des faits par voie de communiqué : "Les gendarmes engagés sur le dispositif de sécurisation ont fait usage de la force de manière strictement proportionnée."Karima Delli "très choquée"
Au lendemain des faits, l'eurodéputée ne s'est pas présentée au Parlement européen actuellement en session. Son assistante a fait savoir par voie de communiqué qu'elle n'était "pas en mesure de prendre la parole ce matin". Elle a toutefois tenu à donner sa version des faits :"Malheureusement, Mme Delli n'est pas en mesure de prendre la parole ce matin. Voici quelques informations sur le déroulé des événements hier soir. Dans la soirée de ce lundi 10 septembre, Karima Delli et José Bové étaient sur la ZAD du Moulin près de Strasbourg afin d’apporter leur soutien aux manifestants anti-GCO (projet autoroutier). Vers 20h50, les forces de l’ordre, sur place depuis le matin pour évacuer la zone, s’en sont pris violemment à tous les manifestants sur place. Karima Delli, députée européenne écologiste, a été ainsi aspergée de gaz lacrymogène a bout portant et en plein visage, y compris dans la bouche, avant de perdre connaissance. A cette heure, Mme Delli va mieux, mais reste très choquée par la violence extrême de cette action délibérée. Cette situation est inacceptable, mais est malheureusement le quotidien de nombreux militants écologistes sur notre territoire. Les violences policières sur les ZAD comme dans nos banlieues sont une dérive inquiétante pour notre démocratie et l'état de droit."