Calima, coordination alsacienne de l'immigration maghrébine souhaite aider à reconstruire un village après le séisme qui a frappé le Maroc, le 8 septembre. Une aide à long terme. Les dons, eux, sont redirigés vers d'autres associations.
Les Marocains ont tremblé d'effroi, et à Strasbourg ils sont nombreux à avoir voulu aider au plus vite les sinistrés, le lendemain du séisme de magnitude 6,8 à 7,2 près de Marrakech le 8 septembre 2023 qui a fait plus de 3 000 morts.
Mais pour l'association Calima (coordination alsacienne de l'immigration maghrébine), pas question de se précipiter et d'envoyer des containers d'habits ou de médicaments. "Vous n'avez pas idée du nombre de containers envoyés par les Marocains à l'intérieur du Maroc", explique Mustafa El Hamdani, coordinateur de Calima.
"C'est un pays qui ne dispose pas d'assez de possibilités de stockage, ça veut donc dire gaspillage et pillage. Nous n'avons pas voulu participer à des opérations de collectes qui ne bénéficieront pas aux sinistrés. Les routes sont coupées pour l'instant, comment voulez-vous que les colis arrivent !"
L'association, qui regroupe des Marocains et des Algériens notamment, a décidé de prendre le temps pour bien organiser son aide.
Reconstruire un village
"La semaine prochaine, nous allons envoyer deux de nos membres, qui parlent le berbère, pour qu'ils se rendent dans plusieurs villages qui ont été complètement détruits. Il faut qu'ils puissent évaluer les besoins, rétablir le réseau électrique ou le réseau d'eau, par exemple. Et puis il faut qu'ils discutent avec le maire de chaque village, pour voir si c'est quelqu'un en qui on peut faire confiance, ou si c'est quelqu'un de corrumpu."
Aujourd'hui, nous n'avons pas de vision réelle de la situation. La seule certitude, c'est qu'il faudra reconstruire le village.
Mustafa El Hamdani, association Calima
"Et alors, seulement, nous pourrons démarrer notre aide pour le village que nous aurons choisi. Mais aujourd'hui, nous n'avons pas de vision réelle de la situation. La seule certitude, c'est qu'il faudra reconstruire le village."
Calima a déjà pris contact avec Architectes sans frontières. "L'Atlas et le Rif sont des régions oubliées au Maroc. Très peu d'investissements ont été réalisés, parce que ce sont des régions contestataires. Les infrastructures étaient vétustes, les routes mauvaises. Elles ont vraiment besoin de tout."
Calima était au côté des associations marocaines, invitée par la maire de Strasbourg pour unir leurs forces pour les sinistrés. "Mais envoyer un container, ça coûte cher, 4 000 euros en moyenne. C'est plus utile de verser cet argent directement là-bas, pour que sur place les associations achètent ce dont les gens ont vraiment besoin. Au Maroc, il y a tout ce dont ils ont besoin", précise Mustafa.
Les routes sont coupées pour l'instant, comment voulez-vous que les colis arrivent.
Mustafa El Hamdani, association Calima
Il espère que les gens sensibilisés à cette catastrophe seront encore là plus tard pour faire des dons ou proposer leur aide. Il déplore ces aides faites dans l'instant, sous le coup de l'émotion.
"Ce tremblement de terre restera longtemps gravé dans les mémoires au Maroc", résume Mustafa. Avec son association, il espère en atténuer les conséquences dans un village de l'Altas bientôt.