Le REME, réseau express métropolitain européen, premier RER hors Île-de-France, passe en phase active ce lundi 12 décembre, avec plus de 100 trains supplémentaires autour de Strasbourg. La SNCF annonce des ajustements dans les 3 à 4 semaines à venir.
Sur le quai de la gare de Molsheim, par -7 degrés ce lundi matin 12 décembre, ce voyageur se félicite des dix minutes au chaud qu'il a gagné avant d'aller prendre son train vers Strasbourg : davantage de trains, c'est l'assurance de mieux ajuster ses horaires le matin et le soir.
Grâce à un cadencement largement renforcé, avec, en direction de la capitale alsacienne, un train à 7h29 puis 7h39, 7h44, 7h48 et 8h09, pour ne citer que ce court créneau horaires qui intéresse grand nombre d'usagers, beaucoup ont l'impression de gagner en souplesse.
"Si je rate un train, je sais que j'en aurai un autre dans les dix minutes", souligne une lycéenne, qui jusque là devait plutôt attendre 30 à 40 minutes. "Moi qui le prends tous les jours pour aller travailler, je gagne du temps et de la flexibilité", renchérit sa mère.
5 minutes de retard sur de nombreux trains du matin
Certains badauds ne manquent cependant pas de soulever que le panneau d'affichage annonce des retards sur plusieurs trains. Pour un jour de lancement grandeur nature du fameux réseau, cela fait effectivement un peu mauvais genre. Mais rien de plus normal, explique Stéphanie Dommange, la directrice du TER Grand Est pour la SNCF.
"Quand on augmente le trafic de la sorte, avec plus de 100 trains supplémentaires par jour, il y a une phase d'ajustement des horaires et des flux. Pour résorber les retards, on observe, on note tout ce qu'il se passe, et on peut modifier de 20 ou 30 secondes certains trains pour fluidifier le trafic...
Il faudra 3 à 4 semaines de réglages pour que tout roule parfaitement.
Stéphanie Dommange, directrice TER Grand Est pour la SNCF
La directrice fait partie de la centaine d'agents chargée toute cette première semaine de fonctionnement de jouer le rôle de sentinelles, présents sur les quais pour faire remonter leurs observations, mais aussi orienter les passagers, qui pour certains ont vu leurs horaires habituels légèrement modifiés.
Ces couacs, qui s'ajoutent à la suppression de trains pour la journée officielle de lancement dimanche 11 décembre, Jean Rottner, le président de la région Grand-Est, co-financeur du fonctionnement du REME, avec l'Eurométropole (à hauteur de 14,5 millions d'euros par an), ne les nie pas. "Nous savions que cela n'allait pas se faire sans difficulté. Nous avons encore cinq ans de travail pour augmenter les fréquences. C'est vrai qu'il manque des conducteurs de trains, nous en avons formés. Il manque des trains, nous en avons achetés."
Une 2e phase en janvier
Petits ajustements, dit la direction. Grandes inquiétudes, continuent de marteler les syndicats, qui ont fait savoir leurs doutes quant au bon fonctionnement du REME dans un contexte de manque de moyens humains et matériels, avec par exemple un manque de 70 conducteurs, selon la CGT.
"Nous, on a envie que ça marche. On est fier de pouvoir participer au déploiement du train, écologiquement, on sait que c'est l'avenir... Le paquet a été mis sur ce lancement, donc globalement, ça a bien fonctionné, estime Philippe Rauch, le secrétaire de l'union régionale Grand Est de FO-Cheminots. Mais c'est sur la durée qu'il faudra tenir, sur la maintenance notamment. L'usure va être importante sur des trains qui vont circuler autant... Il faudra continuer d'investir, être vigilant! Humainement, on est sur le fil aussi, on le sait... Il ne faut pas d'arrêts, de malades... On reste dans l'expectative."
Cette première phase de déploiement du REME, dans l'Eurométropole de Strasbourg, et au-delà vers Saverne, Haguenau ou Molsheim, doit permettre de mettre en circulation 800 trains supplémentaires par semaine, avant un nouveau renforcement du cadencement annoncé pour le 2 janvier, avec une soixantaine de trains de plus. Enfin, à l'été 2023, la SNCF annonce encore une hausse 200 trains hebdomadaires, faisant du REME le premier réseau de trains de cette ampleur dans une métropole française, hors Paris.