Tran Vu Tran, un coiffeur-barbier strasbourgeois, est à l'affiche depuis ce mercredi 1er février 2023 du nouveau film de la saga Astérix et Obélix, L'Empire du milieu. Un rôle qui lui a donné envie de poser le rasoir pour se lancer dans le cinéma.
À 32 ans, le Strasbourgeois Tran Vu Tran vit un rêve éveillé. Celui qui travaille depuis cinq ans dans un salon de coiffure de la capitale alsacienne joue dans le nouvel opus d'Astérix et Obélix, qui sort en salle ce mercredi 1er février 2023.
Il n'était pourtant pas destiné à apparaître dans un film, encore moins une grosse production comme celle de Guillaume Canet, qu'il appelle aujourd'hui "Guillaume". C'est en se baladant sur Facebook, en novembre 2020, qu'il repère un casting en cours pour le nouvel Astérix. "Je me suis dit 'pourquoi pas' . Alors je me suis inscrit."
Vient ensuite le casting, à distance. "On me dit de faire une vidéo dans laquelle je joue trois émotions différentes, continue celui qui n'a jamais pris un seul cours de théâtre. Mais qui ne tente rien n'a rien, alors j'ai fait ces vidéos. J'ai ajouté une vidéo de présentation et une autre dans laquelle je montre ce que je sais faire en arts martiaux."
Un spécialiste du tricking
Car notre coiffeur est aussi un grand sportif. Depuis 2017, le Strasbourgeois pratique le tricking. Cet art martial acrobatique, Tran Vu Tran en est devenu un expert à tel point qu'il donne désormais des cours plusieurs fois par semaine. Sur Instagram, il publie régulièrement des vidéos impressionnantes, comme celle-ci :
Tran Vu Tran continue son récit. "Deux, trois jours plus tard, je reçois un appel me disant que Guillaume Canet avait vu mes vidéos, et qu'il veut me rencontrer. À ce moment-là, je ne sais pas qui c'était. Je n'arrive pas à mettre un visage sur ce nom que j'avais pourtant déjà entendu."
C'est à ce moment que le futur acteur a failli commettre la boulette de sa vie. "On me dit de venir mardi. Tout naturellement, je réponds à la dame au téléphone que je suis complet au salon ce jour-là. Alors je demande : 'C'est possible de proposer à Guillaume Canet de déplacer le rendez-vous' ?", se souvient-il en éclatant de rire.
On m'annonce que c'est une opportunité qui peut changer ma vie.
Tran Vu Tran
À l'autre bout du fil, on lui fait comprendre l'enjeu du rendez-vous et ce qu'il peut représenter pour lui. "Je me suis dit que c'était quelqu'un d'important. Et on m'annonce que c'est une opportunité qui peut changer ma vie. J'ai pris conscience du truc, alors je me suis arrangé pour aller à Paris mardi. En raccrochant, j'ai tapé 'Guillaume Canet' sur Google, et en voyant son visage, je me suis dit 'Mais quel con!' "
Son patron l'a donc libéré et Tran Vu Tran a pu rencontrer le réalisateur du film. Ce dernier l'appelle de longues semaines plus tard. Nous sommes en février 2021. "J'ai eu le temps de me dire que je n'aurai pas le rôle. Mais alors que j'étais au boulot, je reçois un appel masqué pendant que je m'occupe d'un client. Je pars alors dans l'arrière-boutique avec mon collègue quand on me dit : 'Ouais, c'est Guillaume, t'es pris.'"
Le quotidien chamboulé du jour au lendemain
Les deux hommes s'échangent quelques mots, puis le coiffeur raccroche. Fou de joie, il hurle, les larmes aux yeux : "Depuis le salon, les clients pensaient que j'étais en train de crier sur mon collègue. Il y avait un mélange de joie et de stress. Je crois que j'ai mis deux semaines à réaliser."
S'ensuivent des appels tous les jours avec la production, des allers-retours entre Paris et Strasbourg, et un nouveau mode de vie à adopter. "Mon patron a été arrangeant, et j'ai pu concilier les deux. Mais je n'ai pas arrêté, entre les entraînements, l'habillage, le maquillage, on vient te chercher en taxi à la gare... Tout est carré et organisé au millimètre."
J'arrive sur un lieu avec plein de comédiens, des gens que je vois à la télé depuis mon enfance.
Tran Vu Tran
Pendant d'intenses journées de tournage partout en France dont de grandes scènes en extérieur en Auvergne, Tran Vu Tran a pu côtoyer des collègues pas comme les autres. Il faut dire que le casting d' Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu a de quoi faire rêver : Marion Cotillard, Vincent Cassel, Gilles Lellouche, Jonathan Cohen ou encore Zlatan Ibrahimovic.
"Moi, en tant que barbier, qui n'a jamais tourné nulle part, j'arrive sur un lieu avec plein de comédiens, des gens que je vois à la télé depuis mon enfance. À ce moment, on se dit 'Waouh, mais qu'est-ce que je fais là ?' ", se remémore le Strasbourgeois depuis son salon de coiffure.
"La première fois qu'on parle à quelqu'un de connu, on appréhende. Je me demandais ce que j'allais bien pouvoir dire. Mais finalement, on a eu une conversation très naturelle et surtout de vrais moments de rigolade ! Vraiment, il n'y avait pas cinq minutes où on ne riait pas", s'amuse Tran Vu Tran qui, comme tous les acteurs du film, a posté sur Instagram une photo de son personnage, le mystérieux prince du Deng...
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Le tournage terminé, notre coiffeur a dû retourner à son quotidien strasbourgeois, entre séances de sport matinales et coupes de cheveux et de barbe. Chemise rose qui laisse subtilement deviner son tatouage sur le bras gauche qui remonte jusqu'au cou, Tran Vu Tran raconte ses aventures avec ses clients, tout fier de lui.
Car cette aventure a donné des idées à l'Alsacien. Le voici entré dans le monde du cinéma, et pas par n'importe quelle porte. Au point de défiler sur le tapis rouge du cinéma parisien du Grand Rex, à Paris. C'était le 15 janvier, pour l'avant-première d'Astérix et Obélix, l'Empire du Milieu : "Encore un moment exceptionnel", témoigne Tran Vu Tran.
Encore sur son nuage, le désormais acteur avoue ne pas avoir ressenti de pression particulière, même si se voir sur un écran géant l'a impressionné : "Honnêtement, j'avais beaucoup moins le trac que les grands comédiens. Ils sont hyper attendus, alors que moi, je suis inconnu au bataillon !"
Un inconnu au bataillon qui pourrait ne pas le rester très longtemps. Ces derniers mois ont donné envie à Tran Vu Tran de, pourquoi pas, se lancer dans le 7e art. Un post Facebook d'apparence anodine pourrait bien l'emmener très loin.