60 grands hamsters d' Alsace ont été relâchés ce mardi 14 juin aux abords du Grand contournement ouest de Strasbourg. L'opération vient en compensation des dégradations dues à la nouvelle autoroute contournant Strasbourg. Alsace Nature dénonce une opération de communication.
C'est la deuxième opération de ce type ce mois-ci. Ce mardi 14 juin, 60 grands hamsters d'Alsace ont été relâchés aux abords d'Ernolsheim-sur-Bruche (Bas-Rhin), dans des parcelles cultivées.
Espèce "en danger critique d'extinction", le grand hamster d'Alsace fait l'objet d'un plan national d'action. Acheminés dans des petites cages en bois, les rongeurs, issus de l'élevage, ont été libérés successivement dans des terriers préalablement aménagés.
Ces lâchers ont été organisés par Vinci autoroutes, maître d'ouvrage et exploitant du Grand contournement ouest de Strasbourg, qui espère, via les reproductions attendues, compenser "l'impact de la réalisation de l'infrastructure" : "Ces lâchers d'individus d'élevage permettent de renforcer les populations existantes."
Une opération controversée
L'opérateur annonce que 180 individus seront "réintroduits" d'ici la fin du mois de juin. Un chiffre qui est loin de convaincre le directeur de l'association Alsace Nature : "Il y a un petit côté ironique d'avoir d'un côté détruit l'habitation du hamster et puis maintenant de relâcher des animaux", explique Stéphane Giraud. "Il faut ajouter un côté outrancier puisqu'on relâche des animaux dans un habitat qui ne leur est pas favorable. Au lieu de faire de la communication, Vinci ferait mieux de répondre aux injonctions du Conseil national de protection de la nature."
Les hamsters ont été relâchés sur 3 hectares de champs. Les agriculteurs concernés ont reçu un dédommagement financier, car ils ne doivent pas cultiver de maïs pendant les 10 prochaines années. "Ces parcelles sont conventionnées avec le monde agricole pour y planter des cultures favorables au hamster. Il y a aussi des protections pour éviter les prédateurs, on va laisser du blé sur pied. Une espèce, quand on commence à la protéger et à la nourrir, ça s'appelle une espèce domestique, ça ne s'appelle plus une espèce sauvage."
Chez Vinci autoroutes, on explique que cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une ERC, pour Eviter, Réduire et Compenser : "Si on n'arrive ni à réduire les impacts de la construction, ni à les éviter, on les compense en créant des milieux à proximité de l'autoroute." L'opérateur annonce que 1.000 hamsters seront relâchés entre 2017 et 2023.
" Si on veut vraiment protéger le hamster en France, ce qu'il faut faire c'est réintervenir sur le foncier, avoir une pluralité de cultures qui lui permettent de vivre, avoir des connexions entre les populations et tout ça c'est incompatible avec des projets comme le GCO. Le fonds du problème, c'est que dans un contexte extrêmement dégradé pour le grand hamster, on est venu rajouter un problème qui s'appelle le Grand contournement ouest", conclue Stéphane Giraud.