Geispolsheim : après le spectacle clandestin de Dieudonné, la préfète du Bas-Rhin porte plainte

Samedi 10 octobre, Dieudonné a donné un spectacle clandestin dans le hangar d’une société de transport à Geispolsheim-Gare. Ce 12 octobre, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, porte plainte contre l’organisateur et le propriétaire, pour mise en danger de la vie d’autrui.

Le spectacle de Dieudonné, du samedi soir 10 octobre, a été organisé sans autorisation, à la sauvage. Il a réuni trois cents personnes, à Geispolsheim, dans un hangar privé, en pleine pandémie de Covid, sans respecter les précautions sanitaires imposées. Les conséquences ne se sont pas fait attendre : la sanction sera sévère. La préfète du Bas-Rhin et du Grand Est, Josiane Chevalier l'a annoncé ce lundi soir lors d'une conférence de presse : elle porte plainte contre l'organisateur et le propriétaire du lieu où s'est tenue la soirée « pour mise en danger de la vie d’autrui ».
 
Devant plusieurs centaines de spectateurs, l’humoriste controversé a appelé les porteurs de la Covid-19 à contaminer les gendarmes présents sur place. "Ceux qui sont atteints du virus sont priés de sortir et de vous rendre au commissariat afin de contaminer les fonctionnaires de police", peut-on entendre dans une vidéo postée sur son compte officiel. 
 

Une plainte au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui

"Ce que nous avons vécu samedi soir est extrêmement grave, nous sommes dans une situation sanitaire grave", rappelle la préfète. "En une semaine, les chiffres de contamination ont bondi de 38 à 82 cas, du 5 au 11 octobre, et on est passé à 94,3 samedi soir pour cent mille habitants sur le Bas-Rhin et 126 pour Eurométropole de Strasbourg. Donc, concernant ce rassemblement, j’ai décidé de déposer plainte au pénal pour mise en danger de la vie d’autrui contre l’organisateur et le propriétaire du hagard. L’organisateur est bien rodé, les billets sont vendus par internet et les participants sont prévenus quelques heures, voire minutes avant le spectacle. Là, ils étaient serrés les uns contre les autres, donc c’est extrêmement grave, puisque réunir autant de personnes sans geste barrières, c’est intolérable. Ces personnes ont des familles et travaillent, c’est donc bien un cluster potentiel." 

Le général Marc Clerc, commandant du groupement de gendarmerie départementale, ne réagit  pas à la provocation, mais déclare : "Les gendarmes font actuellement des centaines de contrôles dans la rue, les bars et les restaurant. Tous essaient de faire respecter au mieux les consignes pour éviter la propagation du virus et là, tout à coup, trois cents personnes se retrouvent rassemblées dans un lieu clos, serrées les unes contre les autres, sans respect des distances de sécurité et sans masque pour beaucoup. Nous avons ouvert une enquête judiciaire, nous relèverons toutes les infractions commises, la sécurité des personnes, notamment en cas d’incendie ne semblait pas assurée non plus. Les organisateurs et le propriétaire ont été identifiés et ils seront entendus. Nous avons procédé à des contrôles d’identité, vingt-cinq personnes ont été verbalisées, chacune à 135 euros."

"La commune, ses habitants et habitantes ont été victimes d'un spectacle sauvage, dans un bâtiment privé. C'est un acte irresponsable et innacceptable" a déclaré pour sa part le maire de la commune de Geispolsheim, Jean-Michel Schaeffer.

L’ARS demande à tous les participants à la soirée de se faire tester

Laure Pain, médecin de l’ARS du Grand Est parle "d’un acte irresponsable". "Dans ce hangar tout était clos, le lieu n’est pas prévu pour accueillir du public. Il n’y a pas de ventilation, donc une personne porteuse peut avoir contaminé cinquante ou soixante autres personnes, qui peuvent chacune à leur tour, en contaminer quatre ou cinq dans leur entourage. Car ces spectateurs ont tous des familles et des lieux de travail dans lesquels ils sont retournés. Ce n’est pas pour rien que les rassemblements sont limités à trente personnes. Je les encourage à suivre les consignes, à respecter les distances de sécurité et à considérer qu’elles sont porteuses durant les sept jours suivant le spectacle. Il ne suffit pas de demander aux personnes les plus vulnérables de se protéger, nous avons tous intérêt collectivement de barrer la route au virus". L’ARS demande aux personnes présentes au spectacle de se faire tester.

Le lieu exact du spectacle avait été communiqué au dernier moment par sms aux participants. Samedi 10 octobre 2020, près de 300 personnes se sont rassemblées dans le hangar d’une société de transport de la rue Frédéric Chopin à Geispolsheim-Gare (Bas-Rhin) pour assister au spectacle intitulé "Finissons-en !" de Dieudonné. "J’ai vu des centaines de voitures se garer à côté de chez moi. Les gens sortaient des chaises et des sièges pour emmener dans la salle", précise un riverain.
 
Outre le risque potentiel de créer un nouveau foyer épidémique ou cluster, le rassemblement non autorisé en Alsace est aussi ressenti comme du mépris à l’égard du personnel soignant, déjà épuisé part la première vague.

Une enquête ouverte en Meurthe-et-Moselle

La veille, vendredi, le polémiste avait donné un spectacle sans autorisation dans une ancienne scierie du village de Favières, en Meurthe-et-Moselle, suite auquel une enquête de gendarmerie a été diligentée. Là encore, plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées. Il y avait "environ 300 à 400 personnes", dont à peine "la moitié était masquée" a précisé Valérie Hoffmann, la maire, jointe par l’AFP. "Les gendarmes sont venus en nombre et ils ont fait des contrôles", a-t-elle ajouté.

Depuis une enquête de gendarmerie a été ouverte. Là-bas aussi, "le rassemblement était hors cadre. Le lieu d'accueil n'est pas une salle de spectacle et ne permet pas d'assurer le protocole sanitaire. Nous allons étudier quelles sont les voies légales pour verbaliser" a précisé Marie Cornet, directrice de cabinet du préfet de Meurthe-et-Moselle au quotidien régional Le Républicain Lorrain. 
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