Taux d'intérêt qui s'envolent et perspectives d'activités en berne, à la veille de son assemblée générale le 6 décembre 2023, les membres de la fédération du BTP de Moselle sont inquiets pour l'avenir. Trois questions au président de l'arrondissement de Metz, Angelo Nespola.
Comment s'est portée l'activité du BTP en Moselle en 2023 ?
Cette année, ç'a été, mais l'année prochaine sera beaucoup plus compliquée. Nous, on a une grosse clientèle qui fait de la promotion immobilière. Pour eux, c'est clair, il n'y a plus rien qui se vend et d'ailleurs, on ne fait que rechiffrer plusieurs fois les projets. La non-prise de décision s'accélère. Le marché s'est tenu en 2023, ce serait malhonnête de dire le contraire, à condition d'avoir une clientèle qui ne soit pas exclusivement sûr de la promotion immobilière. Pour ceux qui sont sûrs de la promotion immobilière et du pavillon, cette année a déjà été difficile. Ce que l'on ressent, c'est que l'année prochaine va être beaucoup plus compliquée en termes de projets à réaliser.
Est-ce que le secteur va embaucher en Moselle ou au contraire réduire ses effectifs ?
On ne va pas réduire les effectifs, car on a un tel besoin de main-d’œuvre que l'on ne va pas se désengager de notre main-d’œuvre. C'est compliqué dans le bâtiment de former des gens, de faire grandir son entreprise avec ses employés et je rappelle qu'on est quand même sur un secteur en forte tension. L'entreprise va tenir ses effectifs le plus longtemps possible. On est entrepreneurs, on sait bien que la période est difficile, mais que derrière, il peut y avoir une éclaircie.
Les taux d'intérets bloquent la machine
Angelo Nespola, Président de la fédération du BTP 57FTV
Quelles sont selon vous les principales mesures que le gouvernement devrait prendre pour relancer l'activité du BTP en France ?
La hausse des taux d'intérêt des crédits a été beaucoup trop rapide, le marché ne peut pas absorber cela sans casse, ce n'est pas possible. L'État a favorisé la vente en bloc de logements à des bailleurs sociaux. Les promoteurs se sont dirigés vers cette solution pour créer un peu de volume et éliminer les stocks. C'est aussi ce qui a permis d'absorber ces derniers mois ce ralentissement au niveau des ventes. Il faut donc que l'État soutienne cette activité-là en donnant d'autres moyens aux bailleurs sociaux. Ce qu'il y a de frustrant, c'est que l'on a un vrai besoin de loger les gens. Et par la mécanique des taux d'intérêts qui sont partis très hauts, on bloque la machine.
Le coût de l'argent est beaucoup trop cher, notamment pour les primo-accédants. Si les taux d'intérêt ne baissent pas et comme les coûts de construction ont augmenté, il n'y a pas de solutions. Pour le client final, c'est toujours plus cher. Il est impossible que les gens se lancent dans un projet de construction. C'est ça qui inquiète les entrepreneurs du secteur et les promoteurs. Il y a un effet boule de neige que personne ne maîtrise. L'entreprise va perdre de sa rentabilité jusqu'au moment où elle se dit "on arrête". À la fin, il y aura malheureusement de la casse…