Dimanche 2 mars, la scène de l'opéra du Rhin de Strasbourg a accueilli un concours de "cosplay", c'est-à-dire l'art de donner vie à des personnages de fiction en se costumant. L'événement, une première à Strasbourg, a réuni 23 participants, tous plus colorés les uns que les autres.
Créatures infernales, princesses et héros de jeux vidéo sont soudainement apparus sur le parvis de l'opéra de Strasbourg, en fin d'après-midi dimanche 25 mars. Parés de robes brodées, de lentilles colorées ou d'armures ouvragées, ces personnages sortaient d'un concours de "cosplay" organisé dans le cadre d'Arsmondo, festival interdisciplinaire dédié à la culture japonaise initié par l'opéra national du Rhin du 2 mars au 15 avril 2018.Qu'est-ce que le cosplay? La discipline - dont le nom est composé de "costume" et "play", c'est-à-dire "jouer" - consiste à se vêtir, se coiffer et arborer les accessoires d'un personnage de fiction, afin de l'incarner. C'est la première fois en France qu'un événement de ce genre se tient dans un opéra.
Ainsi, la princesse Raiponce, Arielle la petite sirène et le génie d'Aladdin ont défilé aux côtés de personnages de jeux vidéo - issus des classiques Final Fantasy ou World of Warcraft - ou de mangas, les fameuses bandes dessinées japonaises. Les 23 participants ont chacun joué une saynette devant les six membres du jury. "Les costumes ont demandé beaucoup de travail artistique, et aujourd'hui l'opéra s'ouvre à toutes les cultures," admet Alain Fontanel, président de la structure et premier adjoint au maire.
Quatre prix ont ainsi été distribués. Les concurrents ont été jugés dans quatre catégories, chacune récompensant un vainqueur : le maquillage et la coiffure, les accessoires, la prestation et la couture. Un dernier prix "coup de coeur du jury" a été remis à une Alsacienne de 20 ans, venue jouer la princesse Anastasia de Disney en compagnie de sa grand-mère.
Des centaines d'heures de travail
L'opéra a organisé l'événement en partenariat avec Kakemono, association strasbourgeoise célèbre pour ses manifestations Japan addict et ses salons dédiés à la culture manga. Pour le président, Fabrice Duni, l'événement inédit est une véritable "reconnaissance". Idem pour les participants, qui profitent de l'événement pour exhiber leurs oeuvres, le fruit d'un travail qui se chiffre en centaines d'heures.
"J'ai arrêté de compter à 250 heures, indique Marion, parée de son costume de lapin blanc d'Alice au pays des merveilles. 250 heures, c'est juste pour la réalisation pure. Après, il faut compter la recherche des matériaux mais aussi la conception. Il faut savoir dans quel ordre coudre les tissus... rendre le tout portable, ça s'est pas toujours facile!" signale cette Strasbourgeoise de 29 ans, gagnante, avec deux amies, du prix maquillage et coiffure.
Sculpture, coiffure, couture
Mallory a elle aussi remporté un prix : celui des meilleurs accessoires. Pour son costume de créature infernale - Deathwing de World of Warcraft pour les connaisseurs - cette coiffeuse dans le civil a principalement utilisé la sculpture plastique. "Il y en a pour pratiquement 450 heures de travail, entre le découpage, le moulage, le thermoformage, la peinture. J'ai utilisé des matériaux légers comme la mousse et le worbla, parce si c'est trop lourd ç'aurait été très difficile à porter," souligne-t-elle, exhibant son épaisse armure à pointes.
Tous ont trouvé du temps en dehors de leur travail pour confectionner leur costume du jour, rarement leur premier. Ces concours, comme les conventions ou shootings photo permettent de sortir leurs oeuvres du placard et de donner vie à leurs personnages préférés.