Trois étudiants strasbourgeois et une association militant pour une mode plus inclusive ont organisé ce 27 mai à Strasbourg un défilé regroupant des personnes de tous âges, genres, morphologies, valides ou en fauteuil. Avec un message : que la mode prenne mieux en compte tous les physiques et tous les profils.
Samedi 27 mai, 14h30, en plein centre-ville de Strasbourg. Musique à fond derrière les grilles de l'ISEG, une école de communication et de marketing, dans la cour de laquelle a été dressé un podium. Quelque 150 personnes ont pris place de part et d'autre et attendent le début du défilé.
En coulisses, ajustement des tenues, dernières retouches de maquillage. Ballet de fauteuils roulants et de talons aiguilles. Les 22 mannequins du jour sont tous des amateurs. Valides ou non-valides, porteurs de handicaps plus ou moins visibles. Ils et elles ont la vingtaine, la cinquantaine, femmes, hommes, transgenres, grands, petits, minces ou plus ronds, peau noire, cheveux courts, gris, roux...
Ici, pas de profil type, c'est le mot d'ordre. L'essence même du défilé organisé par trois étudiants en première année de cette école strasbourgeoise, en partenariat avec l'association Labo Indigo, qui a fait de la mode inclusive son combat.
"Nous étions tous les trois attirés par le monde de la mode, explique Jade Mekhtoub. Mais interpelés par un constat d'uniformité : toujours le même type de personnes, pour le même type de vêtements mis en avant." À l'heure de proposer un projet dans le cadre de leurs études, les voilà donc lancés sur l'idée d'un défilé "différent". Ils y travaillent depuis huit mois.
Nous avons voulu que sur le podium, tout le monde se sente à sa place. Et que dans le public, les gens puissent s'identifier aux personnes qui défilent.
Jade Mekthoub, co-organisatrice du défilé inclusif
Sur leur chemin, Laurie Thébaud et Gabrielle Arnould, qui ont fondé le Labo Indigo, une structure mettant en relation des personnes porteuses de handicaps avec des créateurs de mode locaux, et qui les aide à financer la conception de vêtements adaptés à leurs silhouettes et leurs difficultés physiques.
En partenariat avec quatre créateurs de mode locaux
Gabrielle s'apprête d'ailleurs à monter sur scène avec une robe dessinée par le duo de couturiers James&ViviAnn du Fermoir-de-Monsac. C'est la deuxième fois que la jeune femme, née grande prématurée, avec plusieurs handicaps physiques et moteurs, défile ainsi, dans son fauteuil, avec la fierté de celle qui aime s'habiller avec glamour.
À ses côtés, Adnan vivra lui une grande première, "avec le trac, mais surtout l'envie de vivre une nouvelle expérience. Il ne faut jamais s'en priver !", sourit le trentenaire, lui aussi en fauteuil.
Un à un, ils défileront, valides et non-valides, pour mettre en avant les tenues confectionnées par les quatre maisons de couture locales qui ont joué le jeu avec enthousiasme, Pôle couture, La Fripette, Les mains poétiques, et James&ViviAnne du Fermoir-de-Monsac.
Leurs robes de mariées viennent, comme dans un défilé "classique", clôturer la fête, avant que les 22 mannequins d'un jour ne remontent sur scène pour savourer les applaudissements. Et les sourires, teintés d'une grande émotion, sont bien plus beaux à voir que le masque souvent affiché par les professionnels.