À Strasbourg (Bas-Rhin), un riverain a trouvé un hérisson recroquevillé sur un parking, le mercredi 4 août. Il a tenté de lui porter secours avec ses moyens et connaissances. Voici les conseils d'une experte : vous saurez ainsi ce que vous pouvez faire si vous vous trouvez un jour dans le même cas.
C'est un après-midi tranquille, le 4 août 2021 à Strasbourg (Bas-Rhin). Quang Huy Nguyen, un développeur informatique de 29 ans, sort de chez lui et se rend sur son parking. Il aperçoit alors quelque chose d'inhabituel.
Quelque de chose de petit et rond, "un peu plus gros qu'une orange"... et hérissé de piques. Un hérisson. Un animal en détresse dont il faut s'occuper. Ce dernier est prostré sur le macadam du parking, attaqué par un corbeau déterminé (sur l'Eurométropole, des corneilles peuvent être très farouches).
Le jeune homme décide de se porter au secours du petit mammifère et de l'emmener chez lui, avant de demander conseil sur la page Facebook Etudiants de Strasbourg. Cette histoire se déroule dans le quartier de la Meinau (voir sur la carte ci-dessous).
"Je ne savais pas quoi faire.", raconte Quang Huy Nguyen à France 3 Alsace. "J'ai trouvé un sachet en papier dans ma voiture pour récupérer le hérisson. J'ai cherché sur Internet comment réagir." Un peu comme Timothée Corre, un professeur strasbourgeois qui avait recueilli une chauve-souris.
En attendant, le hérisson trouve place dans un carton recouvert de vieux vêtements "pour qu'il ait bien chaud. On lui a donné des croquettes de notre chat, et un peu d'eau."
Sa demande sur Facebook amène des conseils plus ou moins avisés (ne surtout pas donner de lait, contacts associatifs, mais aussi... manger le hérisson). Le jeune homme appelle la responsable de l'association où il adopté son chat. Laquelle est en cheville avec le Groupement ornithologique du refuge nord-Alsace (Gorna). Certes, un hérisson n'est pas un oiseau, mais ça n'empêche pas les bénévoles de l'association de s'en occuper.
"On m'a demandé de le déposer à la fourrière de la SPA." Une personne du Gorna y est ensuite passée pour récupérer le mammifère recroquevillé. "Il était toujours en boule, mais j'ai vu qu'il respirait. Il n'a pas touché aux croquettes."
Il s'est avéré que le hérisson était blessé au museau, mais il sera soigné par le Gorna. Quang Huy Nguyen lui a sans doute sauvé la vie.
À faire ou ne pas faire : les conseils de la LPO
La situation pourrait être amenée à se reproduire. France 3 Alsace a donc contacté Émilie Dusausoy, soigneuse au sein du refuge de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d'Alsace. Elle aussi amenée à s'occuper de ces piquants, mais fragiles mammifères. Ils sont actuellement menacés. C'est "une année affreuse pour eux" : 2021 est bien loin d'être finie, mais la LPO a déjà dû s'occuper de 800 hérissons (autant qu'une année "normale").
"Ce n'est pas anormal de trouver un hérisson en pleine ville... en début de soirée. Mais ça l'est moins à cette heure-là de la journée." La LPO en accueille pas mal dans son refuge de Rosenwiller (Bas-Rhin), et y compris dans le Haut-Rhin via la Sentinelle Nature Alsace (SNA). "Le premier réflexe, c'est de contacter le centre de soins." Pour rappel, 03 88 22 07 35 pour la LPO et 03 88 01 48 00 pour le Gorna.
"On fera ainsi le point avec le découvreur. On visualise où l'animal a été découvert, dans quel état il est..." Notamment s'il s'agit d'un adulte ou d'un juvénile, s'il y a présence de parasites ou de sang, etc. Autant d'indications précieuses pour les bénévoles.
Le premier réflexe, c'est de contacter notre centre de soins.
Par téléphone, le centre de soins donne tous les conseils nécessaires, notamment pour la mise à l'abri du hérisson (il est fortement conseillé d'appeler la LPO ou le Gorna avant de l'"emballer"). L'hébergement idéal est de moins d'une journée, avant rapatriement et soins. Un "réseau de bénévoles dispatché dans toute l'Alsace" permet de récupérer le petit animal sans souci.
Des gants épais de jardinage, ou une serviette enroulée sont généralement utiles pour se saisir du piquant mammifère. Une fois placé dans son carton, ce dernier "doit être fermé et percé de trous d'aération : c'est très important que l'air puisse circuler. Et il sera mieux dans le noir, comme pour tous les animaux sauvages. Le hérisson sera bien mieux dans une pièce à part, éloignée des animaux domestiques, au calme." Il serait stressé, sinon.
A contrario, il faut éviter de l'emmener d'emblée chez soi "et surtout de le nourrir pendant plusieurs jours, sans avoir appelé le centre. Car malheureusement, ça arrive, des gens pensent bien faire, le font... puis se rendent compte qu'ils n'en sont pas capables. On comprend que ça part d'une bonne intention, mais parfois, ça fait plus de dégâts qu'autre chose."
Il y a l'exemple (malheureux) d'un hérisson conservé trois jours par son découvreur. "Il présentait une plaie béante sous le ventre, qu'on ne voyait pas forcément à l'oeil nu. Les premiers soins n'ont pas pu être faits, la plaie était trop nécrosée." Le réflexe "est vraiment d'appeler au plus vite".
Il faut également éviter à tout prix de donner du lait aux hérissons. Sinon, "ils ont énormément de problèmes digestifs et c'est compliqué de rattraper cette erreur". Les croquettes pour chats au poisson sont "hyper mauvaises" également.
Mais "si ce n'est pas au poisson, ce n'est pas une mauvaise chose", du moins si le hérisson n'est pas trop jeune. Pas de panique, le centre de secours vous aidera à déterminer son âge par téléphone. Disposer une coupelle d'eau est également un "bon réflexe, mais pour les adultes seulement".
Dans le cas des bébés plus spécifiquement, "si vous avez connaissance de la présence de hérissons dans votre jardin, que vous voyez des parents habituellement, et que d'un coup ils ne sont plus là... Les petits, délaissés, auront le réflexe de sortir de leur nid et divagueront dans le jardin car ils auront faim." Là aussi, il faut appeler sans tarder le centre de secours de la LPO ou du Gorna.
Il n'y a pas de gros risque de transmission de maladies ou parasites ("il n'y a pas de zoonoses répertoriées chez le hérisson"). Néanmoins, "ce n'est pas une raison pour lui faire des papouilles, etc. Cela va de soi... mais certains le font."
Vous savez maintenant quoi faire... et ne pas faire. Vous aiderez ainsi une espèce animale très importante pour les jardins, et la biodiversité en général.