Fin mai, Julien Wackenheim, mordu de cyclisme depuis sa jeunesse, participera à la Race across Belgium 2022, une course de mille kilomètres en trois jours. Un challenge très particulier, car au lieu d'un vélo de course, il enfourchera son petit 16 pouces pliable.
L'effort, l'endurance, et les longues distances à vélo, Julien Wackenheim connaît ça. A la fin de l'adolescence, ce jeune directeur régional de banque était membre du club cycliste d'Erstein et de Haguenau "en Division nationale 1 espoir" précise-t-il.
Après un temps d'arrêt pour faire ses études, il est remonté en selle en 2011, "entraîné dans l'aventure par des amis" pour faire le tour du Burkina Faso. Le but était de soutenir l'association Vélos pour le Faso, "dont l'objectif est de récupérer des bicyclettes en Alsace pour les envoyer au Burkina." Par la suite, toujours à vélo, il a aussi "fait Paris-Strasbourg en deux jours."
Mais cette fois, son projet est d'un autre acabit. Car pour tenter de parcourir en moins de 72 heures les mille kilomètres de la Race across Belgium, il choisit délibérément la monture la moins adaptée : le petit vélo pliable dont il se sert pour ses déplacements quotidiens.
"Je ne voulais pas juste me dépasser" explique-t-il. Pour lui, cette course est surtout l'occasion de "mieux faire connaître la sclérose en plaques", maladie auto-immune dont sa mère est atteinte depuis qu'elle a 30 ans.
Et, ainsi, de collecter des fonds permettant de financer la recherche médicale, "pour que les malades soient traités au mieux et le plus longtemps possible."
Un vélo vraiment pas adapté
"J'ai toujours été un homme de défis et de challenges sportifs" sourit Julien Wackenheim. Mais cette fois, il s'attaque à une gageure de taille… car son vélo, justement, ne l'est pas. Son petit Brompton pliant, un mini vélo de 16 pouces (environ 40 centimètres), est tout sauf l'engin idéal pour l'accompagner dans cette aventure.
Pourtant, il le connaît parfaitement, puisque c'est son compagnon de tous les jours. Celui avec lequel il effectue tous ses déplacements professionnels, "partout dans le Grand Est, et à Paris aussi. Je le replie dans le train, et ensuite, il me permet d'arriver à l'heure à mes rendez-vous", précise-t-il. "Et même d'éviter de prendre le métro."
Mais pour arriver au bout de la Race across Belgium, le petit vélo va devoir batailler – et les mollets de son cavalier itou, d'autant plus "qu'il n'y a que trois vitesses."
Un pari fou, illogique ? pas seulement. "C'est aussi pour démontrer qu'avec son vélo du quotidien, on est en capacité de faire une course comme ça, aussi dure soit-elle" précise Julien Wackenheim.
Un concurrent libre
La course partira jeudi 26 mai à midi de Waterloo, une petite ville au sud de Bruxelles, et s'achèvera au même endroit, dimanche 29 mai. Avant midi, pour respecter la limite horaire imposée.
Mauvais souvenir pour les admirateurs de Napoléon, ce lieu de départ et d'arrivée, Julien Wackenheim le perçoit plutôt comme "un joli clin d'œil" annonciateur de futures "victoires dans la lutte contre la sclérose en plaques."
Le parcours est constitué de trois boucles, respectivement de 500, 200 et 300 kilomètres. "Il passe par tous les monuments des courses cyclistes belges, Tour des Flandres et Liège-Bastogne-Liège" précise le jeune banquier. "On va rayonner autour de Bruxelles, pour arpenter ces circuits mythiques qu'Eddy Merckx et Bernard Hinault ont gagnés."
Mais contrairement à ce que chantait Jacques Brel, le "Plat pays" ne l'est pas tant que ça. Puisqu'à l'arrivée, les concurrents auront dompté pas moins de "10.000 mètres de dénivelés."
La Race across Belgium concède beaucoup de liberté à ses participants, à condition de respecter le parcours. Pour éviter toute triche "il y aura des traceurs GPS" permettant aux organisateurs de vérifier que personne "ne coupe le circuit."
Aucun hébergement n'est prévu, chacun se repose où il veut et peut. Sous tente, en forêt ou dans une botte de foin, qu'importe. "Vous transportez votre sac de couchage, ou vous dormez chez l'habitant, vous êtes totalement autonome" explique Julien Wackenheim.
Lui-même va s'octroyer un petit luxe : "Vu que je me mets un handicap avec mon vélo, j'ai choisi l'option hôtel" avoue-t-il. Mais pas question de se prélasser sous la couette. Car "compte tenu du timing et l'utilisation d'un vélo plus lourd que les machines de course des autres", il ne devra pas perdre de temps.
Pour réussir à effectuer sa moyenne de 330 kilomètres par jour, il va s'appliquer le principe du "petit dormeur, gros rouleur : je vais me coucher à 23 heures, et me lever vers 3 heures pour repartir à 3 heures 30." Afin de pouvoir rester 18 heures par jour sur les routes.
Côté repas, il sait qu'il devra "manger tout le temps" pour "mettre de l'essence dans le moteur." Il prévoit donc "des arrêts rapides dans les boulangeries", et parfois même un restaurant, "pour un vrai plat de pâtes."
Une aventure humaine
En toute objectivité, Julien Wackenheim sait très bien qu'il n'accèdera pas au podium. "Déjà avec un vrai vélo de course, mille kilomètres en moins de 72 heures, il faut y aller" reconnaît-il. "Je pars du principe que ce sera déjà une victoire de pouvoir arriver au bout dans ce délai-là, avec ce vélo-là." Il espère simplement s'éviter la déception de ne pas terminer dans le temps imparti.
L'essentiel, pour lui, est de participer à "une vraie aventure humaine". Aventure qu'il dédie à sa mère, en espérant "qu'elle est touchée, et fière."
Une aventure qu'il veut aussi "mettre à profit pour faire parler de la sclérose en plaques", en rappelant que les personnes atteintes par cette maladie invasive "continuent à avoir une vie, à sourire, à rigoler" et ont besoin "qu'on soit présents à leurs côtés."
Il fait connaître son projet sur les réseaux sociaux, et propose de suivre sa course en live sur son compte instagram. Par ailleurs, il a pris contact avec la Ligue française contre la sclérose en plaques pour qu'elle ouvre une cagnotte destinée à recueillir l'intégralité des dons suscités par son projet.