Des parents se mobilisent pour le maintien de la section internationale allemande à Strasbourg, de la maternelle à l'école primaire. Selon eux, ce dispositif de l'école publique fonctionne et a fait ses preuves. Une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 1700 signatures.
L'enseignement en classe internationale permet aux enfants germanophones d’avoir un enseignement en allemand, par des enseignants germanophones natifs (dont c'est la langue maternelle) et un enseignement en français, par des enseignants francophones natifs, de la maternelle à la terminale. Ces sections internationales de l'école publiques doivent être supprimées à la rentrée 2022, pour être remplacées par le cursus LFA (Lycée franco-allemand). La première rentrée LFA a eu lieu en septembre 2021. Malgré son nom, le parcours démarre au collège: deux classes de 6ème ont ouvert au collège Vauban, à Strasbourg.
Depuis qu'ils ont appris la suppression des SI (Sections internationales), plus de 1700 parents d'enfants bilingues, ont déjà signé la pétition mise en ligne par leur association Apelevis (association des parents d’élèves des établissements à vocation internationale de l’académie de Strasbourg)" pour s'opposer à la suppression des sections internationales français-allemand, à Strasbourg. Car le nouveau système proposé à la place par l'éducation nationale, leur semble incomplet et inadapté. Ils s'inquiètent d'un enseignement qui ne répondra plus aux besoins et à la réalité du terrain.
Sections internationales et classes bilingue, c'est différent
Céline Blanquez est parfaitement bilingue (français-allemand) et maman d'un enfant bilingue, en moyenne section allemande, à l'école maternelle Vauban. Pour elle le problème ne vient pas de la nouveauté du LFA : "Pour l'heure le système est en rodage et les premiers retours sont plutôt positifs." explique la jeune maman. "Pour nous le problème se situe avant : au niveau des écoles maternelles et primaires."
Jusqu'à présent on pouvait intégrer des sections internationales à la maternelle pour des enfants de parents allemands ou bilingues ou internationaux. La sélection se faisait sur le niveau de langue des enfants, désormais la domiciliation des parents est prise en compte.
"Avec le nouveau système, il ne reste plus rien en maternelle," s'inquiète Céline Blanquez, "sauf les sections bilingues, mais qui sont conçues pour les enfants francophones, alors que nos enfants parlent déjà couramment l'allemand." Un problème de niveau pourrait apparaître rapidement selon elle et les parents signataires.
Même soucis au primaire : "Dans les classes dite bilingues, l'enfant qui est réellement bilingue va s'ennuyer et les profs devront s'occuper des enfants francophones d'abord, pour ne pas les perdre au cours de l'apprentissage".
L'académie promet un enseignement ambitieux et exigeant
De son côté, le rectorat de Strasbourg, précise dans un communiqué de ce vendredi 4 février : "Ce modèle pédagogique ambitieux et exigeant propose un apprentissage de l’allemand et du français avec un enseignement de toutes les matières dans ces deux langues, à raison de 12 heures hebdomadaires chacune, dont 4 heures encadrées par deux professeurs en co-intervention." et garantit que "La qualité de l’apprentissage langagier dans ce cursus franco-allemand sera garantie par l’intervention de locuteurs natifs."
Les enfants déjà inscrits en section internationale primaire, pourront continuer jusqu'au moment où ils rejoindront le LFA, selon le communiqué qui précise que "Cette évolution est issue d’une large concertation engagée dès février 2021 avec les fédérations de parents d’élèves donnant lieu à des publications régulières, notamment sur le site de l’APELEVIS."
Au vu du nombre de signataires de la pétition, ils n'étaient apparemment pas tous informés et consultés. Une nouvelle réunion est prévue prochainement entre le rectorat et les parents d’élèves, afin d’expliquer les contours et les ambitions de ce nouveau cursus franco-allemand. L'occasion de revenir sur l'appréhension des parents qui craignent "une fuite massive des enfants germanophones vers le privé, l'école Européenne (près des institutions européennes) et Kehl" ce qui par ricochet, priverait leurs enfants, inscrits à l'école publique, d'un réel bain linguistique permanent, français et allemand.