La "journée citoyenne" fête ses dix ans: nos questions à son créateur, Fabian Jordan

Elle fête ses dix ans ce samedi 25 mai. La journée citoyenne, lancée pour favoriser le lien social entre habitants, élus et professionnels d’une même commune, est d’abord née en Alsace avant de conquérir le territoire. Rencontre avec son créateur, Fabian Jordan.
 

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Travaux de nettoyage, rénovation d’équipements, jardinage, coups de peinture...une fois par an, les habitants, les entreprises et les élus des communes françaises sont invités à se retrousser les manches pour une journée d’actions collectives. Objectif : mener différents chantiers censés améliorer le cadre de vie, mais aussi et surtout favoriser le « mieux vivre ensemble » en recréant un lien social qui tend à se distendre à l’échelon local. C’est, en tout cas, le constat – pas vraiment nouveau - dressé par Fabian Jourdan, maire de Berrwiller (Haut-Rhin), petite commune de 1200 habitants et président de Mulhouse Alsace agglomération (M2A), il y a dix ans.

Fabian Jordan, vous avez lancé la journée citoyenne en 2008. Quel impact a cette journée désormais ?

"On constate que l’engouement autour de cette journée n’a pas baissé du tout, bien au contraire. Nous étions seuls il y a dix ans, aujourd’hui, 300 communes l’ont adopté dans le département du Haut-Rhin. Cela représente 60.000 personnes engagées. Et cela a essaimé bien au-delà de nos frontières. En France, 2000 communes organisent leur journée au total, soit plus d’un demi-million de citoyens concernés. C’est une grande fierté. D’autant que les initiatives mises place ne sont pas seulement de l’ordre de « travaux » utiles, il y a aussi toutes celles qui sont de nature à créer du lien social. Des jeunes ont par exemple décidé d’inviter des anciens au cinéma. C’est très bien."
 

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Est-ce vraiment aux maires d’œuvrer pour la cohésion sociale ?

"J’ai constaté l’insuffisance des liens sociaux face à une société repliée sur elle-même, de plus en plus individualiste. Dans le temps, les liens intergénérationnels étaient automatiques, les familles s’entraidaient. C’est de moins en moins le cas. Le monde associatif est également en perte de vitesse faute de moyens. Aujourd’hui, le maire est en première ligne et reste celui que l’on vient voir quand quelque chose ne va pas. Il est l’élu de référence. A partir de là, nous avons notre rôle à jouer, indéniablement, dans le maintien de la proximité. De surcroît, il faut bien reconnaître qu’il y a de plus en plus de défiance vis-à-vis des politiques. Avec des initiatives comme celles-ci, vous arrivez à fédérer à nouveau. L’énergie positive, c’est important. La collectivité peut en être vectrice."

N’y a-t-il pas, au-delà de l’aspect social, une dimension économique intéressante pour les communes ?

"Au début, je n’ai pas créé la journée citoyenne dans un but financier. Mais les communes subissent une baisse de leurs dotations. Pour compenser, nous avons la possibilité de baisser nos frais de fonctionnement. C’est ce que nous permettent de faire les journées citoyennes. Les travaux réalisés par les participants nous font réaliser des économies sur lesquelles on capitalise et grâce auxquelles nous pouvons réinvestir. A Berrwiller par exemple, nous avons multiplié par trois notre budget investissement. Ce n’est pas négligeable. En ce moment, nous refaisons la façade d’une maison communale. Ça fait travailler les entreprises locales. Tout le monde s’y retrouve."
 

Le système ne risque-t-il pas de s’essouffler ?

"Non. Je ne crois pas. D’ailleurs, au-delà de cette journée, des initiatives se multiplient toute l’année. Ça fait boule de neige. La collectivité a donné un « permis de faire » et aujourd’hui beaucoup s’en saisissent. Des petites villes comme des grandes. Amiens devrait être la prochaine sur la liste à adhérer à la journée citoyenne. Et il devrait y en avoir d’autres."
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