Face aux incivilités, Strasbourg va relancer une équipe de médiation, "on veut remettre de l'humain sur le terrain"

La Ville de Strasbourg souhaite relancer une équipe de médiateurs qui aura pour but de gérer les conflits dans les rues de la capitale alsacienne par le dialogue. Une phase d'expérimentation d'un an doit commencer d'ici 2024 au centre-ville.

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Lors du conseil municipal de la Ville de Strasbourg du 10 mai 2023, le lancement d'une équipe de médiation a été voté. Une douzaine de personnes doit être recrutée pour veiller aux conflits de voisinages et autres incivilités. L'idée est de privilégier le dialogue plutôt que la verbalisation.

Ces médiateurs et médiatrices devront intervenir en complément des autres services liés de près ou de loin à cette problématique, de la police aux associations. "On est à l'intersection entre la sécurité et le travail social. Cette équipe doit remettre du lien et faire discuter les gens entre eux. Depuis le Covid, le lien social a presque disparu alors nous voulons remettre des humains sur le terrain", énonce Guillaume Chabrol, le préfigurateur du projet.

Depuis 2021, il planche sur la constitution de cette équipe de médiation. En consultant les différents services de la ville, les associations, mais aussi d'autres villes qui ont déjà ce type d'équipes comme Mulhouse ou Lyon, il a pu imaginer les contours de la future médiation dont l'expérimentation coûtera 600.000 euros la première année.

Nous voulons mettre les gens autour d'une table pour qu'ils puissent échanger.

Nadia Zourgui

Adjointe à la mairie de Strasbourg en charge de la tranquillité publique

"Il y a une surcharge du poste de commandement sur des problématiques qui ne relèvent pas de la police mais plus de la médiation entre des parties qui n'ont pas toujours la possibilité de se rencontrer. Là, nous voulons mettre les gens autour d'une table pour qu'ils puissent échanger", appuie Nadia Zourgui, adjointe à la Ville de Strasbourg en charge de la tranquillité publique. 

Les médiateurs et médiatrices pourront intervenir sur des cas très divers. "On a l'exemple des jeunes qui font du bruit et qui gênent d'autres personnes. Dans ce cas, on discute avec eux, on rappelle la règle en leur demandant d'aller un petit peu plus loin. Ça peut aussi être un conflit entre un commerçant et une personne en errance à proximité ou une altercation entre un cycliste et un piéton", énumère Guillaume Chabrol.

Pas de verbalisation

Avec toujours comme objectif d'apaiser la situation par le dialogue. Il ne sera pas demandé à l'équipe de verbaliser. La police est faite pour ça. "Les médiateurs sont là pour un certain niveau, ils sont un échelon dans un système global, en complément. Mais si on arrive à un degré de violence, les forces de l'ordre prennent le relais", continue le préfigurateur du projet.

L'accent sera d'ailleurs mis sur la lutte contre le harcèlement de rue. "La municipalité veut vraiment qu'on travaille sur la prévention des violences sexistes et sexuelles (VSS). On voit beaucoup de témoignages sur les réseaux sociaux et on y est très sensible. Aux abords des milieux festifs, nos médiateurs seront vigilants et pourront par exemple raccompagner une femme à un arrêt de tramway."

D'abord le centre-ville

Strasbourg a déjà eu une équipe de médiation par le passé, à la fin des années 1990. "Ça n'a pas fonctionné parce que les agents n'étaient pas formés et il s'agissait de contrats aidés. Quand ce dispositif a pris fin, l'équipe s'est dissoute", fait remarquer Nadia Zourgui. 

Pour la nouvelle version de l'unité, la Ville de Strasbourg compte recruter, via un marché public, une douzaine d'agents. Pour cette expérimentation, qui doit dans un premier temps durer un an, le secteur du centre-ville a été ciblé. L'adjointe se justifie : "Dans les quartiers prioritaires de la ville, les habitants ont moins le réflexe d'appeler la police pour se plaindre de nuisances. Je ne dis pas qu'il y a moins de soucis mais juste moins de plaintes. Aussi, dans ces quartiers, il y a déjà des éducateurs spécialisés qui remplissent une partie de cette mission."

Guillaume Chabrol continue : "Au début, on ne peut pas aller partout dans la ville. C'est d'abord un secteur de test où il y a beaucoup de monde. Des touristes, des passants, des gens qui travaillent... Beaucoup de gens se croisent et forcément, ça crée des conflits d'usage. Ce sont vraiment des problématiques de cohabitation. Mais à terme, nous voulons couvrir toute la ville !"

Le retour d'une équipe de médiation trouve un écho particulier avec la situation qu'ont connu plusieurs habitants du quartier Gare à l'été 2022. "On a eu des gros soucis, reconnaît Guillaume Chabrol. Maintenant, avec la présence de la police municipale, ça va mieux. Mais avoir des médiateurs avant, je pense que c'est une plus-value pour les riverains." Il vaut mieux prévenir que guérir donc.

Leur présence doit être rassurante.

Guillaume Chabrol

Préfigurateur du projet de médiation

Ces agents effectueront des rondes dans le secteur défini pour identifier les incivilités et amorcer le dialogue. Ils seront identifiables grâce à une chasuble de couleur avec inscrit « Médiation sociale ». "Leur présence doit être rassurante. Ce seront des agents polyvalents. Tout le monde pourra demander des renseignements, comme vers quel service public se tourner en cas de besoin", explique Guillaume Chabrol. Nadia Zourgui prend l'exemple d'un touriste qui vient de se faire voler son vélo et qui, totalement perdu, ne sait pas où se rendre.

Un numéro de téléphone spécifique comme objectif

Courant juin 2023, la Ville aura recours à un marché public pour sélectionner "un opérateur extérieur spécialisé sur ces questions de médiation sociale et de tranquillité publique", d'après la délibération du conseil municipal du 10 mai. Guillaume Chabrol met un point d'honneur à ce que l'équipe soit mixte. "La forte présence de femmes, c'est important pour nous. La mixité des profils et des origines professionnels en général aussi d'ailleurs."

Ces personnes seront ensuite formées avant d'être déployées. "Au début, ce sera surtout de la médiation à chaud, avec ce que les agents repèrent sur le terrain. Mais ensuite, j'aimerais qu'on puisse avoir un standard que les gens pourront contacter en cas de litige ou de conflit", espère Guillaume Chabrol. Une campagne de communication est prévue pour présenter ces nouvelles chasubles et leurs missions.

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