Une vague d’inquiétude s’est emparée des étudiants de la cité universitaire Paul Appell de Strasbourg. La deuxième phase de rénovation des bâtiments contraint plusieurs dizaines d’entre eux à quitter leur logement à partir de mars prochain, sans avoir, à ce jour, de solution de relogement.
L’information est arrivée aux étudiants en septembre 2021. Les bâtiments B et C de Paul Appell, plus grande cité universitaire de Strasbourg, fermeront leurs portes au printemps prochain pour travaux. Depuis, certains des occupants des 418 logements concernés ont du mal à trouver le sommeil.
"On a été contacté assez tardivement pour des propositions de relogement. Et à ce jour, on n'a aucune réponse", déplore Océane, en deuxième année de BTS communication.
Un flou qui concerne aussi Lucie (nom d’emprunt). "Nous sommes dans l'attente d'une réponse de la cité universitaire Paul Appell censée nous replacer dans d'autres chambres. Je commence doucement des recherches de secours car je commence à m'inquiéter".
En décembre dernier, les deux étudiantes, comme l’ensemble de ceux qui disposent de baux allant jusqu’à août 2022, se sont vus proposer plusieurs solutions de logement. Intégrer un bâtiment voisin, avec la possibilité de choisir des prestations supérieures, ou intégrer la cité de la Robertsau. Depuis, silence radio.
Cette dernière solution, Océane n’en veut pas. "Impossible", souffle-t-elle. "C’est trop loin. Comment fait-on quand on n’a pas de voiture ? Je n’ai que 100 euros de bourse par moi. Mon loyer est déjà de 175 euros. Je ne peux pas m’éloigner, payer les trajets. De plus il faudrait déplacer toute les affaires jusqu’à là-bas, seule. Je n’ai pas de famille ici pour m’aider".
"Une option basée sur le volontariat", rappelle la direction du Crous qui tente de parer au plus pressé, en reconnaissant des retards de calendrier et de communication.
Si la fermeture du bâtiment C est actée au 31 mars, la date de mise hors service du bâtiment B n’est pour l’heure pas connue. Elle pourrait l’être dès la fin de semaine, avance Jean Wisson, le directeur adjoint du Crous. En attendant, difficile de planifier les déménagements à venir. "Ça se joue à un mois prêt. On ne va pas bouger les gens pour des dates qui se décalent en sachant qu’ils pourraient finir leurs études là où ils sont", justifie ce dernier.
Ça m’inquiète beaucoup. C’est vraiment problématique
Mor, étudiant à la faculté de physique et de l’ingénierie.
Il n’empêche que du côté des jeunes concernés, les questions s’accumulent. "Je ne sais pas combien nous sommes, mais on remplit quand même un immeuble de huit étages, donc un assez grand nombre. Pourrons-nous tous être relogés à proximité ?" s’interroge Lucie. "Ça m’inquiète beaucoup. C’est vraiment problématique et pas confortable alors que les examens arrivent", avance Mor, à la faculté de physique et de l’ingénierie.
Sur les réseaux sociaux, le groupe dédié à la résidence universitaire Paul Appell voit régulièrement affluer des messages d’alarme d’étudiants soucieux. "Est-ce que vous avez eu des nouvelles concernant notre relogement ou une alternative à ce sujet ? J’ai envoyé plusieurs mails à l’administration mais je n’ai jamais eu de réponses" interpelle par exemple l’un d’eux. "Zéro nouvelle personnellement, j'attends aussi des réponses, j'ai pas envie de devoir déménager à la dernière seconde", répond un autre.
Des incertitudes qui devraient trouver des éclaircissements dans les jours à venir, promet la direction. "Actuellement, les étudiants du bâtiment C, dont on est sûrs qu’il ferme bientôt, sont en cours de transfert dans le bâtiment B. Le directeur a choisi de leur envoyer des mails étage par étage. Le premier a eu l’information en janvier. Mais il y a encore des niveaux qui n’ont pas eu l’information officielle", reconnaît-on, tout en précisant, "on ne veut mettre personne en difficulté".
Une communication plus globale devrait donc intervenir sous peu. De quoi, peut-être, faire taire les "bruits de couloirs" et les angoisses.
55 millions d’euros de travaux
Située sur le campus de l'Esplanade, la cité Paul Appell, a quatre ans pour faire peau neuve. D’importants travaux de réhabilitation et de modernisation y ont débuté en 2019. D’ici fin 2024, l’ensemble des six bâtiments du complexe devront avoir été rénovés. Isolation, toiture, sanitaire, des opérations nécessaires selon les occupants.
"C’est insalubre. Les nuits sont froides. C’est mal isolé. Dans le hall d’entrée un morceau de plafond s’est effondré. Les sanitaires souvent hors service. C’est 'à la guerre comme à la guerre' ici", résume Océane.
55 millions d’euros ont donc été déboursés, essentiellement par l’État, pour y améliorer le confort de vie.