Une cinquantaine d'urgentistes ont protesté, devant le ministère de la Santé à Paris, contre le manque de moyens aloués à leurs services par l'État. Ils manifestaient en soutien aux grévistes du CHU de Strasbourg, paralysé depuis le 20 mars. Une délégation a été reçue par la ministre Agnès Buzyn.
Une centaine de médecins et soignants urgentistes, dont une cinquantaine venus de Strasbourg, se sont rassemblés mercredi 11 avril devant le ministère de la Santé à Paris pour "alerter" sur la situation des urgences, "à bout de souffle" et "exiger" des moyens supplémentaires.
Venus notamment de Reims, Angers, Lyon, Poitiers, Aix-en-Provence, ou La Rochelle, tous répondaient à l'appel des représentants FO et CFTC des urgences du CHU de Strasbourg, en grève depuis le 20 mars pour protester contre des conditions de travail "extrêmes" et un "fonctionnement dégradé", en raison d'un manque de lits et de personnel.
Une délégation reçue au ministère
"À bout de souffle, soigne et tais-toi", "l'État nuit gravement à la santé", "personnel épuisé, travail dégradé, patients en danger", déploraient de nombreuses banderoles et pancartes. Vêtus pour certains de blouses blanches, les manifestants ont protesté en musique, alors qu'une délégation était reçue au ministère par des représentants de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS)."Les conditions de prise en charge sont intolérables. Les professionnels, en sous-effectif permanent, sont arrivés à bout" et "on ne peut plus admettre tous les malades", a expliqué à l'AFP Christian Prud'homme, représentant de FO à Strasbourg.
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, estimait en début de semaine dans un entretien à Libération, que "10% à 14% des services d'urgences sont en surchauffe". "Même 10 à 14%, c'est inacceptable", et "récemment, c'est allé jusqu'au décès de patients", s'est indigné M. Prudhomme.
Deux jours sur un brancard
En mars, une Rémoise de 73 ans et une Rennaise de 60 ans avaient succombé sur des brancards dans le couloir, après une longue attente et sans avoir été auscultées. "Les plans de retour à l'équilibre ne justifient pas" que "des gens restent deux jours sur un brancard! C'est trop simple de dire que c'est un problème d'organisation", a aussi réagi Alain Ferreira da Silva, représentant CFTC.Mais la délégation reçue par la DGOS est ressortie déçue. "Ils nous écoutent, ils comprennent", mais "la ministre n'étant pas là, personne ne prend de décision", a regretté Jean-Claude Matry, président de la CFTC au CHU de Strasbourg. Selon M. Prud'homme, la DGOS s'est "engagée à donner des réponses rapidement", sans donner de précisions.