La 63e grande braderie de Strasbourg a eu lieu ce samedi dans une météo propice aux fréquentations importantes. Et les habitués le martèlent : même à l'ère de l'e-commerce, les braderies restent des mines à bonnes affaires.
Son smartphone dans une main, deux sacs remplis de rideaux et de chaussures dans l'autre, Ahmed Cederati, 58 ans, fait le yo-yo entre les stands de la Grande Braderie de Strasbourg. C'est qu'il est en pleine conversation vidéo avec les membres de sa famille. Il leur montre chacun des produits intéressants sur lesquels il tombe. "Je suis d'Algérie et chaque année j'organise mes vacances pour venir à Strasbourg au moment de la grande braderie, explique-t-il. C'est là que je trouve des prix intéressants pour les cadeaux à la famille."
80 000 personnes étaient attendues ce samedi 22 juillet pour la 63e édition de cet événement majeur pour le commerce alsacien. On trouve parmi eux de nombreux chasseurs de petits prix comme Ahmed. "Les rideaux, je les ai payés 5 euros au lieu de 30 en temps normal. Pas mal non ? En plus il y a le contact direct avec les commerçants, je leur demande si ça va si la famille va bien, c'est convivial...et surtout on a confiance. L'arnaque est moins facile que sur Internet je pense !" Le format de la braderie doit pourtant faire face depuis plusieurs années à la concurrence féroce du e-commerce.
Des petits prix mais aussi un lien social
Les "bonnes affaires" se font ainsi de plus en plus en ligne et tout au long de l'année. "Je préfère dire qu'on évolue en complément du e-commerce, nuance Gwenn Bauer, président des Vitrines de Strasbourg et commerçant du centre-ville lui aussi. En plus des petits prix la braderie permet de visiter la ville, de se divertir, d'échanger avec les commerçants."
Cette relation particulière avec les commerçants est certainement ce qui convainc Anne-Elisabeth Rabot, infirmière-puéricultrice de 60 ans, de continuer à sillonner les allées de la braderie depuis 30 ans maintenant. "C'est vrai que j'achète de plus en plus sur Internet, mais ça ne m'empêche pas de venir à la Braderie tous les ans : on fait de bonnes affaires sur des produits de qualité, auprès d'artisans que l'on connaît...Au fil des ans je les connais maintenant, et je ne voudrais pas en changer." Anne-Elisabeth a d'ailleurs terminé sa tournée habituelle, place Kléber : "J'ai trouvé des cadeaux pour les fêtes de fin d'année, des bijoux ou d'autres objets de fabrication artisanale."
C'est un bon moyen de trouver des objets d'occasion à bas prix
Zoé, 25 ans
Il est en revanche bien plus compliqué d'échanger avec des jeunes le long des 400 stands installés pour la braderie cette année. "On n'est pas là pour la braderie", lance deux jeunes filles en poursuivant leur chemin. "I don't speak french (Je ne parle pas Français, NDLR)" lâche poliment un jeune touriste plus loin. Zoé et Carl, en revanche, s'arrêtent volontiers pour évoquer leur vision de la braderie. "C'est la première fois que fais celle de Strasbourg mais ce n'est pas ma première braderie, confie Zoé, 25 ans. Je pense surtout que c'est un bon moyen de trouver des objets d'occasion à bas prix."
Pour sa prérennité, la grande braderie ne pourra en revanche plus se reposer exclusivement sur les prix bas. "Il faudra que l'on repense l'agencement des stands, et on verra comment mieux inclure les habitants aussi", confie Gwenn Bauer, des Vitrines de Strasbourg. Les organisateurs tenaient d'ailleurs à ce que l'événement reste convivial et festif, malgré l'absence de vedettes par rapport aux éditions précédentes. Trois concerts du groupe local Perle étaient organisés tout au long de la journée place Gutenberg, place du Temple-Neuf, rue du 22-Novembre.
Certains commerçants cultivent la tradition de la braderie
De leur côté, les commerçants du centre-ville jouent plus ou moins le jeu. "Ce sont surtout les boutiques de prêt-à-porter qui installent leur stand dans les rues", selon Gwenn Bauer. Les deux tiers des stands appartiennent en réalité à des commerçants non-sédentaires. "Je comprends ceux qui ne participent plus parce qu'il y a la possibilité de le faire toute l'année en ligne, juge Julie, gérante de la boutique Naf-Naf place Kléber. Mais nous avons toujours notre stand : ça reste l'occasion de finir le stock des soldes. Bien sûr qu'on peut encore faire des bonnes affaires en braderie !"
Un peu plus loin, une foule se forme progressivement devant un stand. "Approchez mesdames et messieurs, vous verrez c'est l'affaire du siècle que je vous propose." Dans sa main, un simple rapeur. "On va commencer par le mojito, c'est avant la cuisine mais c'est le plus important. Vous mettez quelques glaçons dnas le poussoir, et hop, vous avez votre glace pilée". Sa démonstration se poursuit pendant plus de 5 minutes, sous les yeux captivés des curieux. Ce simple rapeur a fini par se vendre sept fois pour un numéro de 10 minutes. Alors, bonne affaire ou pas ?