Lundi 14 juin 2021, France 3 Alsace organisait le premier débat des départementales. Cinq candidat.e.s ont évoqué l'avenir de la Collectivité européenne d'Alsace (CEA), ses compétences et son organisation. Voici ce qu’il faut retenir des échanges.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les 20 et 27 juin nous élirons pour la première fois les conseillers d’Alsace de la toute nouvelle CEA, née le 1er janvier 2021 de la fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Un super département rassemblant 1,9 million d’habitants pour former une seule assemblée de 80 élus. La collectivité compte 40 cantons. C’est un binôme homme femme qui est à élire dans chacun d’entre eux.

A l’aube de ces élections, cette assemblée départementale largement acquise à la droite, majoritaire dans 74 cantons, est confrontée à de nombreuses interrogations. Pour y répondre, cinq candidats étaient lundi 14 juin sur le plateau de France 3 Alsace.

Frédéric Bierry (LR), président sortant de la CEA

Fanchon Barbat-Lehmann (EELV)

Mathieu Cahn (PS), conseiller sortant

Christian Zimmermann (RN)

Jean-Georges Trouillet (Unser Land)

La sortie du Grand Est, pour ou contre ?

La première d’entre elles, source de clivage, concerne directement la légitimité de la toute jeune collectivité. Relativement méconnue des Alsaciens, souvent qualifiée de coquille vide par ses détracteurs, la CEA doit-elle sortir du Grand Est ? Unserland par la voix de Jean-Georges Trouillet répond oui, sans surprise. "C’est une question de démocratie. Plus de trois quart des Alsaciens demandent le retour à une région Alsace. C’est aussi une question de cohérence. Cette grande région ne prend pas parce qu’elle est incohérente, etc. Cette CEA a compliqué le quotidien de nos concitoyens".

Une complexification reprise par le candidat du Rassemblement National Christian Zimmermann. "Les gens ne savent plus à qui s’adresser quand ils ont des problèmes dans leur vie quotidienne", a-t-il affirmé. "Nous sommes pour la disparition de la région du Grand Est. Les compétences de la région doivent être transférées à la CEA. Ça fait 5 ans que nous dénonçons les gabegies financières de cette région".

Feu vert également pour Frédéric Bierry qui avait déjà appelé au démantèlement de la grande région il y a quelques mois. "Le Grand Est coûte plus, complique, contraint et éloigne les décisions des habitants. Notre enjeu est l’efficacité de l’action publique", a-t-il repris en formulant une proposition claire. "Si nous sommes élus, cette question sera posée clairement aux Alsaciens sous forme d’une consultation élargie. Le mode opératoire reste à définir. A quelques mois des présidentielles, ça nous permettrait de mettre une forte pression aux candidats".

Sur la même question, le PS en la personne de Mathieu Cahn s’oppose à l’indépendance alsacienne et place le débat ailleurs. "Il faut sortir de ce débat. C’est d’abord une question de gouvernance et de faire au bon niveau ce qui doit être fait" a martelé le candidat socialiste. Même position pour la candidate écologiste Fanchon Barbat-Lehmann. "La CEA est jeune. Elle a de nombreuses compétences pour valoriser cette identité alsacienne. Faire vivre l’Alsace, la CEA peut le faire avec le bilinguisme notamment. Aujourd’hui la question que se posent les habitants, c’est quelle est leur place dans tout ça ? Il faut qu’ils soient au cœur des décisions".

 

La question (symbolique) du siège

Voilà une autre source de crispation pour les candidats. Où doit s’établir le siège de la CEA ? Doit-il être unique ? Sur le sujet, Frédéric Bierry a tenu à rappeler que "l’enjeu" était de ne pas affaiblir Strasbourg "et en même temps, je ne veux affaiblir aucune autre ville. Le siège administratif à Strasbourg et le siège politique à Colmar", a-t-il prôné.

Pour Mathieu Cahn, "nous avons besoin de renforcer la place de Strasbourg comme capitale européenne. Ça n’est pas faire injure à aucun autre territoire de l’Alsace que de dire cela. Que le travail soit partagé entre Colmar et Strasbourg c’est bien mais symboliquement le sens politique, c’est de dire que la capitale de la CEA c’est Strasbourg et de ne pas commencer à louvoyer".

Unserland lie cette question à celle du bilinguisme. "Strasbourg est une ville de plus en plus monolingue" a indiqué Jean-Georges Trouillet. "Si Strasbourg veut être une vraie capitale européenne et veut pouvoir garder ce statut il faut qu’elle en ait les caractéristiques", a-t-il assuré, tout en tranchant : "la question du siège est une question purement symbolique".

