Ce dimanche 3 octobre verra Strasbourg se parer de rose pour la 12e année consécutive : des milliers de femmes, et leur entourage, marcheront et courront pour la lutte contre le cancer du sein. Rencontre avec Muriel Schneider, qui sera cette année leur porte-voix, la marraine de l'événement.
Son histoire sera cette année celle de toutes les femmes qui luttent contre le cancer du sein : porteuse d'espoir, de sourire et d'énergie. Muriel Schneider ne manque d'aucun des trois. A 49 ans, cette préparatrice en pharmacie, qui vit à Schirrhoffen (Bas-Rhin) avec son mari, se relève de son deuxième cancer et vient de boucler le semi-marathon de Berlin. Parce que la course à pied a toujours été l'un de ses moteurs, même au plus fort de la maladie, elle a accepté de mener ce dimanche 3 octobre l'immense vague rose qui illuminera Strasbourg.
Muriel est la marraine de la Strasbourgeoise 2021, cette course, et marche, qui permet de récolter des dons en faveur de la recherche et de l'accompagnement des malades. Elle sera sur la ligne de départ avec une grande envie de partager. Rencontre.
Muriel, quel est votre lien avec la Strasbourgeoise ?
"J'y ai participé pour la première fois en 2013. J'étais déjà très sensibilisée au cancer du sein, car ma maman en est décédée à l'âge de 47 ans. J'étais donc suivie, mais lorsque j'ai participé à la course, en 2013 donc, je me suis fait la réflexion que cela faisait un moment que je n'avais pas fait de mammographie. J'avais une ordonnance depuis quelques mois, mais je n'avais pas pris le temps de la faire. J'y suis enfin allée juste après, la fleur au fusil parce que je me sentais en pleine forme. Et le diagnotic est tombé : j'avais un cancer du sein. Heureusement, j'ai pu être opérée et soignée. Le dépistage est donc mon premier message de marraine: il ne faut pas attendre, la prévention est très importante."
Quel est votre parcours dans la maladie ?
"J'ai donc eu mon premier cancer en 2013, les années ont passé et j'avais fini par presque oublier la maladie, les contrôles s'étaient espacés. J'étais au sommet de ma forme, je courais bien, je battais tous mes records... C'est aussi l'année où j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Tout allait bien! En décembre, j'avais un tout dernier contrôle, à J + 5 ans de la maladie... Et là tout s'écroule : mes analyses sont mauvaises, je fais mammographie et scanner en urgence, et on m'annonce pendant les fêtes de Noël que j'ai un cancer, avec des métastases sur plusieurs organes. Pour moi, c'était incroyable, inimaginable. Un énorme choc.
C'était comme si j'étais dans un film, dans le couloir de la mort. Je faisais partie des condamnés et je devais attendre mon heure. Mais la porte n'était pas tout à fait fermée finalement, alors j'ai mis toutes les chances de mon côté pour m'en sortir. Il faut toujours croire en soi.
J'ai très vite commencé la radiothérapie, au cerveau, des traitements à base de médicaments très ciblés, hormonothérapie... Les métastases ont disparu dans mon corps, mais il a fallu que je me fasse opérer du cerveau au printemps 2020. En salle de réveil, j'ai eu mon mari au téléphone et je lui ai dit : l'année prochaine, on va faire le marathon de Berlin." (NDLR : Muriel et son mari ont en effet participé au marathon de Berlin le 26 septembre, elle s'était fixée de boucler l'équivalent du semi-marathon... et elle y est parvenue : 21 km au bout de l'effort, un an et demi après son opération du cerveau)
Que représente le sport dans votre vie ?
"Je suis une passionnée de course à pied depuis ma jeunesse. Je ne suis pas une championne, mais j'aime bouger pour rencontrer du monde. C'est le moment où je vois mes amies. Le sport, c'est le partage, c'est convivial.
Pendant toute la durée de mon traitement, j'ai toujours bougé. J'ai décliné physiquement, j'ai été fatiguée, mais je ne me suis jamais arrêtée. J'en avais besoin, de voir mes amies, de partager, d'oublier la maladie... J'ai même continué à participer à des courses, c'est un tel plaisir, même en étant dans les dernières. J'ai l'impression d'appartenir au monde des vivants. Le sport, c'est éviter d'être isolé. Mes amies venaient me chercher quand je n'avais plus le droit de conduire. C'est très important d'être ainsi entourée, ne surtout pas être dans l'isolement."
Quelle marraine voulez-vous être ?
"La Strasbourgeoise représente l'espoir. Quand on m'a annoncé en 2018 que j'avais récidivé et que cette fois le cancer était généralisé, je me voyais dans une situation très très critique. C'était comme si j'étais dans un film, dans le couloir de la mort. Je faisais partie des condamnés et je devais attendre mon heure. Mais la porte n'était pas tout à fait fermée finalement, alors j'ai mis toutes les chances de mon côté pour m'en sortir.
On est un peu notre propre docteur, en tout cas acteur de la guérison. Le cancer est multifactoriel, mais la rémission aussi. Bien sûr, il y a les traitements, mais il y a plein de choses qu'on peut faire. Le sport en fait partie. Pour ma part, je crois aussi beaucoup aux soins complémentaires : j'ai fait de l'acuponcture pour retrouver un certain équilibre, j'ai utilisé les huiles essentielles... Mon kiné m'a été d'une grande aide pour entretenir ma mobilité, la souplesse de mon corps.
Je veux aussi être dans le partage avec toutes ces femmes que je vais rencontrer lors de la Strasbourgeoise. Véhiculer la solidarité entre femmes. Ça a déjà commencé avec les précédentes marraines, que j'apprends à connaître. Elles sont toutes formidables, avec des histoires et des parcours incroyables. Elles véhiculent beaucoup d'espoir et j'espère porter ce même message : tout est possible, quel que soit le stade de la maladie, ce qu'on nous annonce, il faut croire en soi. Garder courage et ne pas se laisser abattre. On se découvre très fortes dans la maladie, on peut toujours faire face."
Y PARTICIPER
La Strasbourgeoise aura lieu du 1e au 3 octobre 2021, avec l'ouverture du village des partenaires le vendredi 1e octobre à 11h (avec retrait des dossards)
Les épreuves sportives (inscription obligatoire ici, avec pass sanitaire) :
- journée de marche nordique samedi 2 octobre à 11h, départ du parc du Heyritz
- traversée de Strasbourg en canoë, sur 5 ou 11 km, le samedi 2 octobre à 7h30 ou 8h30
- course réservée aux femmes (5 km), dimanche 3 octobre à partir de 9h
- marche ouverte à tous, dimanche 3 octobre à partir de 10h