Une trentaine de militants de l'association L214 a investi la place Kléber ce samedi 28 septembre, de 15 heures à 17 heures. Au programme : images choc affichées sur des panneaux ou diffusées dans des vidéos pour inciter les passants à signer une pétition contre l'élevage intensif.
Tracts à la main et anorak orange fluo sur les épaules, les militants de l'association L214 ne sont pas passés inaperçus sur la place Kléber ce samedi 28 septembre. En plein milieu de l'après-midi, ils ont arrêté les passants pour dialoguer avec eux et les inciter à signer un appel contre l'élevage intensif. Lancée début septembre, la pétition compte pour l'heure plus de 90.000 signatures, dont celles de personnalités comme Isabelle Adjani, Nathalie Baye, Nagui, Pierre Niney ou encore Véronique Sanson.
Quelques mètres plus loin, des militants sont statiques et silencieux. Certains tiennent des banderoles ou panneaux, d'autres des ordinateurs. Sur tous les supports, des images choc et des mots poignants attirent l'attention : "Sélection génétique - les poulets subissent une croissance trop rapide et croulent sous leur propre poids", "Expérimentations animales - les vaches ont l'estomac perforé pour étudier leur productivité". Les vidéos, elles, montrent des animaux violentés.
Dégoûter pour faire changer les comportements
Toucher, sensibiliser, dégoûter même, c'est le but de l'action menée dans plusieurs villes de France. La référente de l'association au niveau Alsace, Fabienne Woelfflin, sait qu'il faut passer par là. Elle a elle-même changé son comportement il y a quelques années après avoir vu un documentaire sur Arte.La souffrance animale, préoccupation majeure des citoyens
La plupart des citoyens intéressés par l'action de L214 s'inquiètent avant tout de la souffrance animale. "J'ai été bénévole dans des refuges pour chats et je suis très sensible à la violence dont sont victimes les animaux. Ce sont des choses qui n'ont pas besoin d'être", confie Elodie, une Strasbourgeoise accompagnée de sa maman venue discuter avec les bénévoles. Elle affirme acheter aujourd'hui sa viande "dans des coopératives plutôt que dans des supermarchés car elle vient souvent de structures plus petites, et avoir diminué sa consommation".Arnaud Trometter est dans le même cas. Le jeune homme de 22 ans, originaire d'un petit village du nord du Bas-Rhin et qui a grandi près de fermes, songe à devenir militant. "Je ne suis pas à l'extrême, mais je pense que ce genre de gros élevages ne devraient plus exister, donc je ne mange plus que rarement de la viande, une à deux fois par semaine maximum", assure-t-il, alors qu'un peu plus loin, un homme invective un militant avec sarcasme : "Si je ne mange plus de viande, je vous mange vous, attention".
Rires jaunes. C'est précisément ce genre de réflexions que l'association dit vouloir combattre en proposant des alternatives. "Car l'élevage intensif est le problème de tous : au-delà des animaux, il y a des conséquences sur les consommateurs qui ingèrent les antibiotiques injectés aux bêtes pour qu'elles ne tombent pas malades malgré une grande concentration dans un petit espace. Il y a aussi des conséquences sur les petits agriculteurs totalement noyés par les grandes structures, sur les employés d'abattoirs qui souffrent et bien sûr sur l'environnement", commente encore Fabienne Woelfflin.
Faire tomber les camps
Les militants prennent l'exemple de l'Amazonie qui brûle "pour qu'on puisse y planter du soja" afin de diffuser leur message. "Au moment où le réchauffement climatique devient un véritable enjeu, on peut faire un geste pour réduire notre impact carbone et je pars du principe que chaque geste compte", souligne Théo Bouillé, Mulhousien de 17 ans venu tracter pour la première fois.Quoi qu'il en soi, l'association veut brasser large, rassembler les citoyens "quelle que soit leur façon de consommer" pour être capable de "changer les choses". Cet extrait du dernier livre publié par L214 aux éditions Liens qui libèrent, Quand la faim justifie les moyens : En finir avec l'élevage intensif, résume son nouvel état d'esprit, basé sur l'union plutôt que la division : "Penser que les éleveurs, les ouvriers d'abattoir et les consommateurs de viande d'un côté, les flexitariens, les végétariens et les vegans de l'autre, sont deux camps monolithiques qui s'opposent est une erreur de discernement contre-productrice. C'est ensemble que nous parviendrons à changer le monde".