Ce mardi 6 juillet marque les vingt ans de la catastrophe du parc du Pourtalès, 13 personnes venues assister à un concert en plein air, sont mortes le 6 juillet 2001 après la chute d'un arbre. Comment la ville, condamnée à l'époque, mais aussi les météorologues, ont-ils tiré les leçons de ce drame.
Il y a vingt ans, dans la soirée du vendredi 6 juillet 2001, treize personnes, dont deux enfants, sont mortes après la chute d'un platane provoquée par un violent orage. Les victimes assistaient à un concert en plein air organisé dans le parc du château de Pourtalès, l’un des poumons verts de Strasbourg situé au nord de la ville. L'arbre centenaire de 40 mètres de haut et de 70 tonnes s'est abattu sur l'abri de toile sous lequel s’étaient réfugiés 120 spectateurs. Une centaine de personnes ont également été blessées.
Six ans après le drame, la ville de Strasbourg, reconnue coupable d'homicide et blessures involontaires, a été condamnée en 2007 à 150.000 euros d'amende, en tant que personne morale. Dans le jugement, de multiples négligences sont pointées du doigt par le tribunal correctionnel. Absence de prise en compte de l’alerte météorologique, problème de coordination entre les services municipaux, ces failles ont questionné l’ensemble des collectivités françaises. A Strasbourg, elles ont depuis été corrigées, assure-t-on. C'est d'ailleurs suite à cette catastrophe que le protocole d'alerte orages a été mis en place, au niveau national.
Une politique zéro risque
Le drame du Pourtalès est "un traumatisme pour toutes les collectivités qui organisent des événements dans des parcs, car c'est de la responsabilité du maire", rappelle Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des espaces verts et naturels urbains. "Il a fallu qu'il y ait des victimes pour qu'on accepte d'annuler des événements à cause de la météo. C'est toujours délicat d'annuler un événement, mais aujourd'hui, on sait pourquoi on le fait".
Anticiper, avec une politique zéro risque assumée, conduit également à l’annulation régulière des manifestations publiques. "On est intransigeant avec les conditions météo. On va toujours aller vers plus de sécurisation. Dès lors qu'il y a un vent fort, on ferme les parcs, les cimetières et on informe les médias, tous les services, ce façon à ce que tout le monde soit au courant que ces lieux ne doivent pas fréquentés".
Quant aux 85.000 arbres gérés sur l’espace public, ils sont contrôlés tous les quatre ans, mais les plus fragiles d’entre eux sont désormais expertisés tous les deux ans. "Quand un état sanitaire présente un risque pour la population, l'arbre est abattu et on en replante d'autres par la suite".
Un nouveau dispositif d'alerte météo
Pourtalès, est devenu un cas d’école, y compris pour Météo France. "Chaque événement permet d'améliorer la sécurité. Dans les conditions dans lesquelles nous travaillons aujourd'hui, il y a une proactivité avec l'ensemble des acteurs (pompiers, sécurité civile, météo France etc.), indique Sébastien Chêne, directeur de Météo France. "Les contacts sont journaliers. On fait en sorte de s'éviter qu'il y ait une quelconque incompréhension génératrice de risques dans la chaîne".
Juste après le drame, l'organisme a généralisé un nouveau dispositif d'alerte. Des vigilances colorées en fonction de leur importance pour améliorer la communication. Les moyens de calcul évoluent eux aussi. "Ils permettent de gagner un jour de fiabilité de prévision tous les dix ans. Et un service spécialisé surveille des paramètres 24h sur 24h. Pour l'Eurométropole, les enjeux sont le vent et la pluie. Dès qu'une menace de dépassement de seuil se profile, des bulletins spécifiques sont émis pour conseiller l'Eurométropole sur sa prise de décision", précise-t-il. Le risque météorologique est désormais analysé plus efficacement, mieux diffusé et pris en compte, pour ne plus jamais revivre l'horreur.