Lundi 9 octobre, le drapeau d'Israël avait été accroché sur l'hôtel de ville de Strasbourg. Il a été retiré deux jours plus tard, suscitant la polémique dans l'opposition. La maire écologiste de la ville, Jeanne Barseghian, évoque une "juxtaposition de drapeaux qui nuit à la lisibilité".
Depuis le lundi 9 octobre, le drapeau bleu et blanc était accroché aux côtés des drapeaux arméniens et ukrainiens, sur un des murs de la mairie de Strasbourg (Bas-Rhin). Tous ont finalement été retirés "36 heures" plus tard, donc mercredi 11 octobre au matin, selon les groupes d'opposition.
Jeanne Barseghian, la maire écologiste de la ville, a décidé d'installer à la place plusieurs panneaux. "Attentive à la cohésion et à l'unité de notre ville, je ferai donc installer (...), en lieu et place des drapeaux, un message portant haut nos valeurs", indique la maire Europe Ecologie-Les Verts.
Des messages pour mettre en avant les "valeurs" de Strasbourg, à savoir "Etat de droit, démocratie, égalité, non-discrimination", mais aussi "Justice, paix, liberté, droits humains". Pas suffisant, du point de vue de l'opposition municipale (Parti socialiste, Les Républicains et Renaissance) et de la communauté juive strasbourgeoise.
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Indignation de l'opposition
Les présidents des trois groupes d'opposition municipale ont protesté dans un communiqué commun. Tous et toutes disent dénoncer et condamner "cette décision inacceptable qui révèle à nouveau le vrai visage de la municipalité". D'une même voix, Catherine Trautmann (Parti socialiste), Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) ainsi que Pierre Jakubowicz et Nicolas Matt (Renaissance), déplorent que "Jeanne Barseghian trouve un prétexte pour le faire disparaître (NDLR : le drapeau) en catimini ce matin".
Les trois membres de l'opposition supposent que d'autres raisons sont à l'origine du retrait du drapeau israélien. "Pour faire disparaître le nom et le symbole d’Israël sans en assumer les motivations réelles, la Maire de Strasbourg est prête à sacrifier l’Ukraine et l’Arménie", déclarent-ils. Un peu plus loin, le commentaire se fait encore plus tranchant : "Le sang des victimes est encore chaud que le drapeau israélien disparaît déjà, comme si sa vue brûlait le regard de la majorité municipale."
La communauté juive inquiète des conséquences
De son côté, le consistoire israélite du Bas-Rhin est sous le choc de cette décision. "Il y a une grande déception de ma part, de la communauté juive, et des concitoyens non-juifs épris de liberté et de démocratie. Aucun argument ne peut justifier cette décision, tellement elle est désolante. À mon sens, c'est le fruit d'un dévoiement inacceptable de politiciens, et non d'hommes politiques. Un homme politique a du courage, un politicien fait des calculs pour travailler à sa réélection", s'offusque son président, Maurice Dahan.
Le représentant de la communauté juive pointe le fait que "ces votes du conseil municipal, d'aujourd'hui, jettent en pâture tous les citoyens, et font de nous la risée de l'ensemble du monde". "Nous sommes honteux d'être Strasbourgeois, déclare-t-il. Maurice Dahan s'inquiète des répercussions possibles de cette décision : "Je le dis ici même, c'est une forme de grande prise de risque de sa part et de la part de la majorité municipale, d'importation du conflit ici dans nos murs. J'appelle à remettre ce drapeau immédiatement, pour réparer cet affront à la démocratie et à la liberté".
Pour l'heure, le dernier bilan du drame en cours en Israël et dans les territoires palestiniens fait état de plus de 1 200 morts des deux côtés de la frontière. 150 otages sont en outre retenus par le groupe terroriste Hamas, selon les chiffres du gouvernement israélien.