Alors que le Réseau express métropolitain européen (REME) est dores et déjà censé fonctionner à compter du 11 décembre à Strasbourg et dans le Bas-Rhin, Emmanuel Macron a annoncé dans une vidéo qu'une dizaine d'agglomérations françaises bénéficieraient d'un RER. Qu'en est-il des financements? Et que signifie cette mise en place pour les usagers et les cheminots? Eléments de réponse.
La vidéo n'en finit plus de faire parler. Ce dimanche 27 novembre, Emmanuel Macron s'est exprimé dans une vidéo sur Youtube sur certaines questions écologiques et sur les transports entre autre. Le président de la République a notamment fait une annonce qui en a désarçonné plus d'un, y compris dans son propre gouvernement : dans les cartons, des projets de RER dans 10 villes françaises.
L'objectif, c'est bien sûr d'inciter les usagers à recourir à des modes de déplacement décarbonés. Une annonce qui arrive alors que justement la région Grand Est et l'Eurométropole de Strasbourg ont annoncé la mise en place à partir du 11 décembre d'un Réseau express métropolitain européen (REME).
Autrement dit, davantage de TER entre les grandes villes du Bas-Rhin sur les lignes Strasbourg-Saverne, Strasbourg-Sélestat, Strasbourg-Lauterbourg et Strasbourg-Molsheim. 800 de plus par semaine dès le 11 décembre puis environ un millier six mois plus tard.
A l'horizon de l'été 2023, l'objectif est de faire circuler un train toutes les 15 à 20 minutes, des horaires plus étendus le matin et en soirée et plus de rames le week-end. D'ailleurs Jean Rottner, le président de la région Grand Est s'est exprimé ce matin à ce sujet. "Les présidents de région, a t-il dit, prennent acte de cette volonté du président, c'est une bonne annonce. Ceci dit, le 22 octobre dernier nous avions déjà signé une tribune dans la presse nationale réclamant un new deal ferroviaire, ça peut donc être la première étape de ce new deal, mais je rappelle que cette promesse est déjà engagée dans certaines villes comme à Strasbourg."
Et Jean Rottner d'aborder la question des finances, rappelant que le contrat de plan Etat/régions doit aboutir l'année prochaine et que la participation des métropoles à ce financement est également en question.
Pour l'instant le REME en l'état est financé par l'Eurométropole de Strasbourg et la Région Grand Est pour une enveloppe autour de 15 millions d'euros. Le REME bénéficiera-t-il de financements de l'Etat? Pour l'instant, on ne sais pas.
Alain Jund, vice président (EELV) de l'Eurométropole de Strasbourg, profite de la vidéo d'Emmanuel Macron pour faire un appel du pied. "Aujourd'hui il faut en effet avancer sur ces réseaux express métropolitains pour des raisons climatiques. Strasbourg est un peu en avance, donc ce que nous attendons aujourd'hui c'est que les pouvoirs publics puissent nous soutenir financièrement parce qu'avec la crise énergétique, toutes les agglomérations ont besoin de nouveaux financements. Par exemple à la CTS, le prix de l'énergie a été multiplié par 5 en un an."
En tout cas, en juillet dernier le président de la SNCF évaluait à environ un milliard d'euros par ville l'investissement nécessaire pour mener à bien la mise en place d'un RER.
Plus de trains, c'est évidemment une bonne nouvelle pour les cheminots, la CGT précise d'ailleurs dans un communiqué le 23 novembre dernier que le REME "contribue à répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux, qui s'imposent à notre société", sauf que justement, des cheminots, on en manque déjà.
"A la conduite, pour l'accompagnement des trains, dans les gares et dans les postes d'aiguillage, dans la maintenance du matériel roulant ou encore de l'infrastructure, partout il manque des bras" alerte ainsi le syndicat des cheminots. "La direction de la SNCF le sait pertinemment et la Région Grand Est ne peut l'ignorer puisque, à l'heure actuelle, des dizaines de trains sont supprimés. Prétendre augmenter le plan de transport alors que nous n'avons déjà pas les moyens de tenir la charge actuelle, est une arnaque."
Louise Feve est contrôleuse contractuelle à Strasbourg, et élue CGT. Elle ne décolère pas. "Ce sont de belles promesses, des effets d'annonce mais sur le terrain, le compte n'y est pas. Rendez-vous compte que déjà aujourd'hui, on supprime 80 trains par semaine faute de personnel ou de matériel, alors augmenter la cadence avec 800 trains de plus par semaine, c'est impossible!"
Verdict dans deux semaines précisément, on verra alors si le REME est sur de bons rails.