REPLAY - Christophe Kocher, pasteur : "Il faut montrer qu'être chrétien, ce n'est pas avoir des attitudes rétrogrades"

Onze ans après son arrivée à la paroisse Saint-Guillaume à Strasbourg, le Pasteur Christophe Kocher s'apprête à boucler ses valises pour rejoindre son prochain poste à Zurich. Dans la capitale alsacienne, il laissera une empreinte singulière. Portrait d'un homme fort peu conventionnel.

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L'esprit critique est-il compatible avec la foi ? Pour le pasteur Christophe Kocher, c'est oui, sans hésiter. Nous l'avons rencontré à l'occasion du tournage du magazine Enquêtes de région sur le thème de la différence. Une émission à revoir ci-dessous:
 
D'emblée, le ton est donné : pour nous accueillir, Christophe Kocher arbore, sous une veste noire ultra-classique, un tee-shirt aux couleurs arc-en-ciel de la communauté LGBTI. Le pasteur ne revendique rien, mais il n'occulte rien non plus. Même si cela heurte parfois des convenances bien ancrées au sein de l'Eglise.


La loi Taubira comme révélateur

Comme beaucoup de ses collègues, Christophe Kocher s'était accomodé d'une certaine discrétion. L'homosexualité était acceptée, officieusement. Une hypocrisie devenue intenable lors du débat sur le mariage pour tous. Certains propos ont été tellement violents, qu'il lui était impossible de rester muet. "Il fallait montrer que les chrétiens, ce n'est pas que ça, des attitudes rétrogrades et condamnatrices, raconte-t-il aujourd'hui encore. Face à l'hypocrisie, il fallait apprendre à nommer les choses".
 
Une reconnaissance indispensable selon lui, pour ne pas laisser les personnes LGBTI dans ce sentiment douloureux de ne pas exister. De ne pas compter pour la société. "Cette culture du secret, ça ne colle pas avec l'Evangile qui recommande à chacun d'être en vérité", dit-il. C'est ainsi qu' en juin 2013, la paroisse Saint-Guillaume menée par le pasteur Kocher a participé à la  "Marche des Visibilités" à Strasbourg, et elle est présente chaque année depuis.


La bénédiction pour tous

Cette participation à la Gay Pride a suscité quelques réactions épidermiques : lettres de menaces, ou encore prédictions d'enfer éternel. Rien de tout cela n'a arrêté Christophe Kocher. Son objectif : bénir les unions de couples du même sexe.
 
Devant le silence embarrassé des instances protestantes, il se décide en décembre 2018, à consulter son conseil presbytéral, qui lui donne le feu vert. Quelques mois plus tard, en mai 2019, le pasteur Kocher bénissait un couple de femmes. Et finalement, en juin de la même année,  l'UEPAL, l'Union des Eglises protestantes d'Alsace et de Lorraine adopte un texte pour autoriser officiellement ces bénédictions. Le mouvement est lancé.


Un pasteur au parcours atypique

Aujourd'hui, Saint-Guillaume compte un pasteur permanent, mais aussi une secrétaire, un sacristain, des organistes, et des dizaines de bénévoles qui s'impliquent dans la vie de la paroisse. Ce dynamisme retrouvé, personne n'y croyait il y a dix ans. Lorsque Christophe Kocher a pris ses fonctions en 2009, l'inspecteur ne lui avait pas caché les enjeux: réussir ou fermer. 11 ans plus tard, pari gagné, en grande partie grâce à cet esprit d'ouverture qu'il a pu insuffler. Ouverture et sens critique : Christophe Kocher se méfie des certitudes, et son parcours en est l'illustration. 

Pasteur à Neuchatel dès l'âge de 27 ans, il décide de passer un  Master of Business Administration (MBA) à l’école supérieure de commerce de Montpellier. Une formation sur 3 ans qui le conduira ensuite dans un cabinet de consulting à Genève, avant de bifurquer une fois de plus et de reprendre sa place au sein de l'Eglise réformée. Aujourd'hui, il est donc sur le point de rejoindre une nouvelle paroisse à Zurich, avec sans doute de nouveaux défis. Lesquels? Il ne le sait pas encore, et c'est très bien comme cela, car il le dit lui même : il préfere les questions aux réponses.
 
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