Octobre rose : "Je suis debout et ça n'a pas de prix", Evelyne Bernard, la marraine sourire de la Strasbourgeoise

Les conversations avec elle sont teintées d'immenses éclats de rire. Pas question pour Evelyne Bernard, la marraine de l'édition 2023 de la Strasbourgeoise, de se laisser gagner par l'abattement. Touchée par un cancer du sein triple négatif en 2021, elle a accepté ce rôle pour transmettre aux autres sa force : son sourire.

Ce matin-là, Evelyne Bernard nous donne rendez-vous dans un petit bout de forêt situé à Ostwald. La marraine de l'édition 2023 de la Strasbourgeoise, la course contre le cancer du sein, est venue accompagnée d'autres participantes, d'anciennes marraines, toutes de roses vêtues. On ne peut pas les manquer dans la verdure qui nous entoure. Ni elles, ni leurs grands éclats de rire.

C'est la force de cette Guadeloupéenne d'origine. Quand on lui demande ce qu'elle a envie de porter comme message en tant que marraine, la quinquagénaire répond spontanément : "C'est le sourire ! Voilà, je suis debout, ça n'a pas de prix, alors il faut profiter de la vie au maximum !" Carpe diem, profite de l'instant présent, c'est l'idée qu'Evelyne veut transmettre à toutes les femmes atteintes d'un cancer.

Elle-même a été touchée par la maladie en 2021. "Un cancer triple négatif, le plus agressif, qui existe. Ça a un peu chamboulé ma vie, j'ai traversé cette épreuve comme si j'étais sur un bateau et je rame, je rame, je m'accroche et je franchis la ligne", nous précise-t-elle.

En effet, les traitements s'enchaînent vite, mais elle doit arrêter la chimiothérapie, son corps ne la supporte pas, alors c'est l'opération. Aujourd'hui en rémission malgré la virulence de ce cancer, Evelyne Bernard ne cesse de remercier ce corps qu'elle a pourtant malmené.

"J'avais tendance à tout planifier, tout prévoir, nous confie-t-elle, à penser à demain. Aujourd'hui, j'apprends à prendre mon temps, mon corps me le demande même si j'ai besoin de beaucoup bouger. Ce n'est plus moi qui commande en fait, mon corps, c'est le véhicule, maintenant, c'est lui qui décide."

Marraine un jour, marraine toujours

Elle éprouve aussi le besoin de s'entourer. Et bien. Ainsi Valérie Valentin, marraine de l'édition 2017, est aux côtés d'Evelyne. Ce matin-là dans la forêt, mais aussi tout au long des préparatifs de la Strasbourgeoise.

"C'est vraiment une envie que j'ai d'aider ces femmes-là, on voit à quel point ce soutien est important, ça donne du courage aux nouvelles personnes atteintes de cancer. Et puis, on a un petit slogan, marraine un jour, marraine toujours, alors on continue d'être solidaire, sensible à la cause, c'est un combat qui continue toutes les années et qui s'arrêtera j'espère, le jour où on aura trouvé des traitements pour éradiquer le cancer."

Avant cela, Evelyne a rendez-vous chez son kiné, qui la stimule avec douceur et fermeté. "Mon corps a besoin de ça, explique-t-elle. Il a été secoué par tous ces traitements, et donc être à son écoute, ça passe par cet accompagnement de renforcement musculaire."

Et pas question de s'arrêter là. On l'a dit et redit. Evelyne rit, vit et bouge. Une touche à tout qui ce jour-là, renoue avec la boxe, qu'elle a pratiquée plus jeune. "C'est un exutoire, explique-t-elle en reprenant son souffle, une façon de me libérer parce que pendant toute la période de chimio je me suis retenue. Là ça me libère de toute cette pression, ce stress. Je sens que je suis au bon endroit au moment, c'est ce dont mon corps a besoin. C'est vrai que j'aime bien tester plein de choses, mais mon corps sait et là je suis bien ici sur ce ring".

Il faut dire aussi que son prof d'un jour n'est autre que Bilel Bakhouche Chareuf, triple champion du monde de boxe dans les catégories WAKO Pro en K-1 et ISKA. "La boxe, c'est un sport qui permet de canaliser, se défouler, libérer du stress, de la colère, de l'anxiété, nous confirme-t-il. Il faudrait diffuser davantage ce sport dans nos sociétés. Le sport c'est un accélérateur de guérison, et le corps un ordinateur. Donc, quand on est bien dans son corps et sa tête, il sait trouver les ressources pour trouver des solutions."

Et la Strasbourgeoise alors ? Parce qu'avant la maladie, Evelyne ne pratiquait ni course à pied ni marche. "J'aime les défis, assure-t-elle, et si avant je ne me sentais pas concernée, là je suis confrontée à cette maladie, donc ça coule de source de participer à cette course, et c'était évident d'accepter d'en être la marraine."

Une certitude assénée dans un dernier grand éclat de rire. Elle est comme ça Evelyne.

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