Encore inconnu il y a quelques années, le moustique tigre prolifère à vitesse grand V sur Strasbourg. Porteur de maladies comme la dengue, l'insecte est aujourd'hui présent dans toutes les communes de l'Eurométropole.
Invité surprise de nos soirées d'été, le moustique tigre fait déjà parler de lui en cette fin avril. Son expansion est telle que l'Eurométropole de Strasbourg a lancé, jeudi 25 avril, un message d'alerte sur ses réseaux sociaux. "33 communes sont désormais impactées" peut-on lire sur X.
🦟 Moustique Tigre, agissons ensemble ! 🦟
— Strasbourg.eu (@strasbourg) April 25, 2024
Le moustique tigre poursuit son expansion sur le territoire de l'#Eurométropole de #Strasbourg et 33 communes sont désormais impactées.
🚫Pas d’eau stagnante = pas de moustique !
Plus d'infos : https://t.co/dtfa9XvaTO pic.twitter.com/cOjdskUtD4
Dans les faits, ce sont 61 villes du Bas-Rhin qui observent la présence de l'insecte. "La zone est considérée comme colonisée lorsqu'on trouve deux sites de moustiques tigres espacés de 300 mètres", explique Christelle Bender, responsable technique du syndicat contre les moustiques du Bas-Rhin.
Originaire d'Asie, l'animal est arrivé en Alsace il y a dix ans. "On l'a détecté dans le Bas-Rhin pour la première fois à Schiltigheim en 2014. Il arrivait du Sud de la France." Sa présence sur le territoire se fait aujourd'hui de plus en plus tôt, notamment à cause du réchauffement du climat.
Gare à l'eau qui dort
Si ses déplacements restent restreints – dans un rayon de 150 mètres en moyenne – le moustique tigre a su profiter des transports internationaux pour voyager sur de longues distances. "On pense qu'il a dû se glisser dans les pneus usagers des camions", raconte Christelle Bender.
La spécialiste se veut pragmatique face à cette augmentation. "Ils se développent grâce à l'eau stagnante présente à domicile. Cela représente 80 % des cas observés. Pas d'eau stagnante, pas de moustique." Concrètement, ce sont les petits récipients contenant de l'eau non renouvelée qui attirent le plus ces insectes rayés. Du pot de fleurs à l'abreuvoir pour oiseaux, les zones de prolifération sont parfois sournoises.
La seule solution reste l'entretien régulier de ces "gîtes". Christelle Bender préconise la pose de sable sur les coupelles de fleurs ou le colmatage des récipients non utilisés. "Si on ne fait rien, ça va être de pire en pire", alerte-t-elle.
La hausse de cas de dengue inquiète
Plus silencieux que son cousin européen, le moustique tigre est craint pour les maladies qu'il transmet. Zika, chikungunya, dengue, ces virus tropicaux ne sont plus étrangers au sol français et la prolifération de ces insectes y est pour quelque chose. 1 700 cas de dengue ont été détectés depuis le mois de janvier contre 137 sur toute l'année 2023. "Nous sommes face à une situation inédite", déclarait le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery, lors d'une conférence de presse, mardi 23 avril.
"Ce sont des cas observés lors de retours de vacances dans des pays comme ceux des Caraïbes, explique Christelle Bender. Le souci, c'est que normalement, une fois arrivé en France, le virus ne se propage pas. Maintenant que les moustiques tigres sont partout, le risque de transmission augmente."
Strasbourg passe à la vitesse supérieure
L'Eurométropole en est consciente : "le moustique ne disparaîtra pas, il faut donc freiner sa progression". Sa vice-présidente, Françoise Schaetzel, suit depuis quelques années l'évolution "impressionnante" de l'insecte sur le territoire et craint le développement de maladies graves. "Il n'y a pour l'instant aucun cas autochtone observé sur l'Eurométropole. On ne peut toutefois pas écarter cette possibilité à l'avenir."
Face à l'urgence de la situation, Strasbourg a intensifié ses actions de prévention en 2024. Les maires des communes sont mobilisés pour alerter leurs habitants sur les bons gestes à suivre. "On s'adresse également aux agents communaux. Ils doivent être formés pour ne pas laisser d'objets contenant de l'eau stagnante. Ce sont les premiers exposés", explique Françoise Schaetzel. En parallèle, l'Eurométropole voue une attention particulière à ses avaloirs. Toutes les six semaines, ces dispositifs de recueillement d'eau sont traités avec un produit larvicide biologique.
"Aujourd'hui, les communes les plus touchées sont celles bordant le Rhin comme Schiltigheim ou Bischheim. Mais nous avons une vigilance continuelle dessus", assure la vice-présidente. Elle rappelle néanmoins que l'efficacité de ces mesures dépend du bon vouloir des maires.