La prestigieuse Ecole nationale d'administration (ENA), d'où sort l'élite des hauts fonctionnaires et dirigeants politiques français, serait plongée dans la tourmente financière. Elle aurait accusé 2,8 millions d'euros de déficit en 2017.
Par AFP. L'Ecole nationale d'administration (ENA) a affiché 2,8 millions d'euros de déficit en 2017, sur un budget total de 40,8 M EUR, notamment en raison de l'élargissement de ses missions qui n'a pas été suffisamment compensé par l'Etat, a affirmé dimanche 14 octobre Le Parisien.
"Si rien ne change, l'école, qui dispose encore d'une petite réserve pour éponger, fera banqueroute d'ici quatre ans", s'alarme le quotidien, qui a obtenu les documents comptables de l'ENA via le think tank libéral iFRAP – lequel a saisi pour cela la Commission d'accès aux documents administratifs.
Selon ces documents, la subvention de l'Etat (31,1 M EUR) n'est que légèrement supérieure aux dépenses de personnel (30,9 M EUR), laquelle inclut la rémunération des élèves (9,2 M EUR), payés 1.682 euros brut par mois pendant leurs deux ans de scolarité. Les autres recettes (dont 3,4 M EUR de recettes propres) ne suffisent pas à équilibrer les comptes.
Cependant l'école "n'est pas responsable de tout", souligne le Parisien, puisqu'elle a dû absorber en 2002 l'Institut international d'administration publique, puis en 2005 le Centre d'études européennes de Strasbourg. "L'Etat lui a imposé de grossir sans vraiment revaloriser la subvention qu'il lui verse", analyse le journal. L'ENA a en outre des créances impayées de plusieurs institutions publiques françaises, pour qui elle a organisé des formations, mais aussi d'Etats étrangers - le Koweït lui doit ainsi 569.700 euros.
Interrogé par le journal, le secrétaire général de l'ENA, Thierry Rogelet, reconnaît que l'école est "en difficulté financière", mais souligne qu'elle n'a "pas de dettes". Le secrétaire général table sur un déficit de 1,4 M EUR cette année, puis 400.000 l'an prochain, avant "un retour dans le vert, à +500.000 euros", en 2020. Pour y parvenir, l'établissement a supprimé 38 postes ces dernières années, plus quatre autres cette année, a détaillé M. Rogelet.
L’ENA mise à la diète ?
Le ministère de l'Action et des Comptes publics a réagi dimanche après-midi en rappelant dans un communiqué que "lors de l'arrivée du nouveau gouvernement, le constat d'une fragilité financière de l'école avait été posé". "Dès l'été 2017", le ministre Gérald Darmanin a "donc demandé à Patrick Gérard, nouveau directeur de l'ENA, de lui faire des propositions en vue d'un redressement durable de ses comptes. "Cette demande a donné lieu à un travail approfondi d'analyse" et "les mesures retenues ont été définitivement validées par le ministre en septembre dernier pour mise en œuvre dès l'exercice budgétaire 2019".
Le ministère précise qu'un plan de retour à l'équilibre a été présenté au conseil d'administration de l'ENA le 10 octobre. Les mesures portent "notamment sur la diminution des coûts de fonctionnement de l'école, une modernisation des modalités d'accès à l'école, un recentrage de la formation continue et de l'action internationale, ainsi que sur la dimension immobilière". "Une école dont la mission est d'enseigner la bonne gestion publique doit plus qu'aucune autre être exemplaire", souligne le communiqué du ministère.