Logement insalubre et flambée des charges : la galère de Claire et ses six enfants

Cela fait quelques années que la situation se dégrade pour Claire Reinhardt. Habitante d'un des logements sociaux de Hautepierre à Strasbourg (Bas-Rhin), cette maman de six enfants voit ses charges augmenter chaque année, et l'état de son immeuble se détériorer.

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Dans un 60 mètres carrés à l'ouest de Strasbourg, Claire Reinhardt tente de joindre les deux bouts. Accompagnée de ses six enfants, cette maman a vu son loyer exploser en l'espace de deux ans. Bien qu'elle ne se chauffe plus pour réaliser des économies, la quadragénaire doit payer des charges supérieures au loyer.

L'état de son appartement la préoccupe tout autant. Depuis plusieurs années, elle est exposée à de la moisissure, de l'amiante, mais aussi à une prolifération de nuisibles.

Pour ne rien arranger, la Strasbourgeoise a été privée d'eau chaude sans en être prévenue durant deux semaines fin novembre. L'épisode de trop pour elle. Mais, pour faire entendre sa voix, les options se font rares.

"La sensation de ne pas être pris au sérieux"

Comme l'ensemble de ses voisins à Hautepierre, Claire s'est réveillée sans eau chaude jeudi 30 novembre. Lorsqu'elle contacte Ophéa, son bailleur social, la réponse donnée lui semble lunaire. "Ils m'ont dit que l'ouverture de la vanne avait été oubliée. Ils m'ont ensuite dit que ça venait du fournisseur, qui n'arrivait pas à assurer tous les contrats", soupire-t-elle.

Après deux semaines d'allers-retours entre son domicile et celui de sa maman pour se doucher, l'étudiante de 41 ans a enfin de l'eau chaude dans son logement. Mais cette passe difficile aura eu raison d'elle. "On a vraiment la sensation de ne pas être pris au sérieux."

Dans les quartiers on est un peu traités comme des sous-fifres

Claire Reinhardt, habitante du quartier de Hautepierre

Cet événement lui rappelle les travaux de rénovation entrepris en 2020. À cette époque, son immeuble est sujet à d'importants chantiers de mise aux normes. Les travaux sont menés au détriment des populations locales qui connaissent des coupures d'eau chaude à répétition. "On n’a pas de pouvoir. On n’a ni la force ni les moyens aujourd’hui de se faire entendre. Dans les quartiers, on est un peu traités comme des sous-fifres."

500 euros de charges en novembre

La récente coupure d'eau n'est pas l'épisode le plus difficile que vit la maman dans son logement strasbourgeois. Depuis deux ans, ses charges mensuelles augmentent à une vitesse folle. En plus des 450 euros fixes, elle doit régler près de 500 euros supplémentaires, censés assurer les dépenses de gaz et d'eau chaude.  

On n’est plus dans le social, on est totalement dans le profit

Claire Reinhardt, habitante du quartier de Hautepierre

Pour pouvoir tenir le coup financièrement, la maman a choisi de ne plus se chauffer depuis 2020. Mais le loyer continue d'augmenter mois après mois. "On n’est plus dans le social, on est totalement dans le profit", dénonce-t-elle.

Le bailleur social est quant à lui plus nuancé. Ces charges importantes seraient justifiées par une utilisation démesurée de l'eau chaude. "Il y a un usage excessif des douches qui font gonfler le montant de ses charges", indique Pascal Charpentier, directeur du pôle de la gestion locative à Ophéa. "Ses enfants font du sport. Je lui ai alors conseillé d'utiliser les douches collectives des vestiaires pour réaliser des économies d'eau".

Une exposition à la moisissure et à l'amiante 

Aux problèmes financiers viennent s'ajouter des problèmes sanitaires tout aussi préoccupants. Lors de sa rénovation en 2020, l'immeuble de Claire est recouvert d'un nouvel isolant qui supporte mal les chocs thermiques et laisse entrer la moisissure. "Ils ont utilisé un polystyrène peu cher et de très mauvaise qualité. On soupçonne qu’il ne soit pas aux normes européennes." De son côté, le bailleur nie toute négligence lors de la pose d'isolation.

Selon lui, l'apparition de moisissure est liée au mode de vie de Madame Reinhardt. "Le fait de ne pas utiliser le chauffage et d'utiliser beaucoup d'eau chaude crée logiquement de la condensation. Je lui ai conseillé d'aérer plus son logement et d'utiliser le chauffage."

Sur la même période, les ouvriers découvrent une surface d'amiante au niveau des balcons. Ces derniers doivent alors prévenir le danger sanitaire. "Ils ont juste posé une plaque de métal dessus", déplore Claire. "On a reçu l’interdiction de percer sur le mur, mais ça n’inspire pas confiance", ajoute la maman, qui constate l'inquiétante proximité entre ce mur et la chambre de ses enfants. Mais là encore, le directeur d'Ophéa est formel. L'exposition à ce type de minéraux ne génère aucun risque de santé pour sa famille.

L'immeuble n'est pas non plus épargné par les nuisibles. Les rats font partie intégrante du décor du quartier. Après de multiples plaintes, les habitants ont eu la bonne surprise de recevoir une lettre du bailleur, les invitant à mieux gérer leurs déchets.

Les cafards sont également présents en nombre dans les logements sociaux de Hautepierre. Sur ce point encore, les locataires se sentent terriblement seuls. "On essaye de lutter comme on peut par nos propres moyens. Des agents d’entretien sont envoyés une fois par an, mais leur produit est inefficace." Alors Claire et ses voisins se prêtent un produit acheté en grande surface pour désinsectiser leurs logements.

Un arrangement trouvé avec Ophéa

Contactée, l'agence Ophéa se dit très touchée par la situation de Madame Reinhardt. Si le bailleur se dédouane de toute responsabilité concernant l'apparition de moisissure et la hausse des charges, il a souhaité apporter son aide à l'étudiante de 41 ans.

Il y a quelques années, la maman de six enfants avait eu recours à un prêt pour payer ses loyers, avec un fort taux d'intérêt qu'elle peine à rembourser. Le dossier de la locataire a été confié par Ophéa à l'association Crésus, qui aide les personnes en surendettement. L'agence a également programmé une intervention pour régler les problèmes de moisissures.

Enfin, Claire Reinhardt a pu obtenir une réponse encourageante concernant sa recherche de logement. Locataire d'un quatre-pièces, elle avait abandonné les demandes il y a un an, faute de réponse concrète de la part du bailleur.

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