Strasbourg: le directeur de la Maison des associations accusé d'agressions et harcèlements sexuels

Patrick Gerber, le directeur de la Maison des associations de Strasbourg, a été placé en garde à vue lundi 6 mai dans le cadre d'une enquête sur des faits de harcèlement et d'agressions sexuels envers trois de ses collaboratrices. Sa garde à vue a été levée dans la soirée. L'enquête se poursuit.

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Tout a commencé en juillet 2018. Une chargée de projet de la Maison des associations de Strasbourg (MDAS) révèle à ses collègues qu'elle est victime de harcèlement de la part de Patrick Gerber, 54 ans, le directeur de la structure. La parole se libère. Cette dernière n'aurait pas été la seule à avoir subi un comportement plus que déplacé, humiliant, à caractère sexuel de la part du directeur (lire les témoignages révélés par nos confrères de Rue89 Strasbourg). Une stagiaire ainsi qu'une autre salariée, ayant quitté la Maison depuis, corroborent ces accusations. 

Les faits dénoncés n'étaient pas qualifiables de harcèlement, mais constituaient des propos ponctuels inadaptés dans un cadre professionnel
- Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg et président de la Maison des association, après l'enquête interne qui avait abouti à un blâme


A l'issue de l'enquête interne, fin août 2018, Patrick Gerber n'écope finalement que d'un simple blâme: "les faits dénoncés n'étant pas qualifiables de harcèlement, mais constituant des propos ponctuels inadaptés dans un cadre professionnel". Joint par téléphone, Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg en charge de l'animation, et président de la Maison des associations s'explique, visiblement agacé. "En septembre 2018, je vous rappelle qu'aucune plainte n'avait été déposée. Nous n'avions pas non plus connaissance de tous les faits. Suite à l'enquête interne, nous avons pris la seule décision qui nous a été possible de prendre, nous administrateurs: le blâme. La plus forte sanction prévue par nos règlement intérieur avant le licenciement ".

Des ajustements internes sont faits comme l'obligation pour le directeur de laisser sa porte ouverte. "Nous avons aussi pris des mesures de fonctionnement au sein de la structure pour prévenir ce type de situation." De son côté, Patrick Gerber confie à nos confrères de Rue89 Strasbourg, à l'origine de la médiatisation de l'affaire, qu'il est "dévasté par ces accusations". Tout en ajoutant : "J'ai été blanchi". Circulez, y a rien à voir.
 

Dépôt de plainte et mise à pied conservatoire

Circulez y a rien à voir. Pas tout à fait. Les trois salariées ne comptent pas en rester là. Ebranlées par la procédure, elles saisissent l'inspection du travail et la médecine du travail. Sans résultat. Une des jeunes femmes toujours en poste est en souffrance. Les arrêts maladie s'enchaînent sans que la situation n'évolue. Jusqu'au jour où on lui propose une rupture conventionnelle. Dans les DNA, elle témoigne: "Une rupture conventionnelle avec clause de confidentialité. Je n'ai pas accepté de vendre mon silence. Nous voulions toutes que ça s'arrête." Les déclarations de Patrick Gerber qui estime avoir été "blanchi" par l'enquête interne, est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Fin mars 2019, elles déposent plainte pour harcèlement sexuel. Une d'entre elles entame en parallèle une procédure aux prud'hommes.

Les propos de Patrick Gerber nous semblent très déplacés. Visiblement, il n'a pas pris en considération ce qu'on lui a dit
- Mathieu Cahn

Pour le conseil d'administration de la MDAS, la donne change alors: "En avril 2019, nous dit Mathieu Cahn, il y a deux changements de taille. Et d'une, des plaintes sont déposées. Deuxio, les propos de Patrick Gerber nous semblent très déplacés. Visiblement, il n'a pas pris en considération ce qu'on lui a dit. Son comportement n'a pas changé." Résultat: le 1er avril, Patrick Gerber est relevé de ses fonctions. 
 

Enquête de police

C'est dans ce contexte qu'a été convoqué ce lundi 6 mai Patrick Gerber à l'hôtel de police. Confronté à deux des trois victimes, il a, selon Rue89 Strasbourg, nié avoir sexuellement harcelé les plaignantes. Simplement admis des "maladresses". Il a été placé en garde à vue en fin d'après-midi. Garde à vue levée dans la soirée. Ce mardi, Patrick Gerber devrait subir une expertise psychiatrique et être confronté à la troisième plaignante.

À l’issue de l’enquête de police, le procureur de la République doit décider s’il poursuit Patrick Gerber des chefs de harcèlements sexuels aggravés. Pour Mathieu Cahn, cette enquête "est une bonne chose. J'ai toujours poussé les salariées concernées à porter plainte afin d'éclaircir la situation. Nous n'avions pas nous les moyens d'aller plus loin. Je ne connais pas le contenu des plaintes, je n'en dirais donc pas plus. On va attendre les résultats de l'enquête. La seule chose que je peux dire sur Patrick Gerber c'est qu'en vingt-cinq ans de carrière professionnelle, personne ne nous a jamais signalé quoi que ce soit jusqu'à cette date de juillet. Les faits sont là." 
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