Insolite : une famille strasbourgeoise participe au Getty Museum Challenge et se fait repérer par le magazine Historia

Pendant le confinement, une famille strasbourgeoise a relevé le Getty Museum Challenge. A quatre et avec les moyens du bord, ils ont reconstitué le "Tricheur à l’as de carreau » de Georges de La Tour. Le résultat est bluffant. Ils ont conquis le Louvre et le magazine Historia.
 

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Pour tromper l’ennui durant le confinement, les employés du Getty Museum de Los Angeles ont proposé aux internautes de reconstituer un tableau de maître avec les moyens du bord. Challenge relevé pour une famille strasbourgeoise. Leur reconstitution très personnelle du « Tricheur à l’as de carreau » de Georges de La Tour a conquis le Louvre et même le magazine Historia.
 

« C’est en faisant des recherches sur les réseaux sociaux que je suis tombée sur ce challenge », se souvient Céline Mehl, attachée d’administration à Strasbourg. Amusée, elle en parle immédiatement à son mari qui se prend tout de suite au jeu : « On a regardé ce qui était déjà posté. C’était drôle et très créatif ».

Edouard Mehl, enseignant-chercheur en philosophie se souvient, admiratif, de cette Anglaise qui a reconstitué Ophélia de John Everett Millais : « elle est tout de même allée jusqu’à s’allonger dans une mare en plein mois de mars ! ».

 


Il y a aussi cette version, pour le moins gratinée, de l’Origine du monde de Gustave Courbet réalisée en pommes de terre et spirale en inox. Il fallait oser, les internautes l’ont fait.
 
Autre reconstitution réussie et validée par la famille Mehl : celle du Portrait d’Adèle Bloch-Bauer de Gustav Klimt, imaginée dans une version plus gourmande par une jeune femme auréolée de petits pains et de gâteaux.
 


A Pâques, certains cherchent des œufs, d’autres se déguisent


Le matin de Pâques, Céline et Edouard Mehl proposent à trois autres familles d’amis de relever le défi. « On s’est donné jusqu’à 19h pour publier le résultat sur Whatsapp », raconte Céline Mehl, la mère de famille.

« Avec les enfants, nous sommes 4. J’ai donc d’abord cherché des œuvres mettant en scène 4 personnages », précise Edouard Mehl. Bingo : ce sera « Le Tricheur à l’as de carreau » de Georges de La Tour, peintre lorrain du XVIIè siècle, célèbre pour ses jeux d’ombres et de lumières, héritier spirituel de Caravage.
 

 

A nous quatre, on avait le tricheur, la dame, la servante et le page : le tableau de Georges de La Tour était jouable pour nous
- Edouard Mehl, participant au Getty Museum Challenge -


Au départ, leurs enfants n’étaient pas totalement emballés : « on se disait encore une idée de Papa ! », se souvient en souriant Bettina, 16 ans. Idem pour Tristan, 11 ans. Mais très vite, tout le monde s’investit.

Il faut choisir le lieu : ce sera dans le salon. On peut tirer la porte coulissante qui le sépare de la cuisine. En plus, le mur est sombre : parfait pour la toile de fond. Ensuite, il a fallu coller au plus près des costumes.
 

Céline, la mère de famille se souvient d’avoir détaché le col de son manteau en fourrure pour en faire un renard, digne de ce nom. Bettina raconte que la plume qui orne son turban est un souvenir rapporté d’un voyage en Italie : « c’est une plume de perroquet ! ». Quant au roseau qui orne le couvre-chef de Tristan,  ils ne sont pas allés le chercher très loin : « c’est un roseau qui vient de la Wantzenau ».  Pour l’épaulette de son costume, Edouard a cousu quelques mi-bas noirs. Il suffisait d’y penser !
 


Pour les éléments de décor, ils se rendent compte que le seul jeu de cartes dont ils disposent est à l’effigie de Tintin et Milou. Pas très XVIIè siècle tout cela! Qu’à cela ne tienne : on colle une illustration plus adaptée concoctée par les enfants. « Et puis, on n’avait pas d’as de carreaux… », soupire Céline Mehl.

Reste le plus dur : la composition. Tout est une question de détails et de profondeur de champ : « la reconstitution du jeu des regards et des mains était dans doute ce qu’il y avait de plus difficile », reconnait Edouard Mehl. « On s’est posé beaucoup de questions pour bien comprendre la scène ». En se penchant scrupuleusement sur l’œuvre de Georges de La Tour, la famille cherche à comprendre ce qui se trame entre les différents personnages.

Et puis arrive le moment crucial : la prise de vue. Le père de famille s’improvise directeur photo. Il ferme les volets du salon, dépose au sol sa lampe de bureau. Le téléphone est installé sur une pile de livres posée sur une table. Avec le retardateur (qu’il découvre à cette occasion), le chef opérateur a 10 secondes pour trouver la pose. « On s’y est repris plein de fois », se souvient Bettina, hyper motivée, « dès qu’on avait la bonne pose et le bon regard, il ne fallait plus bouger. C’était long et ma cruche pesait lourd à la fin ! ».

A 19h pétantes : la famille Mehl publie son œuvre sur leur groupe Whatsapp. Le concours entre amis est remporté haut la main. Soulagement pour Céline qui reconnait avoir passé « trois heures sous-tension ». Les enfants, réticents au départ, sont aux anges : « c’était jouissif » confie Tristan quand on lui demande comment il a vécu la chose. Bettina, quant à elle, est ravie « on n’avait jamais fait cela avant. J’ai eu l’impression qu’on avait accompli quelque chose ».
 

Une photo qui fait le tour du monde


Face à ce joli succès d’estime, Edouard se dit qu’il pourrait publier la photo sur son compte Twitter qui ne compte aucun abonné : « je ne m’y étais jamais intéressé auparavant ». Une bouteille à la mer donc, et vingt-quatre heures plus tard, surprise : 20.000 vues. Incroyable. Leur photo a été retweetée par le musée du Louvre. Le Museum Week s’exclame : «  This one is just brilliant ! » autrement dit « celle-là est vraiment géniale ».
 


La famille Mehl est contactée par une rédactrice photo du magazine Historia. Ghislaine Bras a repéré leur composition sur Twitter. « J’ai trouvé que c’était un travail bien mené. Je l’ai soumise à mon rédacteur en chef et au directeur artistique pour l'esthétisme. Nous avons décidé d’en faire le coup de cœur de la rédaction de notre prochain numéro ». La famille Mehl figurera donc en double-page d’ouverture du numéro d’Historia disponible dans les kiosques à compter du 4 juin prochain.
 


Une belle aventure de confinement. Depuis, Edouard Mehl a voulu continuer à s’amuser un peu avec une version de The Egg by Odilon Redon revue, corrigée et baptisée The Ego by Myself. Un ego quelque peu déconfit : cette fois-ci, personne ne l’a partagé.
 



 
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