Strasbourg : les commerçants du centre-ville dénoncent une insécurité croissante, "on n'est pas là pour faire la police"

Une réunion de crise s'est tenue ce matin entre les commerçants, la municipalité, la police nationale et municipale à Strasbourg. Objectif: répondre à la colère des commerçants du centre-ville. Ces derniers dénoncent des incivilités croissantes.

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"Aujourd'hui, nous sommes en insécurité, car nous n'exerçons plus notre métier qui est le commerce, nous sommes devenus des agents de sécurité. Nous avons besoin de forces de l'ordre au centre-ville. Il est grand temps d'intervenir, nous sommes quand même la capitale européenne." Cette pétition, lancée fin août par une commerçante souhaitant rester anonyme, a reçu 57 signatures. Objectif: interpeller les pouvoirs publics. Mission réussie. 

Vols, squats, ébriété, insalubrité… En plein cœur de Strasbourg, l'environnement ne serait pas vraiment favorable aux affaires, notamment rue des Grandes Arcades et rue du Noyer. "On a beaucoup de remontées sur des bandes organisées de trois ou quatre personnes qui viennent dévaliser certains magasins, explique Gwen Bauer, le président des Vitrines de Strasbourg. Dans les magasins alimentaires par exemple, elles arrivent, remplissent leurs cabas et repartent en toute impunité. Il faut inciter les commerçants à porter plainte systématiquement. Et à appeler le 17. On n'est pas là pour faire la police!"

Une réunion a eu lieu ce matin à 10h entre les commerçants, la police nationale et municipale et la municipalité. "C'est vrai que l'on n'a pas vu le malaise arriver, car il n'y a pas eu plus de plaintes que ça, affirme Nadia Zourgui, adjointe en charge de la tranquillité publique. Mais je l'entends. Ca ne date pas d'aujourd'hui. Ca date de 2015. Mais là c'est vrai qu'il y a un ras-le-bol qui se généralise. Et nous avons peu de moyens d'intervention. Il y a une réglementation que l'on doit évidemment respecter: on ne peut pas intervenir s'il n'y a pas d'incivilité, de dégradation ou de trouble à l'ordre public."

Nous allons mettre en place des patrouilles complémentaires entre la police nationale et la police municipale de 10h à 20h

Nadia Zourgui, adjointe en charge de la tranquillité publique

La municipalité estime qu'en cas de problème grave, les commerçants doivent immédiatement appeler la police. Depuis 2020, les patrouilles pédestres de proximité ont été remises en place au centre-ville. "Nous allons mettre en place des patrouilles complémentaires entre la police nationale et la police municipale de 10h à 20h, poursuit l'adjointe en charge de la tranquillité publique. Et il faut que les personnes concernées déposent plainte."

Du côté de la police municipale, on insiste sur le fait qu'il existe déjà deux unités spécialement dédiées à l'hypercentre. "Ce qu'on peut faire, estime Céline Partyka, chef de service au sein de la police municipale de Strasbourg, c'est renouer le contact avec les commerçants. Les rassurer. Discuter avec eux. Certes, nous avons été alertés sur des vols et des pillages, mais si on ne nous appelle pas, on ne peut pas le savoir. Ce n'est pas évident. Nous travaillons bien sûr également avec les services sociaux."

Pas de quoi rassurer complétement les commerçants pour l'instant. "Nous sommes fatigués, laisse tomber Leyla Dietrich, qui possède un magasin de chapeaux place de la cathédrale. Car on est obligés de surveiller le magasin en permanence, et on n'arrive pas à nous occuper correctement des clients. La technique est toujours la même: les gens font semblant d'être très intéressés. Ils essayent deux chapeaux en même temps et en les retirant ils en mettent un dans leur sac. Ces derniers mois, de nouvelles têtes sont apparues. On en a vraiment marre." 

Une hausse importante des vols depuis la rentrée

Même son de cloche chez Michaël Demuynck, responsable du magasin le Comptoir de Mathilde: "Une chose est sûre, il y a eu une hausse importante des vols depuis la rentrée rue des Grandes Arcades. Nous, ça va, car nous avons des caméras de surveillance. Nous avons signé la pétition par solidarité. Mais de toute façon, ce problème touche tout le monde, à des degrés divers."

Pas de chiffres disponibles pour corroborer ce ressenti. Comme l'ont expliqué la municipalité et la police ce matin aux commerçants, pas d'enquête sans plainte, pas de trace de délit sans appel au 17. Il va donc falloir désormais suivre la procédure. 

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