L'écrivain alsacien Pierre Kretz a reçu vendredi 10 mai le prix Hebel à Hausen, en Allemagne. Une reconnaissance de son œuvre et principalement les romans écrits en langue alémanique.
Pierre Kretz est très calme au téléphone. Il reconnaît avoir été "très heureux" de recevoir le Hebelpreis, le prix Peter Johann Hebel, du nom du grand auteur allemand, de langue alémanique, né à Hausen, dans le Sud de la Forêt Noire.
Il précise : "je savais déjà depuis plusieurs semaines que j'allais recevoir cette distinction, ça me rendait très joyeux. Mais ce que j'ignorais, c'est que la remise du prix donne lieu à une grande fête populaire dans la ville de Hebel. La salle polyvalente du village était pleine à craquer. Je ne me doutais pas qu'il y aurait autant de monde."
"Et quand je vois la liste des Alsaciens qui ont remporté ce prix, Albert Schweitzer, André Weckmann, Claude Vigée, je suis impressionné. Ce qui me touche le plus, c'est que le jury n'a pas juste cherché un auteur alsacien. Ils ont été touchés par mon style, ma manière d'écrire."
Un prix, une langue et des amis
Plusieurs amis de Pierre Kretz ont aussi fait le voyage pour assister à cette remise de prix. Comme Pierre Marchand, ami de longue date et éditeur de Pierre Kretz. Il avoue avoir été "évidemment très ému. C'est une récompense qu'il mérite et qui le touche énormément."
Il a également beaucoup apprécié le discours de son ami Pierre, "il a parlé pendant une demi-heure, un long discours pour parler de la langue, et remercier tous les acteurs des deux côtés du Rhin qui l'ont accompagné. C'est très important qu'un auteur de ce côté du Rhin soit récompensé de l'autre côté, ça met en valeur la culture rhénane, et tout ce que nous partageons. C'est primordial d'être dans cette filiation des auteurs en langue alémanique pour lui."
Simone Morgenthaler, journaliste et écrivaine alsacienne a été aussi très heureuse d'assister à la cérémonie de remise de prix. "On voyait l'adhésion de tout un village autour de Hebel, et une mobilisation forte pour célébrer les racines de l'alsacien. Il y avait de beaux costumes, des fanfares, c'était très joyeux. Le village s'appelle Hausen im Wiesental, ça signifie la vallée des prairies. Et c'est vrai que tout est vert."
"Quand on rentre dans le village, on voit de beaux colombages, un art de vivre identique à celui qu'on a en Alsace. C'est une ouverture vers l'Europe, et on devrait développer ces liens que nous avons avec la Suisse et l'Allemagne."
Pierre Kretz a aussi tenu à remercier la radio publique allemande, SWR 4, qui lui a permis de mettre en ondes plusieurs de ses œuvres, comme I bin a beese Frau ou Ich wàrt uf de Theo, encore présents sur le site internet de la radio.
Simone Mortenthaler apprécie le parcours et l'œuvre de Pierre Kretz. "C'est un avocat de renommée qui avait décidé de mettre clef sous la porte à 50 ans pour se consacrer à l'écriture. Et il l'a vraiment fait. Il mène un combat pour le bilinguisme en Alsace et c'est un très bel exemple pour faire fleurir la langue alsacienne", conclut-elle.