Le local du Bastion social, ouvert le 9 décembre 2017, fait déjà l'objet d'une décision municipale. La Ville a adopté, lundi soir, une motion demandant la dissolution du mouvement identitaire et la fermeture de l'Arcadia, situé dans le quartier de l'Esplanade.
"Pourtant, tout est en règle." Stupéfaction et colère dans les rangs du mouvement identitaire Bastion social. Le conseil municipal de Strasbourg a adopté lundi soir une motion demandant sa dissolution et la fermeture de son local, dans le quartier de l'Esplanade.
La décision, adoptée à l'unanimité des conseillers présents, intervient moins de deux mois après l'ouverture de l'Arcadia à Strasbourg. "Tant au titre de la sécurité publique que pour la préservation des valeurs républicaines (...) le conseil municipal demande unanimement au préfet la fermeture de l'Arcadia, et au gouvernement que le mouvement bastion social soit dissout, précise la motion soumise aux élus, à l'initiative du maire socialiste Roland Ries. Les objectifs affichés par le bastion social reposent sur la discrimination et le rejet de l'autre."Ce sont des positions parfaitement contraires à celles de notre ville, capitale démocratique de l'Europe et ville des droits de l'Homme.
Le mouvement n'a pas tardé à réagir à la décision. "Les orientations politiques des membres de l’association ne plaisent guère à Roland Ries, maire de la ville de Strasbourg, écrivent ses membres sur leur page Facebook. Suffisant pour ordonner la fermeture d’un local associatif ?"Le loyer est payé, les statuts déposés en bonne et due forme. L’Arcadia n’est lié à aucun trouble à l’ordre public direct.
Le maire de Strasbourg, Roland Ries, avait affiché son hostilité dès l'arrivée du mouvement dans la capitale alsacienne. Le texte adopté lundi soir évoque, lui, "de nombreux désordres (...) créant une ambiance anxiogène dans le quartier concerné". Car plusieurs de ses membres "ont été condamnés depuis décembre à Strasbourg" ou "font l'objet de procédures judiciaires".
Le mouvement a également suscité une levée de boucliers de la part des associations de gauche et d'extrême gauche, et des collectifs de vigilance contre l'extrême droite. "C’est quand même inadmissible que des groupuscules d’extrême droite profitent de la misère sociale pour installer un bar identitaire à Strasbourg", nous confiait à l’époque une manifestante. 400 personnes défilaient à nouveau samedi 20 janvier dans les rues de Strasbourg. "Pas de quartier pour les fachos. Pas de fachos dans nos quartiers", scandaient les manifestants.
"Bastion social, c’est la même chose que le GUD. Ils essayent de sortir d’une logique de groupuscule pour se donner une image plus convenable. Mais sous couvert de récupérer la lutte contre la misère sociale et le mal-logement, les fascistes entendent surtout disposer d’un lieu pour la préparation d’agressions", nous expliquait Mickaël, membre de la Brigade antifasciste de Strasbourg, en décembre dernier.
"Les nôtres avant les autres"
Le Bastion social revendique être un "espace pour tous les défenseurs du peuple français et européen qui souhaitent agir pour le bien commun". Son credo : "les nôtres avant les autres." Car ce bar associatif distribue des repas aux personnes Sans domicile fixe, en appliquant la préférence nationale.Derrière le Bastion social
A l'origine de ce mouvement né à Lyon au printemps : Steven Bissuel, responsable local du Groupe union défense. Le GUD, un mouvement étudiant français d’extrême droite créé en 1968, a officiellement disparu au début des années 2000.En mai 2017, les membres du Bastion social avaient été expulsés d'un bâtiment désaffecté dans le centre de Lyon. Ces derniers avaient réquisitionné le lieu pour héberger des personnes Sans domicile fixe.
Le groupuscule d'extrême droite, déjà implanté à Lyon, ouvrira une nouvelle section le 10 février, à Aix-en-Provence.