Strasbourg : la guerre des cliniques est-elle finie entre l'Orangerie et Rhéna ?

Après des années de luttes, la guerre des cliniques strasbourgeoises semble terminée. Ou en tout cas, en voie d'apaisement. Le week-end du 28 septembre, le déménagement du Groupe d'explorations radiologiques et cardiovasculaires (GERC) paraît avoir mis un point final à cette guerre fratricide.

La guerre entre la clinique de l'Orangerie et sa jeune consoeur Rhéna aura duré des années. Ouverte en février 2017 dans le quartier du port du Rhin à Strasbourg, Rhéna s'est attiré les foudres de l'Orangerie quand elle a annoncé construire un bâtiment pour la cardiologie. Or la cardiologie c'était justement ce qui faisait la renommée de l'Orangerie. Ses cardiologues étaient regroupés dans le Groupe d'explorations radiologiques et cardiovasculaires (GERC), c'est à ce titre qu'ils avaient obtenu leur droit d'exercer, comme leurs collègues des hôpitaux universitaires.
 

Depuis des années, ils cherchaient à développer leur pôle, en personnels et en capacité d'accueil. C'est donc en toute liberté qu'ils ont décidé de quitter l'Allée de la Robertsau pour le quartier du port du Rhin. Et c'est donc presque naturellement que ce transfert est devenu l'axe central de la bataille.

Les débuts de Rhéna étaient pourtant prometteurs. La clinique a obtenu des fonds publics à hauteur de 20 millions d'euros, la municipalité s'est portée garante d'une partie de son emprunt, après lui avoir facilité son implantation au port du Rhin, en face de l'Allemagne. Cette union de trois anciennes cliniques confessionnelles strasbourgeoises semblait une belle idée, bref tout allait bien. Très vite pourtant, la clinique de l'Orangerie qui appartient au groupe Elsan depuis 2015 sort l'artillerie lourde, face à Rhéna. Le tribunal administratif annule des décisions de l'Agence régionale de santé (ARS), mais sans ordonner la cessation de l'activité de la clinique.

Buzyn en recours

La crise atteint son paroxysme en octobre 2018 lorsque le directeur de Rhéna en appelle à la ministre de la Santé. Selon lui, le directeur de l'ARS serait coupable d'insubordination. A Agnès Buzyn de régler le conflit une bonne fois pour toute. Ce serait la survie même de la clinique Rhéna qui serait en jeu. Sans les cardiologues, le manque à gagner serait trop important.

Agnès Buzyn refuse de s'impliquer, ses services expliquant que l'ARS est apte à régler le problème. Presque un an après, finalement, le GERC a intégré Rhéna le week-end des 28 et 29 septembre. Il est clair que personne ne connaîtra jamais les tenants et les aboutissants de l'affaire et ce qui a été négocié en contrepartie.
 

La fin d'un cycle, la fin de la guerre?

Aujourd'hui, les cardiologues ont investi leurs nouveaux locaux à Rhéna. Cela marque la fin d'un cycle mais l'Orangerie de son côté a obtenu l'autorisation de développer de nouvelles compétences. Elle devrait bientôt accueillir un service de cancéro-urologie, un PET scan (un système d'imagerie qui permet de mesurer l'activité métabolique d'un organe) et enfin un service en psychiatrie adulte. De quoi rapidement retrouver son dynamisme. Certes, on annonce 35% de chiffre d'affaires en moins. Mais cela n'a pas de quoi mettre en péril l'équilibre du groupe Elsan, propriétaire de plus de 120 cliniques en France et propriété d'un fonds de pension luxembourgeois.
 

Cette guerre a marqué les différents établissements hospitaliers strasbourgeois y compris ceux qui n'étaient pas directement partie prenante. Elle a également rappelé l'importance de l'argent dans le domaine de la santé comme dans les autres. Evidemment les tractations souterraines ne seront jamais connues. Il reste à espérer que les patients qui sont les premiers concernés voient finalement les bénéfices de ce chamboule-tout médical. Quel qu'en ait été le prix.
 
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