Pour redonner du souffle à l'art contemporain après le confinement, les galeries d'art strasbourgeoises ouvrent grand leurs portes ce week-end, jusqu'au ce dimanche 27 septembre à 21h. Et invitent à une déambulation inédite au coeur de la ville.
Les galeries d'art sont trop souvent des lieux méconnus du grand public. Or, Strasbourg en compte pas loin d'une vingtaine qui, ensemble, organisent tout ce week-end une grande opération portes ouvertes : Strasbourg galeries tour. Elles proposent aux visiteurs de parcourir le centre-ville, pour découvrir "la diversité et le dynamisme des galeries d'art", venir rencontrer et échanger avec les artistes, et profiter d'un moment automnal plein d'informations et de couleurs, après "un printemps silencieux et aveugle".
Dix-sept galeries participent à l'événement. Dix-sept lieux, dix-sept haltes possibles, dont les deux tiers dans le cœur insulaire de la ville.
1. L'Aeden Gallery , 1a rue des Aveugles, accueille l'exposition "Maison de force" d'un collectif d'artistes. Des œuvres diverses, photos, sculptures, collages, y parlent de pouvoir, d'asservissement et de résistance.
2. Exposition collective, également, à la galerie Art'course, 49a rue de la Course : "Stupeur d'Art" évoque la création artistique sur fond de crise du covid.
3. Rouge est la couleur unique déclinée à la galerie Chantal Bamberger, 16 rue du 22 novembre, par l'exposition collective "Septembre rouge".
4. La galerie Brûlée, 6 rue Brûlée, invite les visiteurs à un "Dialogue des oiseaux".
5. La galerie Delphine Courtay, 120 Grand rue, présente des estampes et des affiches de l'artiste Jacques Villeglé, sur le thème "Les murs ont la parole"
6. A la galerie Decorde, 5 rue de Molsheim, un duo d'architectes plasticiens présente son projet d'une oeuvre miroir monumentale pliée aux dimensions de la cathédrale
7. La galerie Curious eye, 1 rue de la chaîne, expose un large panel d'oeuvres d'une demi-douzaine d'artistes
8. La galerie Pascale Froessel, 14 rue des Dentelles, fait la part belle aux paysages en noir et blanc du photographe Patrick Bogner
9. C'est le peintre Patrick Pastardoz qui est présenté dans la galerie Bertrand Gillig, 11 rue Oberlin, avec une série de tableaux montrant des intérieurs de musées
10. La galerie Yves Iffrig, 6 rue des Charpentiers, laisse carte blanche à l'artiste François Morellet et ses oeuvres en noir et blanc basées sur des systèmes mathématiques
11. A la galerie La pierre large, 25 rue des Veaux, la photographe Nathalie Savey est mise à l'honneur, avec sa série photographique "Etre parmi", réalisée en 2016 à Séoul
12. La galerie l'Estampe, 31 quai des Bateliers, présente des oeuvres (peintures, collages, estampes) de l'artiste Erro
13. La Malagacha Gallery, 9 rue du Parchemin, orientée Street art, montre des oeuvres en nuances de noir, à côté de celles, hautes en couleur, de l'artiste Sven.
14. L'artiste suisse Carlo Borer est l'invité de la galerie Radial, 11b quai Turckheim, pour sa série de sculptures "Hurricanes", d'acier ou d'aluminium
15. Spécialisée dans l'art brut, la galerie JP Ritsch-Fisch, 6 rue des Charpentiers, propose un choix significatif de l'oeuvre magistrale de l'Italien Carlo Zinelli (1916-1974), diagnostiqué schizophrène paranoïde à 31 ans
16. La withoutart galerie, 8 rue Adèle Riton, présente les oeuvres d'une demi-douzaine d'artistes, dont une série de calligraphies
17. Et sous le titre interrogateur "Nature morte ?", la galerie Béatrice Wolff, 10 rue Touchemolin, montre les oeuvres de quatre artistes : peintures de paysages, détournement d'objets, sculptures...
Et cette offre, le public - de Strasbourg et d'ailleurs - y adhère avec bonheur depuis vendredi. Déambulant au gré de ses envies, à la découverte de lieux qu'il n'aurait peut-être jamais visités par ailleurs. "Cette initiative a permis aux gens qui n'ont pas l'habitude de fréquenter des galeries d'art de voir un peu ce qu'il s'y passe" se réjouit Chantal Bamberger, de la galerie éponyme. "Pousser la porte d'une galerie n'est jamais facile" renchérit la galériste Pascale Froessel. "Mais là, ça l'est devenu." Depuis vendredi, cette dernière a ainsi pu rencontrer "beaucoup de gens qui ne seraient jamais venus autrement." Et de constater, amusée, que la plupart de ses visiteurs jouent le jeu du circuit, de la promenade, et vont de galerie en galerie comme autant de haltes. Elle en est persuadée, "la plupart font la boucle", parce qu'ils arrivent, tenant en main le prospectus avec le plan. "C'est comme un cezam" , une tournée culturelle, soudain autorisée, sans contrainte. Un peu comme un salon d'art à l'échelle de la ville.
Pour les galéristes strasbourgeois, ces trois journées portes-ouvertes sont une première. "Une belle initiative que nous avons eue ensemble", précise Pascale Froessel. "Un événement", selon Chantal Bamberger. "Car toutes les galeries ont fait beaucoup d'effort pour accueillir le public, et le public a répondu." Curieux, surpris et très content. "Je savais qu'il y avait pas mal de galeries" raconte une étudiante. "Mais je ne pensais pas qu'il y en aurait dans ce genre d'immeubles." "C'est découvrir Strasbourg d'un point de vue artistique" ajoute un autre visiteur, qui vient de s'installer dans la capitale alsacienne. "Et on voit des choses complètement différentes. C'est la surprise qui est particulière."
Dans sa galerie Art'Course, près de la gare, Myrtille Bréal aussi n'a rencontré que des visiteurs enthousiasmés, dont certains venus de loin, parce qu'ils avaient eu l'information par les réseaux sociaux. Elle-même espère que cette première initiative sera suivie d'autres, et qu'elle pourra devenir, pourquoi pas, un rendez-vous régulier. Un peu comme les week-ends d' "ateliers ouverts", durant lesquels les lieux de création artistique s'ouvrent au public. Une offre complémentaire, "car nous, galeries, nous donnons à voir le travail des artistes toute l'année" rappelle Myrtille Béal.
En attendant une prochaine édition, il reste encore quelques heures pour profiter de l'événement ce dimanche 27 septembre. L'ensemble des dix-sept galeries strasbourgeoises restent ouvertes toute cette fin de journée, jusqu'à 21 heures.