Strasbourg : face à la délinquance, les renforts de police déployés dans le quartier gare soulagent les riverains

Depuis l'été 2021, les riverains de la place Braun à Strasbourg (Bas-Rhin) subissent les nuisances répétées d'un groupe de personnes qui s'accapare l'espace public. La police a déjà procédé à plusieurs interpellations pour possession de stupéfiants.

A la mi-septembre 2022, la place Braun a retrouvé son calme d'avant. Il y a quelques semaines encore, cette petite place du quartier gare de Strasbourg (Bas-Rhin), au coin des rues Moll et Kageneck, était le rendez-vous, en soirée, de squatteurs qui excédaient une partie des riverains.

"A partir de l'été 2021, des personnes qu'on n'avait jamais vues dans le quartier, sont venues sur cette place. C'étaient des cris, des hurlements, de la musique, et on a commencé à voir du deal de drogue", raconte Sébastien(*). Ce père de deux jeunes enfants réside dans le quartier depuis une quinzaine d'années.

Les habitants finissent par se regrouper en collectif, face aux multiples désagréments. "Tout le monde évitait de traverser la place, car les insultes fusaient. On a vu des rixes sous nos fenêtres, on n'allait plus y jouer avec les enfants, à cause des déchets et des tessons de bouteilles", affirme Sébastien.

Ils pouvaient être jusqu'à 40 personnes à se réunir dès la fin d'après-midi, devant une annexe de la mairie, au milieu des immeubles de 5 à 6 étages installés autour de la place et dans les rues voisines. Selon le collectif, un habitant de la rue Thiergarten s'est fait frapper sur son palier par des squatteurs. Il aurait déposé plainte.

Dans le quartier gare, la préfecture précise qu'une centaine d'interpellations sont effectuées par mois, dont 20% pour des infractions aux stupéfiants. Les procédures en matière de drogue ont doublé l'année dernière, passant de 70 en 2021 à 132 en 2022.

Renforts de police

Mercredi 14 septembre 2022, des habitants du quartier gare ont pu rencontrer la préfète du Bas-Rhin qui a annoncé, depuis le 12 août 2022, la présence régulière de renforts policiers, en l'occurrence des CRS, et "qui resteront le temps nécessaire", a précisé Josiane Chevalier. Des patrouilles en véhicule ou à vélo ont lieu.

A l'AHQG, l'association des habitants du quartier gare, on s'étonne de ne pas avoir été conviés à cette visite préfectorale, et de ces mesures prises à grands coups de communication. "On dirait qu'on est un quartier en émeute, on n'est pourtant pas à Chicago", déplore une membre du bureau.

Depuis le mois d'août 2022, les riverains ont bien vu la différence. "Depuis que la police passe plusieurs fois par jour, on a retrouvé tout le calme qu'on souhaitait, explique une habitante. Pour autant, je n'ai jamais été terrorisée par ce groupe." "La vie a repris son cours, se réjouit Sébastien. Mais dès qu'il n'y a plus de patrouille, les squatteurs reviennent."

Vidéosurveillance

Le collectif d'habitants de la place Braun demande l'installation de caméras de surveillance autour de la place. "Nous sommes dans une zone grise du quartier, la place est invisible depuis les grands boulevards." Une requête partagée par le conseiller municipal d'opposition (Agir) Pierre Jakubowicz. "En refusant l'installation de caméras supplémentaires, tant en outil de prévention que de sanction, la maire ne refuse par que la vidéo, elle refuse également la protection", tacle l'élu.

Pour l'AHQG, le contexte politique ne permet pas un débat serein. "Des gens ne supportent pas que la ville soit gérée comme elle l'est actuellement, et instrumentalisent cette polémique. Il faut tempérer les choses."

Par voie de communiqué, la préfète n'a pas manqué de rappeler à la maire de Strasbourg, avec laquelle les désaccords sont profonds, ses obligations en matière de sécurité, en préconisant un travail commun, et s'est permis de lister une poignée de mesures "nécessaires" pour le quartier gare :

  • renforcer la vidéosurveillance dans les secteurs identifiés
  • prendre des arrêtés municipaux pour interdire la vente d'alcool et la mendicité "agressive"
  • adapter l'éclairage public ou le mobilier urbain pour répondre au sentiment d'insécurité

Depuis plus de 25 ans, les études françaises ou étrangères tendent à montrer la relative inefficacité des systèmes de vidéosurveillance. Dès 2011, un rapport de la Cour des comptes pointe l'efficacité douteuse de ces outils, sauf à déplacer les problèmes. Les dealers ont d'ailleurs choisi cette place, moins exposée que le secteur des Halles ou la place de la Gare.

De son côté, la Ville assure qu'elle travaille "main dans la main" avec la préfecture et que "la police municipale effectue des patrouilles renforcées sur le secteur depuis deux ans". L'élue référente du quartier gare, Marie-Dominique Dreyssé, a rencontré les habitants le 30 août 2022.

(*) le prénom a été modifié.

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