C’est une histoire étonnante qui sera jugée du 2 au 6 décembre 2019 devant les assises du Bas-Rhin. Trois hommes comparaîtront pour tentative d'assassinat sur une octogénaire en mars 2017. L'un d'eux avait appelé France Bleu Alsace pour obtenir des conseils sur l'héritage, avant de passer à l'acte.
"Allô, bonjour. Je voudrais tuer la mère d’un ami, mais avant je voudrais savoir si un testament peut-être modifié." Voilà comment on pourrait résumer l’histoire rocambolesque qui sera jugée du 2 au 6 décembre 2019 devant les assises du Bas-Rhin, même si ce ne sont évidemment pas les mots prononcés à l'antenne par l'accusé. Une histoire qui pourrait prêter à sourire… si ce n’est qu’elle a failli coûter la vie à une octogénaire de Duttlenheim.Tout commence le 1er mars 2017. Ce jour-là, Etienne Schaller, notaire strasbourgeois, intervient dans l’émission Les experts sur France Bleu Alsace. "C'était une grande première, se souvient-il. Parmi les auditeurs qui l’interpellent en direct, un certain "Yves" a besoin d’un conseil juridique sur les modalités d’héritage. Il veut savoir si un testament peut être modifié, évoquant le cas d'un "ami".
"Ce qui m'a étonné c'est que normalement les gens ne donnent pas leur vrai prénom. Lui il donnait le sien, il avait une voix et des questions bizarres. Mais ça ne pouvait pas laisser présager ce qui allait se produire par la suite", se remémore encore le notaire qui a eu la surprise d'avoir la visite des gendarmes à son étude quelques jours plus tard.
Poussée dans l’escalier pour son héritage
Le professionnel apprend alors que l’homme à qui il a délivré ses conseils vient d'être arrêté et mis en examen pour tentative d’assassinat sur une voisine, octogénaire. "L'ami" dont il parlait à la radio, n'est autre que le fils de cette dernière, mis en examen pour complicité d'assassinat.Le 3 mars 2017 en fin d’après-midi, cette dernière était en train de regarder la télévision dans sa maison de Duttlenheim (Bas-Rhin) lorsque Yves F. lui demande de se diriger vers la cave en invoquant un "problème". La retraitée s’était alors péniblement dirigée vers l’escalier à l’aide de son déambulateur. L’homme lui aurait alors retiré son appui avant de la pousser dans les marches et de lui cogner la tête contre le sol à une dizaine de reprises. L’octogénaire, toujours consciente, munie de son appareil de téléassistance, parviendra finalement à alerter les secours.
Un coup de folie?
Quel rôle chacun des deux hommes a t-il réellement tenu lors des faits? Y a-t-il eu préméditation? Des questions auxquelles le procès à venir devrait permettre de répondre. L'avocate de Yves F., décrit comme "stressé" à l'approche de cette étape judiciaire, compte plaider le coup de folie et faire ressortir la personnalité du mis en cause, en proie, à l'époque, à des problèmes psychiatriques. "Il était en pleine crise et aujourd'hui il exprime beaucoup de remords", confie maître Clémence Morel. Son client risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Dans cette affaire, un troisième homme, âgé d’une vingtaine d’année, sera également jugé pour non-assistance à personne en danger. Il lui est reproché d'avoir assisté à la scène, sans intervenir.
Voir notre reportage en 2017 au moment des faits: