Ce jeudi 9 juin 2022, presque tous les chauffeurs-livreurs du sous-traitant d'Amazon Fast Despatch Logistics ont décidé de faire grève devant les locaux strasbourgeois de leur entreprise. Ils protestent contre le non-versement de leurs salaires et réclament de meilleures conditions de travail.
Ils étaient une vingtaine à refuser de travailler au matin du 9 juin 2022. Les chauffeurs-livreurs de Fast Despatch Logisitics, un sous-traitant d'Amazon, ont voulu faire entendre leur voix devant le local de l'entreprise, au sud de Strasbourg, pour réclamer des meilleures conditions de travail.
"Je suis là depuis le premier jour. Et depuis le premier jour, c'est la merde", résume un des employés. Comme ses collègues, il veut monter au créneau et taper du point sur la table pour réclamer des conditions de travail décentes : "Depuis plusieurs mois, je dois déposer au moins 160 colis par jour, c'est de la folie! Résultat, on doit rouler à fond, nous mettre en danger et mettre en danger les gens", assène un employé.
Salaires versés en retard, camionnettes en mauvais état, congés forcés... la liste des dysfonctionnements est longue. Et elle ne concerne pas que le site alsacien. La veille, les salariés marseillais de Fast Despatch Logistics ont également fait grève (article payant) pour les mêmes raisons.
"L'autre jour, j'ai roulé sans frein, c'est pas normal ! Et j'ai dû attendre toute la journée pour avoir un véhicule de remplacement", témoigne un livreur. Un autre nous raconte l'épisode où il a relié Paris et Bruxelles dans une camionnette sans assurance et dans un très mauvais état : "Si ça passe au contrôle technique ? Jamais de la vie."
Un constat partagé par Julien (le prénom a été modifié), en charge de la flotte des camionnettes : "Il y a un manque de rigueur à ce sujet, c'est certain. Pour l'instant, il n'y a pas d'accident. Mais le jour où ça arrive..."
Les clés de boites aux lettres aux frais des livreurs
Ce qui insupporte les chauffeurs par dessus tout, c'est le fait qu'ils doivent avancer la plupart des frais professionnels : "Il n'y a que cinq téléphones pros pour 50 ! Du coup, on utilise nos propres téléphones, et certains sont volés. Et l'entreprise ne paie rien, martèle cet employé présent depuis un an. Ça va des chaussures de sécurité au moindre gilet jaune. Même les clés de boites aux lettres, c'est pour nous. Il y en a pour plus de 150 euros."
Un responsable présent sur place assure que les revendications des chauffeurs-livreurs ont été remontées au directeur régional : "Ils ont été entendus", assure-t-il. De leur côté, les employés n'excluent pas une deuxième journée de mobilisation, s'il ne sont toujours pas payés au matin du 10 juin.