De son côté, Europe Ecologie Les Verts irait bien faire un petit tour du côté d’Ensisheim. "Il y a un terrain parfait à côté de l’Ecomusée", a ironisé Fanchon Barbat-Lehmann. "A mon sens ce n’est pas la priorité. Il faut d’abord assurer la question de l’équilibre de la gouvernance, etc. C’est une question qui ne concerne pas que les élus". Le Rassemblement National plaide quant à lui pour Colmar "au centre de notre Alsace", qui "permettrait de faire des économies en terme de déplacements".  

Une collectivité et des compétences discutées

Cinq compétences ont été transférées au 1er janvier par l’Etat à la Collectivité Européenne d’Alsace. La politique transfrontalière, le bilinguisme, le tourisme, le réseau routier. Cela est-il suffisant ? Quelle autre compétence supplémentaire les candidats voudraient voir tomber dans l’escarcelle de la collectivité ?

La santé serait l’une des priorités du PS, pour une CEA "cheffe de file en matière de santé" pour plus de rapidité et de réactivité. Jean-Georges Trouillet y placerait l’éducation. Selon le candidat régionaliste, "c’est le fondement de la société. Il y aurait beaucoup de chose à gagner si cette compétence était régionalisée. Cela rendrait l’apprentissage plus efficace notamment".

Le président sortant voudrait lui miser sur l’économie. "Le social et la fragilité d’une partie de nos concitoyens est fortement lié à la situation économique. La capacité à agir a été réduite avec la loi NOTRe", a-t-il plaidé.  

L’enjeu est d’abord social pour les écologistes alors que sur la sécurité, marotte du Rassemblement National, Christian Zimmermann propose d’aider les communes à mettre en place un système de vidéoprotection, de réarmer les polices municipales et de mettre en place un chèque sécurité pour aider les particuliers à s’équiper d’alarmes.

Le transport, les routes...et l'écotaxe

C’est l’une des compétences nouvelles de la CEA qui génère le plus de débats. Actuellement, l’entité gère 6000 km de routes en Alsace, auxquels s’ajoutent 200 km de routes supplémentaires transférés par l’Etat. Il s’agit principalement de routes nationales, les autoroutes non concédées, qui pour certaines nécessitent des travaux et de l’entretien.

Pour Mathieu Cahn c’est certain, "la CEA va devoir rallonger". "On va revenir à des questions de priorités budgétaires. Dans le budget actuel, l’éducation représente 141 millions d’euros, les routes 149 millions", a-t-il rappelé.

Les écologistes refusent la construction de nouvelles routes. "On veut développer l’intermodalité. Il faut qu’à l’échelle de l’Alsace on puisse proposer des mobilités plus actives comme le développement de pistes cyclables. Il faut aussi réduire le trafic routier en développant le fret fluvial", s’est exprimée Fanchon Barbat-Lehmann.

Dans un avenir proche, il faudra "avoir une alternative complète à la voiture, une visibilité plus grande en matière de transport collectif", a explicité Unserland. Jean-Georges Trouillet avance la mise en place d’une "tarification unique à l’échelle de l’Alsace. Un seul billet pour aller d’un point A à un point B".

Au cœur des projets de la CEA dans le domaine, l’instauration d’une taxation des poids-lourd, sous forme d’écotaxe, divise également. Le 26 mai dernier le conseil des ministres a adopté une ordonnance qui l’autorise à mettre en place cette taxation à l’horizon 2024.

Pour Frédéric Bierry, "c’est un dossier complexe. Il y a différents types de taxes qui peuvent être mis en place. L’enjeu pour nous est de ne pas mettre en difficulté les entreprises alsaciennes. L’idéal aurait été de taxer uniquement les entreprises de transit mais le droit ne nous le permet pas. L’idée c’est de trouver des compensations pour nos transporteurs. Nous travaillons avec eux. Je propose qu’on sollicite les Alsaciens pour qu’ils donnent leur avis".

EELV propose de "prioriser la taxation sur les axes Nord-Sud, là où il y a essentiellement du trafic international. Il faut aussi que cette écotaxe soit progressive". Là encore, "il faut accompagner les transporteurs alsaciens". Faut-il exonérer les transporteurs alsaciens inquiets de cette écotaxe ? Seul le RN y est favorable. "La législation ne l’autorise pas", répondent ses opposants.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information