Les premiers sextoys 100% français et pensés en Alsace, c'est "que du plaisir"

David Gros-Jean se définit lui-même comme un drôle de zozo. Qui fabrique de bien jolis zizis. Les premiers fabriqués 100% en France, sans bisphénol-A, sans phtalate, mais avec un plaisir non feint. Portrait de cet entrepreneur strasbourgeois de 26 ans, audacieux, qui prend du plaisir en en donnant aux autres.

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David Gros-Jean a une toute petite voix. Rieuse. Je ne le connais pas encore, mais je sens que cet entretien va être prometteur, pour ne pas dire foutraque. Et par les temps qui courent, un peu de fantaisie bien placée, est la bienvenue. Oh oui.

Le jeune homme de 26 ans, installé dans le quartier de la gare à Strasbourg, a fondé en décembre 2022 sa marque de sex-toys Krapulle. Tout un programme. Diplômé de la prestigieuse école de communication Iseg, il sait déjà, à l'époque, que les moules, ce n’est pas vraiment son truc. Excepté évidemment pour ses silicones.

"J'avais fait mon alternance dans une entreprise alsacienne. L'horreur absolue : du mépris, des brimades, j'ai fait un burn-out assez rapidement. Je me suis dit 'plus jamais ça'. Je veux être mon propre maître, faire ce que je veux et prendre du plaisir à ce que je fais."

On a fait notre mémoire de fin d'études sur les sextoys artisanaux. Une première dans l'histoire de l'école. C'est parti comme ça

David Gros-Jean

David est généreux. Il va également en donner, du plaisir. Par procuration. "Avec mon ami Darius, co-fondateur de Krapulle, on a fait notre mémoire de fin d'études sur les sextoys artisanaux. Une première dans l'histoire de l'école. C'est parti comme ça." C'est parti mon zizi. David et Darius obtiendront d'ailleurs une excellente note, "peut-être même la meilleure, je ne suis pas très scolaire." 

Des godes dans l'appartement

D'abord, David et Darius passent des mois à tester, expérimenter chez eux, avec leurs propres fonds. "On avait gardé de l'argent de côté pour partir étudier à l'étranger et, merci la Covid, on n'a pas pu. Nous avons utilisé ces fonds pour acheter les matières premières et créer notre Dildo Lab." Laboratoire de godemichés en bon français.

Et bons Français, David et Darius le sont. Mais ça, vous le verrez un peu plus tard. "Quand j'ai annoncé à mon père mon projet, il a fait une de ces têtes. Je m'en souviens encore. Il m'a dit 'mais tu vas donc pas arrêter de faire des bites dans ton appartement, trouve-toi un vrai travail.' Je crois, en fait, qu'il avait jamais vu de gode de sa vie."

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Le pauvre en verra encore. Par fournées entières. On s'ha-bite-tue. "Quand mes parents ont vu que c'était du sérieux, que j'étais heureux surtout, ils sont devenus mes premiers fans, mes premiers soutiens. Et ça, c'est très important."

Car oui, David est heureux. En faisant un pied de nez au monde impitoyable du travail, il prend son pied. "Moi, je dis, je fais le métier idéal, je prends du plaisir, j'en donne tout aussi certainement. C'est très valorisant de savoir qu'on donne satisfaction aux gens..."  Depuis décembre 2022, nos deux comparses ont leur propre atelier, où ils jouissent de leur liberté retrouvée.

Beaux et bons

"L'appel de la liberté, c'est exactement ça. On fait un métier créatif, manuel et avec une démarche vertueuse." Tous les sextoys sont fabriqués à partir de silicone biocompatible, sans phtalate et sans bisphénol-A. "Nous voulions proposer des sextoys beaux et bons. Nous avons fait le constat qu’aucun sextoy du marché ne nous plaisait vraiment. Il manquait des indications sur les composants, ou ils étaient trop standardisés, surtout pour les objets non vibrants."

Du coup, David et Darius conçoivent leur propre moule et fabriquent leurs godes de A à Z en passant bien sûr par X. " Nous fabriquons des godes plus ou moins mous, de tailles différentes, adaptés à toutes les morphologies, avec des zones à stimuler différentes. Anatomiquement, ils correspondent à tous et toutes. Ça permet à chacun de trouver chaussure à son pied. Ce sont des godes inclusifs oui."

Certains s'apparentent à de véritables sculptures. Du Rodin sous LSD. Colonne pailletée d'or, boudin cérulescent ou culbuto rose poudré, David vous en fera voir de toutes les couleurs. "Je fais moi-même les couleurs à base de pigments cosmétiques ou alimentaires. Petit, déjà, j'adorais mélanger la gouache. Je cherche la couleur parfaite. Chaque modèle est aussi unique en cela."

Le duo a déjà créé trois modèles de sextoy. Testés et approuvés par un sexologue. Vendus à 250 exemplaires. Préliminaires prometteurs.

Marcel.le

Le dernier-né s'appelle Marcel.le. Vous noterez le prénom inclusif. Et clairement, il marque un virage. Pas seulement patriotique. "Moi, je n'ai aucun souci avec le drapeau français, on vit dans un chouette pays."

Décliné en bleu, blanc et rouge, Marcel.e est surtout une promesse d'avenir. Le sextoy co-conçu avec Passage du désir, la plus grosse chaîne de love-store de France, sera commercialisé dans toute la France. Voir au-delà. Décollage garanti.

"Bon là, j'avoue que pour mon mélange des couleurs, ça a été un peu frustrant. Mais notre histoire prend une nouvelle dimension. Nous allons être beaucoup plus visibles. Passage du désir nous en a déjà commandé 400 et ça ira peut-être jusqu'à 1000. Ça fait de sacrées journées de travail en perspective. On va voir, on va peut-être embaucher."

David tient au "peut-être". Parce que, depuis six mois, ce dernier reçoit des monticules de CV. "Je n’en reviens pas, on en reçoit quasi tous les jours, c'est dingue, tu ne peux pas imaginer. Je crois que les gens recherchent du sens, du fun dans leur travail. Marre des casseroles." Gode save Bruno Lemaire ? 

Marcel.le et ses frères ont, en tout cas, déjà sauvé la sexualité de bon nombre d'anonymes."Ce qui me fait le plus plaisir dans cette histoire, ce sont les retours positifs que nous avons. Certains nous expliquent que pour la première fois, ils ont eu un orgasme pénétratif. D'autres, atteintes de vaginisme, nous disent que la mollesse du sextoy évite les douleurs, d'autres que la petite taille permet d'éviter des blocages psychologiques… Avoir ces retours, c'est juste merveilleux."

Ce qui me fait le plus plaisir dans cette histoire, ce sont les retours positifs que nous avons.

David Gros-Jean

Fun et utiles. David et Darius ont une imagination décidément débridée. "Là, on bosse sur des sextoys licorne, là pour les couleurs, on est bien, sur des sextoys tentacules, mais aussi sur de l'évènementiel."

Événementiel ? Là franchement, j'ai l'esprit large, mais j'ai du mal à saisir. "Oui alors heu, bon, on va proposer des lancers de sextoys pour les enterrements de vie de jeune fille ou de garçon. Avec une cible et des sextoys un peu défectueux ou trop mous, qui collent bien quoi. On l'a testé au salon du tatouage et à l'anniversaire de potes et ça a fait un carton."

Là, j'avoue être prise par surprise. D'un spasme, intense et durable. Le rire. Et tiens, celui-là aussi, il fait du bien. Merci à David qui tient toutes ces promesses, même les imprévues.

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