La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) du Bas-Rhin appelle à une marche "citoyenne" contre l'antisémitisme ce dimanche 12 novembre à Strasbourg. Fabielle Angel, présidente de l'association, précise n'inviter "aucun parti politique".
Alors que les actes antisémites se sont multipliés depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a appelé à une marche contre "l'antisémitisme et pour la République" ce dimanche 12 novembre à Strasbourg. Le rendez-vous est donné à 11 heures place de l'Université en présence de Michel Deneken, le président de l'Université, puis le cortège partira en direction de la place de la République. Fabielle Angel, présidente de la Licra du Bas-Rhin, nous explique les raisons de cet appel.
Un appel à manifester dimanche contre la montée de l'antisémitisme par les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat à Paris. Un autre par le maire et par une députée à Colmar. À Strasbourg en revanche, l'appel ne vient pas du monde politique, mais de la Licra.Y a-t-il une raison particulière à ça ?
Nous envisagions depuis quelques temps déjà d'organiser une manifestation citoyenne pour lutter contre l'antisémitisme. Mais la mobilisation annoncée à Paris a accéléré les choses. Par ailleurs, on ne voulait pas qu'il y ait de récupération politique, de partis qui appellent à manifester. On voulait un mouvement citoyen, sans étiquette. Les politiques peuvent venir s'ils le souhaitent, mais en tant que citoyens, pas sous une bannière de leur parti.
Appelez-vous également les membres du Rassemblement National à rejoindre la manifestation ?
Non, mais je n'invite aucun parti contrairement à ce que j'ai pu lire dans la presse par ailleurs. Après, je peux vous dire qu'on ne défilera jamais aux côtés du RN, comme on ne défilera pas à côté de Monsieur Jean-Luc Mélenchon qui a eu des propos inacceptables récemment. Je ne généralise pas à tous les membres de la France Insoumise, je m'entends bien avec quelques élus locaux par exemple.
Et si ces politiques viennent quand même sous leur bannière ?
On leur expliquera calmement que ce n'est pas l'esprit initial de la manifestation, et on ne défilera pas à leurs côtés. De manière générale, je trouve que toutes ces polémiques autour des partis ont fait perdre de vue l'objectif initial : lutter contre les actes antisémites qui se multiplient partout en France.
Constatez-vous une montée de l'angoisse et de la peur chez les personnes de confession juive dans le Bas-Rhin ?
Nous n'avons pas énormément de retours des victimes directes d'antisémitisme à la Licra, mais je parle beaucoup avec des citoyens et des responsables de cette communauté, et oui, l'atmosphère a clairement changé depuis quelques semaines. Il y a de la crainte, et particulièrement chez les personnes âgées qui se souviennent d'une époque terrible... C'est une blessure qui se rouvre pour eux.
Dans votre communiqué, vous appelez également les associations cultuelles à rejoindre le rassemblement citoyen. Les responsables religieux peuvent-ils jouer un rôle dans la lutte contre la montée des sentiments de haine ou de peur entre communautés ?
J'aimerais beaucoup que les responsables religieux soient présents dimanche, et qu'ils défilent main dans la main. Je pense qu'à Strasbourg, nous avons une tradition forte de dialogue interreligieux, il y a même des élus responsables de ces liens. C'est une spécificité dont on doit tirer parti.