Strasbourg : Marmelade, l'épicerie locale alsacienne, ferme ses portes et dépose le bilan

Après quatre ans d'existence et une boutique place de la Cathédrale à Strasbourg, point d'orgue d'un projet ambitieux, peut-être trop d'ailleurs, la boutique locale Marmelade sera placée en liquidation judiciaire ce lundi 21 mars. La fin d'une jolie histoire.

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Marmelade était, à l’origine, un projet de fin d’études. Celui de Quentin Seyeux, tout juste sorti de Néoma, l’école de commerce de Rouen. Ce Franc-comtois, originaire de Saint-Point-Lac, avait jeté son dévolu sur la capitale alsacienne en 2018 pour "la taille humaine de cette ville, son côté international, la qualité des filières locales" et dernier point, et pas des moindres : "l'absence à l’époque, de livraison à vélo".

Il n'en fallait pas plus pour que ce jeune ambitieux, au sens noble du terme, fonde son entreprise, Marmelade, avec une idée prémonitoire ou presque : proposer des produits locaux, de qualité, en ligne et en assurer la livraison à vélo.

Quentin commence avec un petit vélo de bois et un local de 8m² au Port du Rhin. Trois ans plus tard, le local est passé à 300 m², le vélo remplacé par un  vélo-cargo et une camionnette. En avril 2021, c'est une équipe de 7 personnes qui assurent près de 1500 livraisons par mois. 

Liquidation judiciaire

En septembre de la même année, Quentin, "pour une meilleure visibilité" ouvre une boutique place de Cathédrale, regroupant les produits d'une centaine de fournisseurs. Le début de la fin.

"Devant la forte croissance que nous avions, je me suis dit qu'il nous fallait viser plus grand, avoir une entreprise stable et pérenne, se faire connaître davantage." Les choses se gâtent rapidement. "Quand l'effet Covid est passé, les gens se sont sentis moins concernés par le consommer local, ils ont repris je pense leurs mauvaises habitudes d'autant que les supermarchés avaient développé les achats en ligne et Deliveroo proposé la livraison de courses à domicile." 

A partir de ce moment là, et la nouvelle boutique n'y changera rien, Marmelade perd des clients. La moitié. "600 clients par mois, ce n'était plus rentable, nous avons été incapables de payer les factures. La boutique, ça n'a pas marché il faut l'admettre, les Strasbourgeois ne venaient pas. C'était peut-être un emplacement premium mais il n'était pas adapté."  Quentin décide alors de déposer le bilan et d'entamer une procédure de liquidation judiciaire.

Aucun regret

"Le plus difficile c'est de prendre la décision, après on s'y fait. C'était une grosse pression de voir tout s'effondrer sans pouvoir y faire grand-chose. De ne pas pouvoir payer les fournisseurs, le loyer et tout le reste ." Quentin, par cette procédure, espère l'effacement de ses dettes et le rachat par un repreneur du fond de commerce. Peut-être aussi le maintien d'un des quatre salariés que comptait Marmelade en février. 

C'était une grosse pression de voir tout s'effondrer sans pouvoir y faire grand-chose

Quentin Seyeux

"Ensuite, je réglerai mes fournisseurs avec ce que le repreneur nous aura payé, on verra c'est le jeu. Moi, je suis endetté jusqu'au cou, ça fait quatre ans que je ne me suis pas versé de salaire. Maintenant je vais chercher un boulot, dans le e-commerce ou les projets innovants. J'en ai besoin." 

Quentin ne se fait pas de souci pour cela. Il n'a que trente ans. "Tout le monde s'est planté, pas seulement nous, c'est une époque difficile. Cinq de mes fournisseurs ont mis la clé sous la porte, alors non je n'ai pas de regret, j'ai tout donné et puis ça a été une belle expérience."

Durant ces quatre ans, Quentin a beaucoup appris. "Je suis devenu fin psychologue à force de gérer les tempéraments des fournisseurs, de gérer les salariés, les clients. J'ai également appris à lâcher prise, à ne pas vouloir tout contrôler comme on nous l'a appris à l'école à force de courbes, de stats. J'ai aussi rencontré plein de monde, ça m'aidera pour la suite."  Une suite loin de l'auto-entreprenariat "plus jamais seul." Quentin est aussi devenu philosophe.

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