Greta Thunberg et agriculteurs se font face devant le Parlement européen autour de la préservation de la biodiversité

Ce mardi 11 juillet 2023 au matin, deux rassemblements ont eu lieu en face du Parlement européen de Strasbourg (Bas-Rhin). Syndicats agricoles et militants écologistes s'opposent fermement autour du texte sur la restauration de la nature qui doit être voté le lendemain.

Les députés européens doivent se prononcer en plénière le mercredi 12 juillet 2023 sur un texte controversé concernant la restauration de la biodiversité. La veille, militants écologistes, dont la Suédoise Greta Thunberg, et syndicats agricoles conventionnels ont organisé deux rassemblements aux abords du Parlement européen de Strasbourg.

La loi est source de vives tensions entre les eurodéputés. Le Parti populaire européen (de droite, le plus gros groupe au Parlement européen) s'oppose au texte, arguant qu'il mettrait en péril les revenus des agriculteurs. Tout comme les groupes d'extrême-droite et certains eurodéputés du groupe centriste Renew.

Le texte, qui vise à restaurer d'ici à 2030 30% des terres dégradées, électrise le monde politique mais aussi les syndicats et les militants. Le vote du 12 juillet risque de se jouer à quelques voix près. Symbole de cette crispation, les deux rassemblements devant le Parlement européen étaient séparés par un important dispositif de police.

D'un côté, plus de 150 eurodéputés, agriculteurs et syndicalistes agricoles se sont rassemblées devant l'un des 50 tracteurs venus autour de l'institution européenne. Parmi tout ce monde, la Française Christiane Lambert, présidente du Copa-Cogeca, qui regroupe de nombreux syndicats agricoles à travers le continent.

"Ce texte est mal pensé, mal construit. Les agriculteurs sont soucieux ! La restauration de la nature doit se faire avec eux et pas contre eux comme le veut le texte. D'autant qu'aujourd'hui, l'agriculture et l'alimentation sont devenus des armes. Les États-Unis et la Chine réarment littéralement leurs agricultures. Avec cette loi, l'Europe se retrouvera affaiblie", s'inquiète l'éleveuse.

"On demande aux députés d'écouter les agriculteurs. Il y a ceux qui parlent (en référence aux militants écologistes installés à quelques dizaines de mètres de là, ndlr) et nous, ceux qui agissent ! Tout ce monde a laissé les tracteurs, les moissonneuses, les vaches pour venir ici !", continue Christiane Lambert.

De l'autre côté du pont Joseph Bech, une centaine de jeunes militants écologistes et de députés écoutent leurs leaders qui défilent au micro. Favorables au texte, ils dénoncent la stratégie du PPE. "On assiste à une vraie soumission de la droite parlementaire face à l'extrême-droite", fustige le député européen écologiste Yannick Jadot.

Assaillie par les médias, la militante suédoise Greta Thunberg était au centre de l'attention. "Nous sommes dans une période déterminante pour le climat. Les personnes qui s'opposent à cette loi seront sévèrement jugées dans les années futures. Pourtant, les agriculteurs et l'environnement vont de pair ! Nous ne pouvons pas avoir de nourriture sans la nature. Nous sommes du même côté", répond-elle à France 3 Alsace.

Le député européen Pierre Larrouturou s'est adressé à la militante de 20 ans. "J'en veux beaucoup aux députés de droite qui rient alors qu'il fait plus de 35 degrés aujourd'hui. Pourtant, je vois les esprits évoluer chez les agriculteurs au sujet du réchauffement climatique. Mais certains arguments avancés me révoltent. En arrivant ici, je me suis trompé de rassemblement, j'étais de l'autre côté. Et je dois dire que j'avais honte d'entendre ce que j'ai entendu."

Après ces deux rassemblements aux allures de guerre froide, les eurodéputés sont entrés dans le Parlement pour débattre avant de voter le lendemain. "Ça sera chaud, dans les deux sens", prévient Pierre Larrouturou.

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