Plusieurs personnes ont été jugées ce lundi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Strasbourg à la suite de la 24ème manifestation nationale des gilets jaunes. Trois prévenus ont écopé de peines aménageables allant de 2 à 6 mois de prison ferme.
Les mains serrées dans le dos, la voix faible lorsqu’il répond aux questions qu’on lui pose, le jeune homme est le premier à comparaître ce lundi 29 avril après une interpellation en marge de la manifestation des gilets jaunes qui s’est tenue deux jours plus tôt à Strasbourg. La mobilisation avait, samedi 27 avril, rassemblé environ 2.000 personnes dans les rues de la capitale alsacienne, d’après les chiffres fournis par la préfecture. Une quarantaine d’interpellations avaient été effectuées.
Dont celle de cet homme de 19 ans, à sa sortie d’un McDonald's, quelques heures après avoir été aperçu vers la tête du cortège. Le parquet souligne que la journée a alors été marquée par un « centre-ville en état de siège » et « une série d’émeutes ». Comme la majorité des manifestants qui se présente au tribunal ce jour-là, il lui est reproché d’avoir participé à un attroupement malgré les sommations de dispersion des forces de l’ordre.
Une relaxe, trois condamnations
Les extraits vidéos versés au dossier laissent à penser qu’il aurait en sus été porteur d’une arme par destination. Une pierre, selon l’accusation. Ses clefs, affirme le prévenu. Quoi qu’il en soit, la vidéo ne le montre pas en train de lancer l’objet. Le jeune homme sera finalement relaxé à l’issue de l’audience.
Trois autres prévenus, deux hommes et une femme, ont quant à eux été condamnés à des peines aménageables. Trois mois d’emprisonnement pour un boulanger de 29 ans, poursuivi pour participation à une manifestation alors qu’il portait une arme - il avait été arrêté dès le début d’après-midi avec, dans son sac, un couteau et des feux de détresse. Un oubli, a-t-il plaidé, assurant avant le délibéré qu’il « [voulait] vraiment participer à cette manifestation pacifiquement ».
Des peines aménageables
Deux autres gilets jaunes étaient accusés de violences volontaires envers les forces de l’ordre (sans que les actes en question aient occasionné d’interruption de travail). Pour une mère de deux enfants, dont le casier judiciaire était jusqu’alors vierge, à cette charge s’ajoutait l’outrage à agent. A l’annonce du jugement - trois mois de prison ferme -, elle s’effondre. Avant de comprendre qu’en l’absence de mandat de dépôt, sa peine pourrait être aménagée.
Une peine plus lourde a été prononcée à l’encontre d’un employé de la ville de Strasbourg, « un individu lambda », selon les termes de son avocat, Me Mohamed Aachour. Il était notamment reproché à son client d’avoir, en état d’ébriété, jeté un objet en plastique sur un membre des forces de l’ordre. Le parquet requérait huit mois d’emprisonnement à son encontre. Ce sera six, assortis d’un total de 600 euros à divers titres. Une peine dont le tribunal a souhaité qu’elle ne soit pas inscrite au volet B2 de son casier judiciaire, eut égard à son emploi.
Un gilet jaune placé sous contrôle judiciaire
Un dernier gilet jaune, bien connu des cortèges alsaciens et des réseaux sociaux, comparaissait pour trois chefs d'accusation: dissimulation volontaire du visage sans motif légitime, participation à un attroupement après les sommations de dispersion, et organisation d’une manifestation sur la voie publique sans autorisation. Il a été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une nouvelle audience, prévue le 29 mai prochain. Il lui est également interdit de quitter le département du Bas-Rhin ou de se rendre dans l’Eurométropole.